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Condamné à la prison à perpétuité: Hissein Habré perd sa liberté mais sauve ses biens
Publié le mercredi 1 juin 2016  |  Enquête Plus
Hisséne
© Autre presse par DR
Hisséne Habré au tribunal de Dakar, lors de son procès




Jugé pour divers crimes, Hissein Habré a été condamné hier à la prison à perpétuité par les Chambres africaines extraordinaires (CAE). Toutefois, l’ex-Président tchadien qui doit terminer ses jours en prison conserve ses biens car la Chambre d’assises des CAE n’a pas ordonné la confiscation de ses avoirs.

Après 26 ans de quête de justice, les victimes du régime de Hissein Habré ont enfin obtenu gain de cause hier. Car, celui qu’elles accusent d’être leur bourreau a été condamné à la prison à perpétuité. Cependant, la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires (CAE) n’a pas ordonné la confiscation des biens de l’ex-Président du Tchad du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990. C’est le seul point sur lequel le juge Gberdao-Gustave Kam et ses assesseurs n’ont pas suivi le Parquet général. Sinon, la Chambre a suivi le Parquet général ainsi les avocats des parties civiles dans leurs demandes.

Par conséquent, Hissein Habré n’est pas condamné uniquement pour les crimes de torture, les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre qui lui ont été initialement reprochés. Les infractions ont été corsées car l’ancien Chef d’Etat a aussi été déclaré coupable des crimes de viol, d’esclavage sexuel, d’homicide, d’enlèvement, de torture, de traitement cruel. Pour le viol, au-delà des témoignages des ex-détenus, la Chambre s’est appuyée sur celui de Khadija Hassan qui accuse Hissein Habré d’avoir abusé d’elle à quatre reprises.

‘’Le témoignage de la victime Khadija Hassan, la Cour l’a méticuleusement étudié. Il est cohérent et la pudeur et la peur l’avaient poussé au silence. La victime a dit qu’elle préférerait attendre le procès pour affronter son bourreau’’, a argué le juge Kam en lisant le jugement.

Dans son verdict, la Chambre s’est évertuée à démontrer l’implication directe et indirecte du premier Président africain jugé par des Africains sur les exactions commises durant son régime. ‘’Hissein a au minimum autorisé la mise en place des réseaux des prisons, la DDS, y compris la construction de la piscine en 1987. Il s’est également assuré de son bon fonctionnement à travers la DDS et la BSIR. Il donnait des ordres d’arrestation, de libération et d’exécution de prisonniers détenus dans les prisons de la DDS. Hissein Habré participait directement aux interrogatoires et aux séances de torture, parfois en infligeant lui-même des sévices ou en les ordonnant’’, souligne le juge.

Il a également rappelé que l’accusé cumulait les fonctions de président de la République et de Chef suprême des Armés avant d’assurer la Défense aussi en 1986. Autant d’arguments qui font dire à la Chambre d’assises que Habré ‘’agissait avec les membres de l’entreprise criminelle commune’’ et que ‘’sa participation était déterminante et essentielle’’. Aussi la juridiction spéciale reproche à l’ex-Président de n’avoir pris aucune sanction contre les crimes qui sont allés crescendo. ‘’ Le 19 mai 1989, il a exprimé ses intentions en déclarant : les ennemis camouflés, rampants, sont dans nos rangs, ils seront démasqués et réprimés...’’

Beaucoup de circonstances aggravantes

Quid des circonstances atténuantes ? Le verdict a tenu compte de l’âge avancé de Habré, né en 1942 à Faya-Largeau (Nord Tchad) et du fait qu’il est décrit comme un bon père de famille. Mais les circonstances aggravantes ont pris le dessus compte tenu, selon le juge Kam, de ‘’l’extrême gravité des faits commis pendant 8 ans et qui ont fait des milliers de victimes qui, 30 ans plus tard, ont encore les traces indélébiles des crimes’’. L’autre argument qui fait que Habré n’a pas bénéficié de l’indulgence des juges, c’est le fait qu’il ‘’ait été aussi le chef d’orchestre dans la répression des populations civiles et a créé un système où la terreur et l’impunité faisaient roi’’.

Le mépris de l’accusé à l’endroit de la Cour semble aussi peser sur la décision des juges. Car, dans leur verdict, ces derniers ont fustigé le fait que Habré ait porté un turban et mis des lunettes de soleil durant tout le procès. Pis, les magistrats ont constaté que Habré n’a montré aucune compassion pour ses victimes puisqu’à chaque fois qu’il rejoignait le box, il faisait le signe de la victoire sous les acclamations de ses partisans. Le même scénario s’est déroulé hier, après l’énoncé du verdict.


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