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Makhtar Ndiaye sur le Palais des Sports de Diamniadio : «J’aurais préféré 10 salles de 1 500 places»
Publié le samedi 4 juin 2016  |  Le Quotidien
Afrobasket
© Autre presse par DR
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Ancien international de basket, installé aux Etats-Unis et premier Sénégalais à jouer en Nba, Makhtar Ndiaye a un statut qui force le respect. Du coup, quand celui qui gère les intérêts de Gorgui Sy Dieng crache ses vérités, forcément ça fait «dunk» sur le panier. Entretien.

Comment se passe votre fonction d’Agent de joueur ?
C’est un milieu très compétitif, un milieu à challenge. Je crois que c’est la raison pour laquelle, je m’y attache assidument. J’es­saye de faire mon travail du mieux possible.

Vous gérez combien de bas­ket­teurs sénégalais actuellement ?
Ils sont nombreux : y a Gorgui Sy Dieng, Youssou Ndoye, Georges Niang, Thierno Niang, le jeune Abdoulaye Ndoye. Ce sont de jeunes que je gère tant bien que mal et j’espère en rajouter d’autres. Il y a aussi des binationaux. D’ailleurs, je suis en train de voir avec Abdoul Mbaye. On a eu des pourparlers par le passé. Je ne sais pas ce qui va se passer avec Axel Toupane. Je suis très proche de son père Aimé Toupane et je suis en train de voir s’il y a une possibilité. Agent de joueur, ce n’est pas un rôle qui me déplaît. Mais c’est un rôle à responsabilité et j’essaye de maintenir le cap.

Et aujourd’hui comment se passe la collaboration avec Gorgui Sy Dieng ?
Avec Gorgui (Sy Dieng), ça se passe bien. On est en train de grandir ensemble. C’est une bonne chose. Gorgui, c’est un bosseur, un gars charmant. Après, il faut aussi que je me mette à son niveau quand il s’agit de bosser. Je continuerai à faire mon boulot le plus sereinement possible et lui pareillement.

Vous êtes le premier Sénégalais à jouer en Nba. Aujourd’hui, beaucoup de joueurs sénégalais ont pu suivre vos pas à l’image de Gorgui Dieng. Justement, comment voyez-vous l’avenir des Sénégalais en Nba ?
Tu sais ça me fait bizarre quand j’entends que je suis le premier Sénégalais qui a joué en Nba. Pour dire vrai, quand je suis parti d’ici, mon rêve n’était pas de jouer en Nba. C’était de jouer en France parce qu’à l’époque, on avait le championnat français tous les samedis. J’ai grandi en voyant les Apollo Faye jouer à Limoges, Mathieu Faye à Gravelines, Bengaly Kaba à Pau Orthez, Jean Claude Sylva à Reims, Alex Sylva à Caen. Ce sont des mecs qui m’ont donné envie de jouer dans l’Hexagone, de jouer dans ce championnat. Par la force des choses, je suis arrivé en France où je ne suis pas resté longtemps. Quand j’ai su que le basket me sourier, j’ai fait de la Nba mon objectif. Ce n’était plus un rêve, mais un objectif. Alors maintenant si j’ai ouvert la porte à des milliers de jeunes qui aspirent à y aller un jour, je dis tant mieux. Et je ne peux qu’en être fier.

Est-ce que vous êtes reconnu en tant que tel dans le milieu du basket ?
Tu sais la reconnaissance en Afrique, elle est un peu paradoxale. Parce que les gens te reconnaissent quand tu meurs. Et c’est un peu dommage. Si c’est le cas, je préfère ne jamais être reconnu. Après, c’est toujours bon de savoir que dans ton pays tu es aimé, tu es respecté et que les gens apprécient le travail que tu as fourni. Après, il y aura toujours quelqu’un qui dira : il n’a rien fait. C’est cela la beauté de la chose. Parce qu’autant il y aura un qui te soutiendra, autant ils seront dix à ne pas te soutenir. Du moment que ma famille est fière de ce que j’ai fait, mes proches aussi, le reste m’importe peu.

