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Momar Seyni Ndiaye fait le point sur la cérémonie de lancement du dialogue national: "Macky Sall a créé un déclic ... dans la décrispation de l’espace politique et social"
Publié le mercredi 1 juin 2016  |  Sud Quotidien
Macky
© aDakar.com par DF
Macky Sall donne le coup d`envoi du dialogue national
Dakar, le 28 mai 2016 - Le président de la République Macky Sall a donné le coup d`envoi du dialogue national. Il a lieu au palais de la République.




Le journaliste formateur, Momar Seyni Ndiaye, est formel. Si au plan symbolique, le président de la République a créé une décrispation du climat politique avec la cérémonie de lancement du dialogue national, il n’en demeure pas moins que le fond de cette rencontre pose problème. Interpellé hier, lundi 30 mai, sur les principaux enseignements à tirer de cette première rencontre entre Macky Sall et les forces vives de la nation, Momar Seyni Ndiaye a déploré la prédominance des flagorneries de la part d’alliés du président. Toutefois, le journaliste formateur reste persuadé que ceux qui ont boycotté la rencontre n’ont pas eu raison.

Quel enseignement tirez-vous de la cérémonie de lancement du dialogue national?

Au départ, j’avais émis beaucoup de scepticisme quant à l’efficacité de ce débat. Mon doute s’était fondé, effectivement, sur la forme, le format qui est très difficile et les conclusions qu’il fallait en tirer en fin de compte. Voilà où se situaient précisément mes craintes. Toutefois, je dois dire que, sur la forme, mes craintes n’ont pas été levées parce que, effectivement, il est difficile de tirer quelque chose après neuf heures de débats avec 56 orateurs. Cela me parait difficile d’organiser un débat dans ces conditions tout simplement parce que l’effet de longueur crée une certaine lassitude. Et quand il y a une lassitude, il n’y a plus d’efficacité. L’autre remarque que je devrais faire aussi porte sur le fond de cette rencontre. A part quelques propositions qui ont été faites, je dirais qu’on a plus assisté à de la flagornerie, des louanges, des félicitations, des encouragements de la part d’alliés du président de la République et des communicateurs traditionnels. Je crois que ces genres de propos n’avaient pas leur place dans un dialogue national.

Maintenant si on va en profondeur dans l’analyse de ce dialogue, il faut dire qu’au plan symbolique, le président de la République a créé quand même quelque chose, il a créé un déclic, une sorte de décrispation avec cette cérémonie de lancement du dialogue. Pour moi, l’image la plus symbolique de cette rencontre est celle montrant le président de la République sourire en discutant, en taquinant, en chahutant avec Oumar Sarr, secrétaire général national adjoint du Parti démocratique sénégalais (Pds). Rien que cette image valait la tenue de ce dialogue national. On sent qu’il y a la décrispation entre la majorité présidentielle et l’opposition incarnée par le Pds. C’est un signe de la pacification de l’espace politique et social.

On ne peut toutefois pas se contenter simplement de cela, il faut que le dialogue aille plus loin et qu’il ne se réduise comme cela a été le cas pendant plusieurs heures à ce que moi j’appelle des monologues parallèles plutôt qu’un dialogue croisé. On a eu droit à des monologues parallèles, des gens qui parlaient, qui expliquaient des choses, qui vantaient les mérites du régime. On a eu rarement un dialogue croisé sauf avec trois intervenants : Cheikh Bamba Dieye, du Fsd-Bj, Mamadou Ndoye, de la Ligue démocratique (Ld) et, dans une certaine mesure, Cheikh Tidiane Gadio du MPC-Luy Jot Jotna. À mon avis, ces trois personnalités ont non seulement interpellé directement le président mais ont engagé véritablement un dialogue avec lui. Sinon le reste du temps, c’était vraiment des monologues parallèles alors qu’on s’attendait à un véritable dialogue croisé qui devrait aboutir sur des recommandations.

