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Entretien avec… Moustapha Diakhaté, président du groupe parlementaire Bby : «Confier le Haut conseil des collectivités territoriales à Tanor serait une excellente chose»
Publié le lundi 30 mai 2016  |  Le Quotidien
Moustapha
© Autre presse par DR
Moustapha Diakhaté, président du Groupe parlementaire "Benno Bokk Yakaar"




Moustapha Diakhaté ne fait pas partie des responsables de l’Apr qui pensent que le Haut conseil des collectivités territoriales doit revenir au parti présidentiel. Pour le président du groupe parlementaire de la majorité, confier cette institution à secrétaire général du Ps serait une «excellente chose». Dans cet entretien réalisé hier, le député aborde aussi le dialogue national et qualifie les opposants qui l’ont boycotté de «nihilistes».

A quelques heures de l’ouverture du dialogue national initié par le président de la République, pouvez-vous revenir sur les enjeux de ces concertations ?
Ce sera une discussion entre les acteurs du jeu public sénégalais sur les conséquences juridiques de la révision constitutionnelle. Il s’agira d’avoir un large consensus sur la notion de modernisation des partis politiques. Il faudra voir quels sont les modus operandi que nous allons développer pour y parvenir. Il sera aussi question des candidatures aux élections présidentielle, législatives et locales. On essayera de faire en sorte que tous les candidats soient sur le même pied sur tous les types d’élections. Ce seront des questions qui interpellent la Société civile et les partis.

Idrissa Seck prévoit une conférence de presse le même jour, Gakou, Souley­mane Ndéné Ndiaye, Pape Diop, etc. A ce rythme, le dialogue n’est-il pas mal parti ?
Pas du tout ! Nous avons une opposition qui n’est jamais emballée par ce que fait le pouvoir. C’est une opposition qui a pris la résolution de s’opposer à Macky Sall sur tout. C’est une posture nihiliste. A mon avis, ce n’est pas bien. Le Sénégal a un parcours démocratique. Dans cette marche, il y a eu des séquences d’affrontements et des séquences de dialogues. Cela a été le cas avec le «code consensuel» du Président Abdou Diouf qui a permis au Sénégal de pouvoir revendiquer sa place parmi les plus grandes démocraties du monde, d’avoir l’alternance en 2000 et en 2012. Je pense qu’il peut y avoir des moments d’affrontements et des instants où la classe politique et la Société civile se regroupent pour formuler des réponses aux défis auxquels le pays est en train d’être confronté. Je pense qu’on peut tout reprocher au Président Macky Sall, mais il faut lui reconnaître qu’il est un homme de dialogue, de concertation et de consultation, comme c’est le cas pour toutes les réformes qu’il a eu à entreprendre. Malheureu­sement, nous avons affaire à des opposants qui ne sont mus que par leurs intérêts crypto-personnels. Ils pensent qu’en boycottant ces concertations, ils peuvent venir à bout du Président Sall. Ils se trompent. C’est la même erreur qu’ils ont commise en nous accusant de tous les noms d’oiseau lors du référendum. Les Sénégalais ne les suivent pas parce que depuis 2012, ils n’ont pas présenté une offre politique sérieuse. La stratégie de cette opposition est basée sur l’invective, la calomnie et la manipulation.

En tant qu’ancien responsable du Pds, quelle appréciation faites-vous de la posture de ce parti sur le dialogue ?
Le Pds a toujours prohibé la politique de la chaise vide. Je conseille à ses responsables d’aller répondre au dialogue. Leurs rapports avec le Président Diouf ont été extrêmement difficiles au lendemain des élections de 1988. Pourtant, Abdoulaye Wade faisait preuve de dépassement pour accepter de dialoguer avec Abdou Diouf. C’est de ce dialogue qu’est né le «code consensuel» qui a permis à Wade d’être Président en 2000. Compte tenu de son histoire et de sa contribution dans la marche du pays, je crois que le Pds ne doit pas pratiquer la politique de la chaise vide. Le Pds doit assumer son leadership dans l’opposition. Malheureusement, ce n’est pas le cas. C’est un parti qui a vécu 26 ans d’opposition, un parti de débat avec une capacité de propositions importantes pour faire avancer le pays. Malheu­reu­sement aujourd’hui, il passe tout son temps à critiquer. Ce Pds-là n’est pas celui que je connaissais.

L’affaire Karim Wade, la perte de son groupe parlementaire ou le cas Aliou Sow ne sont-ils pas autant d’arguments pour le Pds de renoncer à ce dialogue ?
Sur l’affaire Modou Diagne Fada et Aliou Sow, il faut dire que le Pds est dans l’incapacité de transcender ses affaires internes. Un parti politique doit être capable de tolérer des débats en son sein et d’accepter des différences. Je ne peux pas comprendre qu’au moment où le Pds a besoin d’addition, des gens opèrent des stratégies de soustraction. S’ils continuent comme ça, il ne restera au Pds que le récépissé. Ce n’est pas un sort enviable pour un parti aussi historique que le Pds. Sur l’affaire Modou Diagne Fada aussi, la faute incombe au Pds. S’ils voulaient changer de président de groupe parlementaire, ils devaient se réunir en interne. Cela n’a pas été le cas. Oumar Sarr même l’a reconnu. Sur le cas Aliou Sow, on évoquait la disposition selon laquelle «un député qui démissionne de son parti perd son mandat». Mais Aliou Sow n’est pas encore député. Comment peut-on lui appliquer cette disposition ? Pour ces deux cas, la proposition que je fais est très simple : Nous avons un outil chargé d’interpréter la Constitution qui est le Conseil constitutionnel. C’est pourquoi, j’invite le président de la République à saisir le Conseil constitutionnel pour qu’il tranche définitivement ces questions. Cela va servir pour le présent et pour l’avenir de l’institution parlementaire.

