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Trafic de bois en Casamance : Haïdar charge la Gambie
Publié le samedi 28 mai 2016  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Le président de la République veut un encadrement plus strict de la coupe de bois




Si le trafic de bois en destination de la Gambie n’est pas stoppé, la dernière grande zone boisée du Sénégal risque d’être détruite d’ici deux ans. L’information a été donnée hier par l’ancien ministre de l’Environnement, Haider El Ali, lors d’un face-à-face avec la presse. Dénonçant ces pratiques, il a par la même occasion révélé la complicité du gouvernement gambien dans ce trafic.

La déforestation de la Casamance prend de l’ampleur. Se fondant sur l’enquête qu’il a menée sur le terrain avec son équipe, Haidar El Ali informe que «la dernière grande zone boisée du Sénégal sera irrémédiablement détruite d’ici deux ans, si le trafic en destination de la Gambie continue au rythme actuel». Face à la presse hier, l’ancien ministre de l’Environ­nement a montré des «images aériennes inédites d’un marché frontalier secret» qui renseigne sur l’ampleur de ce fléau. Sur ces images du marché de Saré Bodjo à un kilomètre à l’intérieur de la Gambie, on peut voir «un dépôt de milliers de troncs de bois de venne et des chevaux et charrettes faisant des allers-retours entre les deux pays pour collecter le bois à l’intérieur du Sénégal». A en croire M. Haidar, «le résultat de ce trafic est que le Sénégal a perdu plus d’un million d’arbres depuis 2010, tandis que les exploitants basés en Gambie ont empoché près de 140 milliards de F Cfa en exportant ce bois en Chine où la demande de meubles faits de ce bois a explosé ces dernières années». Tout en dénonçant le manque de volonté politique au Sénégal, Haidar El Ali attire l’attention aussi sur la complicité des autorités gambiennes par rapport à ce trafic. D’après lui, Westwood est la seule compagnie autorisée à exporter du bois depuis la Gambie et tout exploitant doit passer par cette société pour pouvoir exporter en lui versant 3 000 dollars par containers. Soit 1,8 million de F Cfa. Partant de ce fait, l’ancien ministre est convaincu de l’implication du gouvernement gambien. «Elle est réelle dans la mesure où il permet à cette société de s’installer en Gambie et d’exploiter le bois et la forêt sénégalaise. Il faut dénoncer ces compagnies qui transportent ces containers et qui se contentent d’un certificat d’origine qui est un vrai faux parce que cette compagnie, Westwood, délivre des quitus d’exportation et ce sont les grandes compagnies de navigation connues qui exportent ces contenus», a-t-il dit. Faisant parler les chiffres pour étayer ses propos, Haidar El Ali informe que, d’après des données des douanes chinoises, le volume d’importation de bois de venne vers la Chine provenant de la Gambie était le deuxième le plus important d’Afrique de l’Ouest après le Nigeria. Etonnant pour un pays qui n’est pas forestier. Et l’ancien ministre de l’Environnement d’ajouter : «Il faut arrêter de faire semblant après la Cop21. Après avoir tenu des discours sur l’engagement de nos gouvernements, il faut agir concrètement sur le terrain.»

La Gambie, deuxième exportateur de bois de venne vers la Chine en Afrique de l’Ouest
L’écologiste, qui tire ainsi la sonnette d’alarme pour que des actions concrètes soient menées afin d’éviter la situation catastrophique pouvant découler de ce trafic, informe que «la contrebande a accéléré ces derniers mois en raison de la collusion d’un nombre croissant de ressortissants sénégalais dans ce trafic». «Mais alors que les Sénégalais bénéficient de ce commerce dans le court terme, la destruction de la forêt aura un impact irrémédiable sur la fertilité des sols dans le long terme», a-t-il alerté. Convaincu qu’il est possible de mettre fin à ce fléau, Haidar préconise «un combat au quotidien, informer, sensibiliser, être sur le terrain et une volonté politique». Pour lui, la tâche n’est pas compliquée parce qu’avec «3 pick-up et une autorisation», il croit pouvoir remporter le combat contre ce trafic de bois. «Je le répète, si on me donne 3 pick-up et une autorisation, ce trafic va cesser dans 3 mois. Parce qu’il faut être présent sur le terrain et agir bien sûr avec l’aval de l’autorité», a-t-il dit.
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