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Défense minorités: Quand les ONG sénégalaises refusent de ‘‘se coucher’’
Publié le jeudi 9 juin 2016  |  Enquête Plus
Seydi
© Autre presse par DR
Seydi Gassama, secrétaire exécutif de Amnesty International - Sénégal




La dépendance aux financements extérieurs pose en filigrane la question du conditionnement idéologique.

Parmi les ONG de plaidoyer, un groupe non négligeable n’a pas seulement pour but la défense de l'intérêt public, mais aussi d’ambitions idéologiques. La globalisation des activités suppose une tendance à l’uniformisation du contenu idéologique. Par exemple, si le champ d’intervention d’une ONG de plaidoyer comme Human Rights Watch couvre des problématiques dont le règlement est vital (liberté d’expression, torture, environnement, terrorisme...), la reconnaissance de l’homosexualité, dont elle se bat pour la légalisation, fâche littéralement l’opinion qu’elle est censée représenter. Le président de sa filiale sénégalaise, Seydi Gassama, a déclaré qu’ ‘‘Amnesty International Sénégal ne fait pas la promotion de l’homosexualité’’, après le tollé soulevé par la libération d’homosexuels présumés en février dernier à Kaolack. Cette question, dont l’acceptation est le cheval de bataille des grandes ONG du Nord, passe mal chez leur alter ego sénégalais.

Pour la Raddho qui est la seule organisation à vocation continentale des droits de l’homme non créée par l’Occident, la position est claire : ‘‘Notre société n’est pas prête à accepter un certain nombre de libertés. Nous nous sommes gardés de lancer le combat pour une légalisation de l’homosexualité. L’homosexualité a pris des formes inquiétantes dans le cadre de la mondialisation. Je crois que toutes les organisations de défenses de droit de l’homme au Sénégal sont sur la même longueur d’ondes. Nous refusons toute forme occidentale de nous l’imposer’’, déclare son secrétaire général Aboubacry Mbodj. Invoquant la Charte africaine des droits de l’homme, qui précise que l’exercice des libertés individuelles doit se faire dans le cadre de la morale collective, Mbodj estime que cette question n’est pas une priorité. ‘‘Il y a d’autres choses plus importantes qui collent avec nos réalités socio-religieuses’’, poursuit-il.

A la Ligue sénégalaise des droits de l’homme aussi, cette position est partagée avec le même argument de la Charte africaine. Pour cette ONG, les prises de positions ne sont pas conditionnées par les financements de bailleurs étrangers. ‘‘Nous déclinons notre philosophie au partenaire. On peut certes trouver des consensus. On ne peut pas nous imposer de prendre un financement qui ne cadre pas avec nos valeurs, notre conception, notre mission’’, déclare Me Assane Dioma Ndiaye. Ce dernier a même reçu le titre de personnalité de l’année 2015 de la part de l’ONG musulmane Jamra pour avoir décliné un programme de plaidoyer favorable à la légalisation de l’homosexualité de l’Ambassade d’un pays occidental. ‘‘Nos partenaires nous comprennent. Même à la Fidh, cette position est respectée. L’Afrique a tenu à se particulariser bien que nous soyons des universalistes en la matière’’, défend la robe noire.
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