Et l’avenir des Sénégalais en Nba ?
L’avenir des Sénégalais en Nba commence ici au Sénégal. On a eu des joueurs exceptionnels par le passé. Par exemple, Etienne Preira, aurait dû jouer en Nba. Il aurait pu être le premier Séné­galais en Nba s’il n’avait pas eu un accident. Parce qu’il avait tout pour réussir. Maintenant, il y a eu Desagana Diop qui y est resté dix ans. C’est surtout ça l’objectif. Ce n’est plus d’aller en Nba juste pour y aller comme moi j’ai fait. Parce que j’y suis allé et je ne suis pas resté longtemps. Même si ce n’était pas de ma faute. Car j’ai été échangé dans un club qui n’avait pas besoin de moi. Mais un Desa­gana Diop doit être reconnu pour ce qu’il a fait. Après Gorgui (Sy Dieng), il est en train de faire son chemin. Boniface (Ndong) aussi y est passé de même que Pape Sow… Ce sont des choses que les Sénégalais oublient parce qu’il est inconcevable qu’on ne voit pas leur photo dans les bureaux de la fédération. Je n’y vois pas la photo de Boniface ni celle de Desagana et ça c’est inconcevable. Je ne peux pas être mon propre avocat, mais ça ce sont des choses qui font mal parce que ces gens ont malgré tout représenté le Sénégal. Il y a des efforts à faire sur ce plan-là car les jeunes ont beaucoup à apprendre des Mamadou Ndiaye, Desagana Diop, Pape Sow, Boniface et consorts…

Comme le fait aujourd’hui Gorgui Sy Dieng…
En effet, et j’en suis très heureux parce que Gorgui est quelqu’un à qui on a rien donné. Il a fallu qu’il bosse pour en arriver là. Il ne peut être qu’une inspiration pour ces jeunes d’aujourd’hui.

On peut donc s’attendre à ce que le nombre de Séné­galais augmente en Nba…
Le nombre augmentera Incha­llah, mais il faut qu’on travaille beaucoup au niveau national. D’ailleurs, et vous allez me dire que je suis un peu dur, on nous a promis une salle de 15 000 places (Palais des Sports de Diamiadio). C’est une bonne chose. Je crois que ça sera une superbe salle et ce sera bon pour le basket. Mais au lieu d’une salle de 15 000 places, j’aurais préféré qu’on ait dix salles de 1 500 places partout dans le pays et qu’on réfectionne le stadium Marius Ndiaye. Quand je vois certaines équipes jouer un match important des Play-offs, sur des terrains à l’aire libre, ça me fait un peu mal au cœur. Et pourtant, ce sont ces joueurs qui sont censés représenter le pays. C’est un peu dur pour le joueur de progresser s’il n’a pas au moins les salles adéquates pour pouvoir s’entraîner et participer au jeu convenablement.

Mais on a toujours de­mandé d’avoir une bonne salle aux normes internationales…
Oui ! Mais le problème est un peu complexe. Qu’est-ce qu’on fera avec cette salle après une Coupe d’Afrique ? Après ce sera une salle de spectacle, on va y faire des chants religieux, organiser des Oscars de Vacances, etc. Et cette salle elle va servir à quoi ? Parce que je vois mal les dix ou douze équipes de Dakar s’entraîner là-bas tous les jours. Ce que je dis m’engage. Et je le répète, j’aurais préféré avoir 10 salles de 1 500 places éparpillées dans le pays où chaque équipe pourrait s’entraîner convenablement.

