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Journée de la renaissance scientifique de l’Afrique: Les OGM divisent
Publié le samedi 2 juillet 2016  |  Enquête Plus




Le Sénégal a célébré hier la journée de la renaissance scientifique de l’Afrique (JRSA). Cette année, les échanges ont tourné autour des organismes génétiquement modifiés (OGM) au Sénégal.

Les organismes génétiquement modifiés (OGM) ne font pas toujours l’unanimité dans le monde en général et au Sénégal en particulier. Les biotechnologies ou technologies du gène suscitent toujours beaucoup d’espoir et de controverses. Elles veulent révolutionner l’agriculture avec plus de rendement. « Les OGM constituent une préoccupation pour les scientifiques et les consommateurs. Malgré les efforts d’amélioration des recherches, ils font l’objet de controverses les plus violentes », a déclaré la vice-présidente de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS), Yaye Kène Gassama, qui animait la conférence inaugurale de la JRSA qui s’est tenue au siège du Conseil économique, social et environnemental. Elle souligne que les consommateurs se posent plusieurs questions sans réponses scientifiques vraies.

Malgré tout, le professeur de biotechnologie à l’Université de Dakar estime que, s’il y a autant de passions dans les débats, c’est parce que la technologie est très utile, même si elle n’est pas dénuée d’inconvénients. Sur le plan sanitaire, l’objet de plusieurs inquiétudes, elle soutient qu’il n’y a pas de gros risques. Des études menées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Académie nationale des sciences (NAS) aux Etats-Unis, l’Académie de médecine et de pharmacie en France, entre autres, n’ont pas décelé des problèmes liés directement à la consommation d’aliments contenant des OGM chez les humains et les animaux, selon Mme Gassama. Elle soutient que ces études, qui concernent une période de 20 ans de consommation, ont prouvé que les OGM sur le marché sont sans danger sanitaire.

La voix discordante de Momar Ndao, président de l’Ascosen

Mais, contrairement à l’enseignante chercheuse au laboratoire de biotechnologie de l’Ucad, le président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), Momar Ndao, pense qu’il y a un vrai risque sanitaire avec les OGM. Présent à la rencontre, il estime que, non seulement il y a des problèmes, mais le Sénégal n’a pas les moyens pour faire le contrôle nécessaire. « Pour faire une plante génétiquement modifiée, on utilise parfois des marqueurs qui sont des antibiotiques. Ces derniers, une fois dans la plante, risquent de s’accumuler et de créer des antibiotiques résistants et ça aussi, c’est démontré », explique-t-il. Selon lui, depuis 2009, le Sénégal a mis en place un cadre juridique légal, ce qui fait qu’il y a une autorité, mais rien n’est fait sur le plan concret. Sur le plan technique, on s’est doté des moyens parcellaires, parce qu’il y a un laboratoire qui a un problème de maintenance, d’approvisionnement etc. « Aujourd’hui, on n’est pas en mesure de vous dire quel est le produit qui entre au Sénégal et qui contient un organisme génétiquement modifié et à quel taux », précise-t-il.

Non rassuré par le discours de la conférencière, il souligne que sur le plan sanitaire, il y a des principes actifs des pesticides qui sont générés par les plantes génétiquement modifiées. « Ces principes actifs sont nocifs pour l’homme. Dans tous les pays du monde, on a essayé de les limiter. Donc, nous pensons qu’il n’est pas normal que l’on puisse dire : si vous avez des pesticides dans votre organisme, il n’y a pas de danger », regrette M. Ndao. Totalement opposé aux OGM, il ajoute : « A un moment donné, un certain nombre de pays européens avaient accepté une variété de maïs transgénique. Aujourd’hui, ils ont refusé. Le Burkina Faso est en train de perdre beaucoup d’argent, parce qu’ils ont choisi le coton transgénique et ce coton-là est de la moindre qualité, contrairement à ce qui leur a été annoncé. Cela veut dire qu’il n’y a aucune certitude de l’innocuité des OGM », a conclu le président de l’Ascosen, en demandant à l’Etat de prendre ses responsabilités, afin de vérifier tout ce qui entre au Sénégal sur le plan des OGM.
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