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Oumar Youm, ministre, directeur de cabinet du président de la République: ‘’Karim Wade est un Sénégalais, il peut bénéficier d’une grâce’’
Publié le mardi 7 juin 2016  |  Enquête Plus
Oumar
© aDakar.com par DF
Oumar Youm, ministre des collectivités locales et de la décentralisation, porte parole du gouvernement




​Agitée par le chef de l’Etat, la libération de Karim Wade est de plus en plus probable. Le ministre-directeur de cabinet du président de la République, El Hadji Oumar Youm, souligne que le fils de l’ex-président peut bien bénéficier d’une grâce présidentielle. Dans cet entretien, le maire de Thiadiaye apporte également la réplique à Idrissa Seck, avant de se prononcer sur d’autres sujets tels que le non reversement d’impôts par l’Assemblée nationale ou encore la crise scolaire.

Après l’ouverture du dialogue national initié par le président de la République, le leader de Rewmi, Idrissa Seck, a dénoncé un deal entre Macky Sall et Abdoulaye Wade. Que répondez-vous ?

Je pense que la réponse a été donnée par les acteurs politiques, les membres de la société civile et les autorités religieuses et coutumières qui ont répondu à l’appel du président de la République. Les motifs de cette invitation autour d’un dialogue national sont assez explicites. C’est autour de la mise en œuvre des réformes institutionnelles que le peuple sénégalais a adopté, le 20 mars 2016. C’est aussi autour des questions d’intérêt national, éventuellement, que les différents acteurs ont discuté.

Je pense que c’est la meilleure réponse à des personnes qui s’inscrivent maintenant dans une logique de calomnie, de médisance, d’injures ou d’invectives. Nous avons une grande responsabilité devant nous : c’est de gérer ce pays dans la cohésion nationale. Mais aussi, dans le respect de nos engagements pour la satisfaction des aspirations de la population. Je pense que c’est ce que le président est en train de faire, en mettant en place une politique économique cohérente saluée par la communauté internationale.

Mais lui dit que le Sénégal est en train de sombré économiquement ; que les Sénégalais tirent le diable par la queue ?

Le chef de l’Etat essaye de redresser le Sénégal, de mettre son économie parmi les plus solides. Et ça, c’est un jugement du Front monétaire internationale (Fmi) et d’autres structures de notation qui considèrent effectivement que l’économie du Sénégal se redresse et fait partie des trois meilleures en Afrique, en termes de performance. Nous avons mis en place un Programme d’urgence de développement communautaire que les populations du monde rural, à l’unanimité, saluent.

Le Pudc est en train de faire des réalisations importantes en matière de pistes et de forages pour l’allégement des conditions de vie des populations du monde rural. Il vise aussi la promotion des microprojets et l’encadrement de l’économie pour soutenir les activités des femmes dans le milieu rural. Nous avons aussi mis en place un mécanisme permettant, au niveau de l’agriculture, d’enregistrer des performances remarquables en termes de productivité. Je pense que c’est là où se situent les réponses. Nous ne sommes pas là pour suivre ceux qui, depuis très longtemps, inscrivent leur action autour du complot, de la traitrise, et du gaspillage des biens des Sénégalais.

Le président de la République a récemment annoncé la libération prochaine de Karim Wade condamné à six ans de prison dans le cadre de la traque des biens mal acquis. Cette décision ne favorise-t-elle pas l’impunité tant décriée sous Abdoulaye Wade ?

Il y a une confusion qu’on essaie d’installer dans l’esprit de l’opinion. Nous avons été les premiers à dire que nous sommes contre l’impunité. Nous avons inscrit l’action de notre politique autour de la bonne gouvernance et du respect du bien public. Je pense qu’en la matière, le président de la République a montré sa vision d’imprimer une démarche qui est largement partagée par les acteurs de ce régime. Nous pensons qu’effectivement il y a un temps pour faire la justice.

Ce temps a été totalement enregistré sur le dossier de Karim Wade, parce que les institutions judiciaires ont fonctionné, ont administré une décision de justice qui est revêtue du saut de l’irrévocabilité. Maintenant, il appartient au chef de l’Etat, dans ses pouvoirs constitutionnels, de pouvoir gracier. Gracier ne va pas dire s’immiscer dans le fonctionnement de la justice. Sinon le pouvoir de grâce ne serait jamais concédé par la Constitution. Gracier ne veut pas dire effacer la faute pénale : c’est exercer un pouvoir que la Constitution donne. C’est un pouvoir politique fondé sur le pouvoir discrétionnaire du président de la République de pouvoir accorder sa grâce, s’il décide de le faire.

Donc, selon vous, Karim Wade peut bel et bien bénéficier d’une grâce présidentielle ?

Je pense que personne ne devrait trouver à redire, parce que simplement ce n’est pas la première fois qu’un chef d’Etat exerce ce pouvoir envers des citoyens qui doivent en bénéficier. Or, Karim Wade reste un citoyen sénégalais. Si effectivement, il souhaite pouvoir bénéficier de la grâce, je pense que ce serait tout à fait logique, peut-être possible, que le chef de l’Etat puisse lui accorder cela. Donc, il ne faut pas faire la confusion entre les décisions de justice exercées et administrées par l’appareil judiciaire et le pouvoir politique de grâce du chef de l’Etat qui est un pouvoir constitutionnellement consacré. Faire justement le lien entre les deux, c’est inscrire son jugement dans la confusion. Ce qui est le cas. A priori, il n’y a aucune possibilité de faire une confusion là-dessus. Le Président a fait part d’une possibilité. Et, une possibilité reste une éventualité. Donc, ce n’est même pas encore dans le temps de la réalité. Je pense que c’est aller trop vite en besogne que de commencer déjà, sur la base de cette possibilité, à émettre des jugements de valeur.

