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Art et Culture

Angelique Kidjo (auteure-compositrice béninoise): ‘’Arrêtons de rendre les autres responsables de notre avenir…’’
Publié le mercredi 1 juin 2016  |  Enquête Plus




Elle a toujours voulu se servir de sa voix pour combattre l’injustice et les inégalités. Angélique Kidjo, l’une des musiciennes africaines les plus célèbres dans le monde, a reçu samedi à Dakar le prix ‘’Ambassadeur de la conscience’’. Ce prix, la lauréate de plusieurs Grammy Awards le partage avec trois mouvements de jeunes militants africains dont Y’en a marre. Après un face-à-face avec la presse, ‘’La voix de l’Afrique’’ s’est entretenue avec EnQuête.



Que représente pour vous cette énième distinction ?

Les distinctions sont pour moi des responsabilités. C’est difficile après de pouvoir continuer sa vie comme tout un chacun. Et donc cela rend conscient de toutes les responsabilités que l’on a par rapport aux autres. Mais aussi ça rend humble. Et il faut être humble dans la vie car elle est une école assez difficile. Et l’humilité vous amène aussi à voir les choses différemment et quand on est trop dans sa bulle et qu’on a la grosse tête, on ne comprend rien de ce qui se passe. Et moi j’ai été très proche des gens et très tôt, j’ai appris par ma famille à remercier pour ce qu’on me donne et à donner quand je peux, sans attendre de remerciements. Recevoir ce prix d’ambassadeur de conscience a quelque chose d’intimidant pour moi. Ce prix va me pousser à continuer, à parler davantage des questions qui concernent les droits humains à notre époque.

Après des années de combat pour des causes comme la liberté d’expression en Afrique, l’éducation des filles etc, y a-t-il selon vous des progrès dans ce sens ?

Les progrès sont lents. Mais il y a certains pays qui s’en sortent bien quand même. C’est l’exemple du mien. Le Bénin a eu son indépendance en 1960. Et depuis, le peuple béninois est très vigilant par rapport à certaines choses. Il faut lire les éditoriaux de mon pays pour savoir qu’il y a une réelle liberté d’expression même s’il nous a fallu 20 ans de dictature communiste pour l’avoir. On est passé de la dictature à la démocratie sans une seule goutte de sang. Si on est capable de le faire, c’est que tout le monde en est capable.

Quel doit être le rôle de l’artiste dans le combat pour le respect des droits humains ?

Il faut en parler. Sans les droits humains, il n’y a pas de vie. Et rien ne peut se faire sans la liberté de choix. Il faut que l’on reconnaisse que notre histoire est orale. Et pour moi, la musique doit continuer à raconter une histoire. L’histoire de l’Afrique que je connais qui n’est pas l’Afrique des clichés de guerre, de misère, de problèmes sans arrêt. Mais je suis contre le jugement des gens. Il faut toujours se poser la question de savoir pourquoi la personne a fait ce choix-là.

Etes-vous d’avis comme certains que les Africains ne peuvent s’approprier leur histoire à cause de l’influence occidentale ?

La forte influence existera toujours. Mais est-ce qu’on vit par rapport à elle ? Il ne tient qu’à nous d’arrêter cette pression occidentale. Il est temps que l’on pense à nous. Ce n’est pas l’Occident qui définit qui nous sommes. Il faut avoir une certaine vérité par rapport à soi-même. Qu’on arrête de dire que l’Occident nous empêche d’évoluer. Peut-être que nos dirigeants sont dans le même lit que les intérêts occidentaux mais quel est le bénéfice pour nous ? Moi, on me dit pourquoi tu ne retournes pas en Afrique.

Je réponds à ceux qui me posent ces genres de question que la lutte que je mène pour mon continent, c’est ici qu’on peut la faire le mieux et changer les mentalités. Il faut que l’Occident commence à nous prendre pour des êtres humains doués de raison et d’actions. Arrêtons de rendre les autres responsables de notre avenir. Prenons notre avenir en main et la musique peut le faire. Il faut que l’on raconte notre histoire. Si nous ne nous levons pas pour nous battre pour notre propre culture, notre propre futur, personne ne le fera. Cela fait 50 ans que personne ne l’a fait.

Le bénin a un nouveau Président. Qu’attendez-vous de la gouvernance Talon ?

J’attends d’abord de voir Talon à l’œuvre, pour ensuite pouvoir le juger. Les élections viennent d’avoir lieu et donc avant de dire un mot, laissons le temps au nouveau Président de travailler et l’on verra ce qui va se passer après….
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