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Ramadan dans le Baol : Diourbel émet sur la fréquence Foulkou
Publié le samedi 11 juin 2016  |  Le Quotidien
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© Autre presse
Le Coran: Livre saint de l`Islam




Le mois de Ramadan rime avec dévotion, récitals du saint Coran et abstinence. Diourbel se particularise par la lecture du Foulkou. Un cérémonial, qui a lieu tous les jours, le temps que dure le carême et qui fait converger plusieurs personnes à Keur Goumack pour assister à la lecture du Foulkou sous la présidence de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké qui perpétue ainsi un legs de son papa Serigne Bassirou Mbacké. Qu’est-ce-que le Foulkou ? Le Quotidien a assisté hier au Foulkou à Keur Goumack.

Le Ramadan rythme avec le Foulkou à Touba. Cheikh Ahmadou Bamba fait partie de ces soufis qui ont puisé dans le patrimoine axiologique et expérientielle du mysticisme musulman pour faire face à l’oppression coloniale. C’est cette philosophie et praxis, fortement empreints de la sagesse soufie, qui a guidé ses relations l’administration coloniale française au Sénégal. Le séjour du Cheikh à Diourbel, et spécialement la période entre 1913 et 1927, offre un exemple unique pour comprendre le rôle joué par les valeurs et éthiques du mysticisme musulman dans son œuvre d’enracinement de l’Islam dans le Baol. Le déménagement de Cheikh Ahmadou Bamba vers la ville coloniale de Diourbel en 1912 marque une étape importante dans les relations entre la Mouridiyya et l’Administration coloniale. Pour la première fois depuis 1895 le chef des mourides était autorisé à revenir définitivement au Baol. Il était toujours assigné à résidence, mais sa présence dans son pays natal était moralement très encourageante pour les Cheikh et les disciples mourides. Ahmadou Bamba comprit aussi que son installation à Diourbel inaugurait une nouvelle ère dans ses relations avec les Français. Il demanda et obtint l’autorisation de construire une maison. La plupart de ses fils et de ses filles allaient naître durant son séjour à Diourbel. Pour lui, la ville faisait cependant partie de la dâr al-harb (ou dâr al-kufr), la terre des infidèles, et il aurait préféré retourner dans son cher village de Touba. Son installation dans le Baol oriental était en outre un bon début pour l’ancrage futur de la confrérie mouride dans sa région natale. Les mourides crurent d’abord que la détention de Bamba à Diourbel faisait partie d’un plan destiné à saper les fondements de leur confrérie. Pour les disciples, Diourbel était le cœur de la dâr al-kufr. La ville abritait le siège du nouveau district du Baol et se trouvait sur la terre des Sérères qui continuaient à résister à l’islamisation. Pour Cheikh Ahmadou Bamba, Diourbel était un parfait exemple de dâr al-kufr. Elle était l’opposé de la cité musulmane idéale qu’il avait décrite dans son livre Matlab ul Fawzayni et qu’il voulait construire à l’emplacement de son village de Touba. Cheikh Ahmadou Bamba donna à sa nouvelle concession le nom d’albuqahat al mubarakati (emplacement béni) ou Al-Mubaraka. Le choix du mot buqahat – à la place de dâr (maison) ou madîna (ville), qu’il avait utilisés pour nommer certains villages dans d’autres contextes – est très significatif. Le fait de rebaptiser le quartier était un premier pas : il s’agissait d’investir la terre d’une signification qui la libèrerait du pouvoir français sur le plan idéologique et culturel. Mubarakati (béni) renforçait cette idée d’appropriation de la terre par les mourides, et exprimait leur volonté de se débarrasser de l’influence néfaste des Français et d’associer l’endroit à la dâr al-islam. Buqahat ajoutait un sens d’insularité et de précarité. Ahmadou Bamba se voyait comme un intrus dans la dâr al kufr. Mouhamadou Lamine Diop, son disciple et biographe, explique que la seule différence entre la vie privée de Bamba à Diourbel et sa vie dans un pays musulman était que la charia n’était pas appliquée à cause du contexte politique. Al-Mubaraka devint rapidement le second lieu saint des mourides après Touba. Le transfert d’Ahmadou Bamba à Diourbel en 1912 plaça la Mouridiyya devant une nouvelle sorte de défi. C’est dans ce lieu haut combien spirituel que le Foulkou est récité tous les jours du mois