L’actualité reste également dominée par cette histoire de non reversement des impôts des députés par l’Assemblée nationale. Ousmane Sonko, qui a soulevé l’affaire, demande même la démission de Moustapha Niasse. Quel est votre avis sur la question ?

Dans ce dossier, ce qu’il faut regretter, c’est la violation du secret professionnel. Un fonctionnaire, ce n’est pas n’importe qui. Quelqu’un qui appartient à la plus haute administration du Sénégal doit faire preuve d’une certaine retenue. Les inspecteurs des impôts et domaines doivent prêter serment et respecter le secret professionnel. D’ailleurs, en dehors des hommes de tenue, ils sont presque les seuls à prêter serment devant une juridiction pour respecter le secret professionnel. Donc, je m’étonne que quelqu’un, quels que soient ses ambitions ou son appartenance politique, étale sur la place public ce secret professionnel, en violation de ses obligations.

Il faut quand même regretter cela. Je pense aussi qu’il y a beaucoup de variations dans ses déclarations. Au départ, il disait que les députés ne payent pas d’impôts. Quand on a démontré que les députés payaient l’impôt, mais qu’il y avait un problème de reversement dans le temps, il est revenu pour parler de détournement de deniers publics ; ce qui n’est pas le cas. Il y a beaucoup de sociétés au Sénégal, et c’est vérifiable, qui sont en retard sur les versements des impôts, après les retenus, ou qui sont en retard sur les versements de cotisations au niveau de l’Ipres.

Trouvez-vous cela normal ?

Mais cela reste des dettes qui doivent être payées. Ce sont des dettes sociales ou fiscales. Néanmoins, l’administration des impôts a la possibilité d’exercer ses privilèges de droits communs afin de recouvrer ses créances fiscales. Donc, ce n’est pas la peine, de rester dans cette dynamique d’invectives qui ne rajoute à rien du tout, sinon essayer de mettre en mal les institutions. Nous avons tous une obligation, en tant que citoyen, de respecter nos institutions, de les renforcer et de les consolider. Parce que, personne ne trouvera un bénéfice quelconque dans l’affaissement ou l’affaiblissement de nos institutions.

Vous vous êtes récemment offusqué de la publication du rapport de l’Ofnac qui épingle la gestion de certains responsables du régime? Peut-on savoir pourquoi ?

Un rapport, que ce soit de l’Ofnac, de l’Ige, de la Cour des Comptes ou d’institutions qui font les rapports d’audit ou de vérification, vaut à titre de renseignements qui peuvent révéler des faits. Mais, qu’il faut recouper. Maintenant, si effectivement ces faits sont susceptibles de recevoir une qualification pénale, qu’on puisse effectivement les amener au niveau de l’autorité compétente pour pouvoir administrer la justice. J’estime que nous sommes dans une gouvernance qui lutte contre la mal gouvernance. Si les faits sont avérés, compte tenu du fait que nous sommes des militants de la lutte contre l’impunité, il est évident que ce qui doit être fait sera fait dans les règles de l’art.

Mais, évitons de faire des jugements. Arrêtons d’anticiper sur les décisions de justice. Jusqu’à preuve du contraire, ces personnes qui sont ciblées dans le rapport, bénéficient de la présomption d’innocence. La justice a eu à relaxer des personnes qui ont été indexées par l’Ige. Donc, n’allons pas trop vite en besogne. Considérons simplement qu’il y a un rapport qui a été produit, mais qui a une présomption de vérité pour les faits allégués. Maintenant, laissons la justice faire des recoupements pour voir jusqu’à quel niveau les responsabilités pourront être situées.

Après avoir envoyé des réquisitions aux enseignants grévistes, l’Etat procède à des ponctions sur les salaires. Pensez-vous que cette stratégie puisse participer à régler la crise scolaire?

Quand il y a des grèves qui ne se justifient pas, c’est normal que l’Etat puisse prendre ses responsabilités et procéder à des retenus sur les salaires. Pas de travail, pas de salaire. C’est une disposition formelle. Je pense que l’Etat a fait preuve de responsabilité. Néanmoins, comme l’a fait d’ailleurs le Président, je lance un appel aux enseignants. Je leur demande de revenir à la raison. Le gouvernement est un gouvernement responsable qui veut tenir ses engagements, mais dans la mesure de nos possibilités budgétaires. Nous avons signé des accords que nous sommes en train de mettre en œuvre. On ne peut pas les mettre en œuvre tout de suite et maintenant. On est obligé de le faire de manière progressive et graduelle, en tenant compte des autres urgences que nous avons au niveau des hôpitaux, du monde rural, etc.

Je pense que dans une République, il faut un esprit de sacrifice. Il faut qu’on comprenne que l’école du Sénégal, c’est l’école de la République. C’est notre école et nous n’avons pas le droit de ne pas nous donner à fond. Or, cet esprit républicain et patriotique, et cet engagement désintéressé, c’est ce qui manque au secteur de l’éducation.
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