Comment appréciez-vous la divergence de vue entre le président et certains de ses invités sur des questions concernant notamment sa double posture de chef d’État et chef d’un parti politique et la neutralité du ministre de l’intérieur ?

Je pense que la position du chef de l’État sur la première question n’est pas nouvelle. Le président Macky Sall a toujours dit qu’il ne croyait pas à la séparation entre les fonctions politiques au sein de son parti et celles administratives à la tête du pays. Pour lui, on peut très bien cumuler les fonctions de chef d’État et de chef de parti politique. Donc, il n’a fait que réitérer cette position. Cela est aussi valable pour ce qui concerne le contentieux électoral ou l’organisation générale des élections parce que ce n’est pas seulement la personnalité du ministre de l’Intérieur qui est en cause. La, aussi il n’y a pas de nouveauté et on peut dire que cette rencontre n’a fait que renforcer les divergences qui étaient constatées à ce niveau-là.
C’est pourquoi j’ai dit qu’il n’y a pas encore de dialogue croisé mais plutôt des monologues parallèles. Car, à la suite des interventions, le président a seulement répondu à quelques questions qui lui paraissaient les plus importantes alors qu’il y a plusieurs questions très précises sur lesquelles il n’a pas eu le temps et même la possibilité de répondre tout simplement parce qu’il y’a eu beaucoup d’intervenants.
Il n’y a donc pas encore de dialogue. Le dialogue se fera certainement plus tard quand on aura mis en place des commissions, des ateliers comme l’a annoncé le secrétaire général du Parti socialiste, Ousmane Tanor Dieng avec des documents qui fixent des objectifs sur un certain nombre de points.

-Comment appréciez-vous la posture de ceux qui ont décidé de boycotter cette rencontre ?

A l’arrivée, je pense que ceux qui ont boycotté n’ont pas eu raison. L’histoire ne leur a pas donné raison. Je le dis très clairement. Moi-même, j’ai été très sceptique sur l’organisation de cette cérémonie. Mais, à l’arrivée, je pense que le déplacement en valait le coup même si la formule me parait contestable. C’est mon point de vue, cette rencontre était nécessaire, la forme est contestable et cela ne peut-être qu’une étape. Voilà les trois choses principales que j’en tire. Je pense qu’on doit maintenant poursuivre l’expérience dans un cadre qui permette une véritable interactivité et à l’issue duquel il y aura des recommandations avec un plan de mise en œuvre. Pour conclure, je dirais que cette rencontre est quelque chose qu’il fallait faire même si dans la forme, on a constaté beaucoup de disfonctionnements.

Peut-on dire que le président Macky Sall a réussi son test ?

Je ne peux faire cette affirmation. Je pense seulement qu’à l’arrivée, ce dialogue était nécessaire pour la simple raison que cette journée n’était pas perdue pour ceux qui ont fait le déplacement. Pour moi, elle nous a permis de tirer les enseignements sur les besoins que le Sénégal éprouve à pacifier l’espace politique et social. Je pense que de ce point de vue-là, cela ne peut être la victoire du président, c’est la victoire du Sénégal, c’est la victoire de tous les acteurs notamment ceux qui ont accepté de répondre à l’appel du président de la République parce qu’une occasion comme celle-là, on n’en a pas tous les jours.

En ce qui me concerne, je salue la décision du chef de l’État d’instaurer le 28 mai comme journée nationale du dialogue. La seconde mesure qui me parait également très importante, c’est le lancement du programme Puma annoncé par le président de la République qui va désenclaver les zones frontalières dont les populations sont dans la plupart des cas obligées de s’adresser à des pays frontaliers pour régler leurs problème sociaux de base comme l’eau, la santé et même scolaire. Je pense que si le président réussit véritablement ce programme de désenclavement de ces zones, il va mettre fin au problème majeur de désert administratif au niveau de ces zones.
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