de Ramadan. Serigne Moustapha Dieng explique : «Le Foulkou est un livre qui réunit plusieurs xassaides du Cheikh. Pour un lettré en arabe, écouter le Foulkou est un grand plaisir parce qu’il vous permet de vous plonger dans les écrits du cheikh et du prophétie. Ce sont des poèmes qui leur sont dédiées. C’est merveilleux d’écouter le Foulkou. » Institué par Serigne Bassirou Mbacké en 1946, le récital du Foulkou est une des particularités de Diourbel durant le mois de Ramadan. Et pour cause, tous les jours à partir de 17h, les différentes stations radios de la place émettent sur la fréquence du Foulkou qui est récité en présence des dignes héritiers de Serigne Bassirou Mbacké. Le Foulkou est couru par tous les Diourbellois qui aiment écouter les belles envolées de Mountakha Guèye. Revenant sur les origines du Foulkou, Serigne Mountakha Bassirou Mbacké confie : «Le Foulkou, c’est seulement son fondateur et créateur qui peut en dire les origines et la fin. Serigne Mouhamadoou Lamine Diop Dagana qui était un disciple du Cheikh et un ami intime de Serigne Bassirou Mbacké recitait le foulkou. Après son rappel à Dieu, c’est son fils tafsir Diop qui avait pris le relais.» La particularité du Ramadan à Diourbel, c’est que la famille de Serigne Bassirou Mbacké le passe dans la capitale du Baol mais aussi veille sur le récital du Foulkou. Serigne Moustapha Dieng renseigne : «le Foulkou est très intéressant dans la mesure où ce sont des livres qui sont récités et chaque jour, c’est une partie qui est lue et cela se passe ainsi jusqu’au 29ème jour du mois de ramadan. Le Foulkou est lu par Abdoulaye Diakhoumpa et Khadim Gadiaga alors que l’autre partie, c’est-à-dire le khourania et Moukhayate est lu par Mountakha Guèye.» Et Serigne Abdou Ndiaye d’ajouter : «En effet, Serigne Bassirou (1895 - 1966) et Cheikh Mouhamadou Lamine Diop Dagana initièrent tous les deux le récital du 'Fulkoul-Mash'hun' (un célèbre recueil de xassidas de Serigne Touba) durant chaque mois de Ramadan. Cheikh Mouhammadoul Amîn récitait alors le 'Foulkou' devant Serigne Bassirou Mbacké, et bon nombre de taillés mourides. Comme ce dernier, 'ad-dagani' (pour rappeler ses origines de Dagana) faisait partie des biographes de Cheikh Ahmadou Bamba. Ces ouvrages les plus connu son 'Irwa'u-N-Nadim' (L'abreuvement du commensal) et 'Al Minahul Miskiyyah'. Savant émérite, Serigne Mouhammadoul Amîn fût, comme Cheikh Mussa Kâ, au foyer appelé Daaray Kamil. Avec ses paires, il sont chargés de lire et de transcrire le Coran en plusieurs exemplaires. Dans son ouvrage 'Irwa'u-N-Nadim', il y présente un poème qu'il a écrit en faveur des scribes qui constituent ce foyer. En 1927, lorsque le Cheikh fût rappelé à DIEU, Cheikh Mouhammadou Lamine, avec Muhammad Ibn Ar-Rahman Al-Tandughi furent désignés pour préparer les funérailles.» A Keur Goumack, cet après-midi du jeudi, jeunes, vieux, enfants tous convergent vers l’emplacement du récital du Foulkou, un bâtiment qui est érigé dans la grande concession de Serigne Bassirou Mbacké. Abdoulaye Diop un octogénaire avance : «Assister à la prière du Foulkou tous les jours du mois de Ramadan vous procurent longévité. Le Foulkou, c’est une spécificité de Diourbel. » Cette spécificité a été élargie à dakar, kaolack, Mbacké, Pout, Porokane par Serigne Moustapha Bassirou Mbacké qui en avait donné Ndiguel. Revenant sur al définition du Foulkou, Mountakha Guèye un des principaux "réciteurs" confie : «Le Foulkou, c’est un nom arabe qui veut dire accueil voire cargo. Le Foulkou Mashoune est un cargo rempli de bienfaits. Serigne Abdoul Ahad avait même demandé à Serigne Moustapha Bassirou d’y ajouter une autre partie c’est à dire le courani. » A Keur Goumack où le Foulkou est lu tous les jours, c’est une discipline militaire qui est de rigueur. Rien ne bouge et cela de 17H à 19H. Les personnes, qui viennent prendre part au Foulkou, coupent le jeun dans cet endroit grâce à une organisation parfaite qui offre à manger et à boire aux fidèles. Un dahira s’occupe de tous les aspects. Les sponsors rivalisent d’ardeur pour payer des temps d’antenne au niveau des radios de la place, de certaines télévisions et même de certains sites internet parce que l’élément est diffusé en direct et en boucle sur ces supports.
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