D’après le journal Libé­ra­tion, le chef de l’Etat a choisi Ousmane Tanor Dieng pour diriger le Haut conseil des collectivités locales. Quelle appréciation en faites-vous ?
Peut-être que ce journal en sait plus que moi. Dire que c’est Ousmane Tanor Dieng qui va présider cette institution, c’est aller trop vite en besogne. Maintenant, si cela arriverait, cela me ferait énormément plaisir. Je crois que Tanor est un allié de qualité, loyal et d’expérience. Je pense que lui confier la gestion d’une institution aussi stratégique que le Haut conseil des collectivités territoriales fera avancer le Sénégal non seulement du point de vue démocratique, mais aussi dans la gouvernance de proximité avec les populations, c’est-à-dire la décentralisation. Si le Président Macky Sall pense à Tanor pour diriger cette institution, j’applaudirais des deux mains.

Donc, vous vous démarquez de ces responsables de votre parti qui soutiennent qu’après avoir perdu le Perchoir, l’Apr doit prendre la présidence de ce Haut conseil ?
Nous ne devons pas oublier que nous tirons notre légitimité du Président Macky Sall. C’est lui que les Sénégalais ont élu et qui est habilité à nommer. L’Apr ne doit pas ouvrir ce débat. Macky Sall est élu par une coalition. A mon avis, tout responsable de l’Apr doit œuvrer à raffermir les liens entre le président de la République et ses alliés. Ouvrir une lutte de places ou des batailles de positionnement, ce n’est pas bien.

Des noms comme celui de Aminata Touré sont avancés pour diriger ce Haut conseil. Mais apparemment, vous êtes pour Ousmane Tanor Dieng…
Je suis pour celui que le président de la République va choisir. Le choix de Macky Sall, c’est le mien. Je ne dirai pas que celui-là doit être choisi. Mais je dis que choisir Ousmane Tanor Dieng pour diriger le Hcct serait une excellente chose.

Certains observateurs esti­ment que si Tanor est promu président du Hcct, Macky Sall veut associer davantage les Socialistes à son bilan en vue de les contraindre à ne pas avoir de candidat à la Présiden­tielle de 2019…
Le Président Macky Sall n’a pas attendu ce Haut conseil pour associer les Socialistes à la gestion du pays. Le ministère le plus important pour l’avenir et le présent du pays, c’est celui de l’Education nationale. C’est le plus gros budget de la République du Sénégal. Ce département est confié à Serigne Mbaye Thiam qui le dirige avec dextérité, courage, abnégation et compétence. Le deuxième pilier le plus important de l’économie sénégalaise qui est l’Elevage (sic) est confié à Aminata Mbengue Ndiaye. Une responsable de haute facture du Ps et qui accomplit sa mission dans ce ministère à la satisfaction du président de la République et des Sénégalais.

N’y a-t-il pas quand même des calculs politiques pour faire en sorte que le Ps n’ait pas de candidat ?
Le Ps est un parti souverain qui peut effectivement présenter un candidat en 2019.

Face au Président Macky Sall ?
Mais bien sûr !

Serait-il une candidature cohérente à partir du moment où le Ps aura fait 7 ans de compagnonnage avec le Président Sall ?
Cohérente ou pas, ce n’est pas mon problème. C’est au Ps de régler cette question. Je dis que la présence d’un parti politique dans une coalition ne doit pas être liée à l’absence ou la présence d’un candidat à l’élection présidentielle. Autrement dit, la coalition Benno bokk yaakaar n’est pas une caserne. Les partis qui y sont membres ne se sont pas fondus dans l’Apr. Ce sont des partis souverains qui ont des agendas et on doit les respecter. Il est inacceptable, au niveau de l’Apr, qu’on théorise que celui qui veut être candidat doit quitter la coalition. En France, on voit dans les majorités de Gauche ou de Droite la présentation de plusieurs candidats différents au premier tour et qui se retrouvent au second. Il faut qu’on apprenne cette tradition et qu’on fasse preuve de tolérance. Le Ps est libre de présenter un candidat en 2019.

Donc, un candidat socialiste ne serait pas perçu par Macky Sall comme une trahison ?
Pas du tout ! Ils ont partagé le pouvoir de même que le bilan de Macky Sall. Le Ps peut avoir d’autres perspectives que d’accompagner le président de la République. Avec ce Haut conseil, si le Président veut davantage associer le Ps, c’est tant mieux. Mais cela ne voudrait pas dire que le Ps sera dissous dans la coalition. Je pense que ce n’est pas bon pour la démocratie.
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