C’est une erreur de casting en quelque sorte…
Je ne dirais pas ça. Je crois juste que c’est un peu dommage. Je me souviens on avait raté le coche avec le stade de l’Amitié (aujourd’hui stade Senghor) et on avait choisi le foot. C’est vrai qu’après le Grand Théâtre, c’est une autre opportunité d’avoir notre salle de basket. Mais est-ce que l’on aura le basket nécessaire pour remplir cette salle ? C’est la grosse question…

Quelles sont les chances du Sénégal au tournoi préolympique ?
Tout peut arriver parce que quand je regarde les équipes qui y sont, à part la Turquie qui sera pratiquement au complet, toutes les autres équipes, la France par exemple, ont enregistré beaucoup de forfaits. Le Canada a aussi enregistré des forfaits. Et après voilà, le Sénégal comme je dis, on a une équipe jeune. Il faut qu’elle grandisse et c’est par ce tournoi qu’elle grandira.

Un tournoi où la participation de Gorgui Dieng est incertaine…
Tout le monde sait l’amour que Gorgui porte pour le maillot du Sénégal. Nul n’en doute que si les conditions sont réunies, qu’il retrouve sa santé à 100%, je le vois mal dire non. C’est un gamin qui depuis 6 ans est sur la brèche. Il a accumulé de petites blessures cette année. Main­tenant, il faut prendre tout cela en compte. Parce que si c’est pour aller y faire de la figuration, ça ne sert pas à grand-chose. On continue de discuter avec le président de la Fédération, avec le Team des Timberwolves et on prendra la meilleure décision possible pour lui et sa carrière.

Concernant l’Equipe natio­nale, quelle est votre appréciation sur le nouveau coach ?
Le nouveau coach pour dire vrai, je ne le connais pas. Je sais qu’il coache en Espagne. Je me renseigne un peu sur lui à travers Boniface. Sinon, je ne connais pas la personne. J’espère juste qu’on a fait le bon choix et je lui souhaite bonne chance.

Vous êtes pour un coach local ou étranger ?
Je suis pour un coach point barre. Etranger ou local, je suis pour un coach qui fait son travail. C’est tout !

Est-ce que le basket sénégalais a besoin d’un coach local ou étranger aujourd’hui ?
Cela dépend de ce que l’on espère du basket, de la composition de l’équipe. A partir de là, le profil du coach est facile à déterminer. Maintenant, des fois on est là, on critique, on ne cherche pas de solution.

Un mot sur les Lionnes du basket qui seront aux Jo…
Les Lionnes sont dans une poule hyper difficile. Mais je pense que ce sera une belle occasion d’apprendre. Elles sont dans une phase de reconstruction par rapport à l’équipe qui a joué l’Afrobasket. C’est une très bonne opportunité. Après, elles iront au Brésil pour défendre leurs chances. Espérons juste que le résultat soit positif pour le basket sénégalais.

Peut-on avoir votre position sur le débat sur l’Afri­can Basketball League (Abl) ?
C’est un faux débat, complètement un faux débat parce que je crois que l’Abl est un bien pour le basket parce qu’on en a tellement perdu de joueurs qui sont partis dans les Universités américaines, qui sont revenus et qui n’ont pas de boulot. Ils sont obligés de galérer, de marier des Américaines ou des Françaises pour pouvoir survivre. Et je crois que c’est une grosse erreur de cadenasser cette League. Je connais les gens qui sont dans cette League. A leur place, j’aurais peut-être demandé à la Nba de me sponsoriser, d’être une expansion de la Nba, une League de développement pour le joueur Nba.
Cela aurait été plus intéressant de présenter cela de cette manière.

Malheureusement l’équipe et les coaches qui ont pris part à cette compétition ont été sanctionnés…
Comme je dis, je ne suis ni membre de la Fédé ni dirigeant. Je suis juste un agent et c’est le supporter du basket qui parle. S’ils ont jugé nécessaire de sanctionner certaines personnes, je ne pense pas qu’il y ait un argument valable juridiquement pour dé­fendre cette sanction. Certes les Fédérations sont autonomes, mais les sanctions sont très lourdes. Si les gars de Dakar Rapids avaient leur propre salle et ne dépendaient pas de la salle Marius Ndiaye, il n’y aurait jamais eu de suspension. C’est dommage et avec ça on en revient encore au problème de salle au Sénégal.
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