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Rapport d’activités 2014-2015 de l’Ofnac: Nafi Ngom Keita ouvre son registre
Publié le jeudi 26 mai 2016  |  Sud Quotidien
L`OFNAC
© aDakar.com par DF
L`OFNAC rend public son rapport 2014-2015
Dakar, le 24 mai 2016 - L`Office National de Lutte contre la Fraude et la Corruption (Ofnac) a publié son rapport couvrant la période 2014-2015. C`était au cours d`une cérémonie à laquelle plusieurs acteurs politiques, de la société civile ont pris part. Photo: Nafi Ngom Keita, présidente de l`OFNAC




En faisant la présentation du rapport d’activité 2014/2015 de sa structure, la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a fait un sévère réquisitoire contre ce qu’elle appelle «un hydre qui se meut dans toutes les sociétés humaines». La corruption gangrène la société sénégalaise et la présidente de l’Ofnac l’a fait savoir dans son rapport hier, mardi 24 mai, qui épingle plusieurs secteurs.

DENONCIATION DE CORRUPTION : 320 plaintes dont 188 contre le service public

Sur la période visée par le rapport (2014-2015), l’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) a reçu 320 plaintes et dénonciations dont 114 par lettres, 111 par appel au numéro vert, 34 par mail et 01 par application mobile.
Sur les 209 plaintes et dénonciations physiques reçues 134 soit 64, 11% sont dans le champ de compétence de l’Ofnac, contre 75 plaintes, soit 35, 89% pour lesquelles l’Ofnac s’est déclaré «incompétent».

Pour la présidente de la structure, Nafi Ngom Keita, une évolution positive des plaintes dont l’objet relève du domaine de compétence de l’Ofnac, a été notée. Elle s’explique dit-elle par, l’ouverture et l’écoute des personnels de l’Ofnac. Selon elle, 58,82% en 2014, les plaintes dont l’objet relève du domaine de compétence de l’Ofnac.

Le service public plus visé par les plaintes

Si l’on en croit la présidente de l’Ofnac, Nafi Ngom Keita, la catégorisation des entités concernées par les plaintes et dénonciations révèle que, les structures publiques sont plus visées avec 133 plaintes contre l’administration et 75 contre les collectivités locales. L’analyse du genre quant à elle, laisse apparaitre que les plaintes déposées par les femmes sont au nombre de 14 et concernent en général le secteur du petit commerce. Selon Nafi Ngom Keita, l’examen des réclamations a aussi fait ressortir que pour l’essentiel, les plaintes proviennent de la région de Dakar avec un total de 207, soit environ 65 %. Toutefois, toutes les régions sont concernées à l’exception de Kédougou.
Le nombre de plainte venant de l’étranger est estimé à 02. Dans sa phase de démarrage, l’Ofnac a ouvert 55 enquêtes pour répondre aux préoccupations des Sénégalais. Ces 55 enquêtes couvrent plus de 100 plaintes et dénonciations. Faisant la somme des plaintes du rapport en cette année 2016, Nafi Ngom Keita a indiqué que 948 plaintes ont été reçues par sa structure.

LES MISES EN GARDE DE NAFI NGOM KEITA AUX POLITIQUES QUI AURAIENT REÇU L’ARGENT DE LAMINE DIACK : «Il faut que les gens acceptent de rendre compte»

En présentant le rapport de sa structure, la présidente de l’Ofnac a tenu à mettre en garde les hommes politiques qui auraient reçu l’argent de Lamine Diack pendant la campagne électorale de 2012 et qui refuseraient de répondre à l’appel des enquêteurs de sa structure. A ceux là, Nafi Ngom Keita a dit : «J’invite solennellement les politiques à répondre à l’appel des enquêteurs de l’Ofnac. Nous n’accusons personne, nous voulons simplement clarifier si vous avez reçu l’argent, avouez-le. Le cas contraire, dites que vous en n’avez pas reçu et pourquoi vous ne l’êtes pas ?». Mieux a ajouté la présidente de l’Ofnac : «Franchement, nous sommes dans une logique. Il faut que les gens acceptent de rendre compte. Il faudrait que les hommes politiques qu’ils soient chefs de partis ou autres ou leaders de la société civile de l’opposition d’alors, il faut qu’ils répondent ». Par ailleurs, Nafi Ngom Keita a tenu à mettre en garde ces gens en disant : « Il ne faut pas aller dire au Président : «Madame Keita est compliquée». Je ne crée des problèmes à personnes. Nous voulons simplement clarifier. Il faut qu’ils aillent répondre ».
Une réflexion d’ensemble sur le financement des partis et le financement des campagnes s’imposent pour donner des réponses politiques aux citoyens, juge la présidente de l’Ofnac. «A l’étape actuelle de son développement, la démocratie sénégalaise exige que le citoyen dispose d’informations claires sur la provenance des financements des partis politiques et de tous les candidats aux élections présidentielles ou locales. La transparence dans cet aspect de la vie politique dépend grandement de la lutte contre la corruption, l’exercice d’un contrôle d’origine des ressources utilisées par les partis politiques conditionne la moralisation de la vie publique».
Par ailleurs, Nafi Ngom Keita s’est voulue ferme face à ses détracteurs. La présidente de l’Ofnac a dit à qui veut l’entendre que «les attaques contre ma personne ne n’ébranlent guère». Et, elle s’occupera de la mission qui lui est confiée par le Président de la République Macky Sall. Pour la présidente de l’Ofnac, les hommes politiques sont tenus de répondre car, dit-elle, «au moment où les équipes de l’Ofnac mettaient en exergue au mois d’octobre 2015, la nécessité de l’encadrement du financement des partis politiques, rien ne laissait entrevoir que surviendraient plus tard des dénonciations afférentes aux financements des partis politiques ».

CORRUPTION SUPPOSEE A L’IAAF ET AU PETRO-TIM : L’Ofnac «traque» Lamine Diack et Alioune Sall

L’Office national de la lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) va mener une enquête pour déterminer si les Sénégalais Lamine Diack et Aliou Sall sont réellement impliqués dans les affaires de corruption auxquelles ils ont été cités. L’annonce est du président de la structure, Nafi Ngom Kéita. En présentant le rapport d’activité de sa structure hier, mardi 24 mai, elle a laissé entendre : «l’Ofnac est toujours en alerte et s’intéresse de très prés aux affaires supposées de corruption qui éclatent sur la place publique. Cependant, l’institution est tenue à s’assurer des conditions de succès de ces interventions et de donner la priorité aux premiers dossiers reçus, en attendant d’assoir les stratégies et procédures qu’appellent certains dossiers supposés être de grandes affaires de corruption. Cela a été fait et je peux vous dire, ici, que des enquêtes sont ouvertes sur des dossiers comme celui de Petro-Tim ou de l’affaire de corruption à la Fédération internationale d’Athlétisme qui impliquerait des Sénégalais ». Pour la présidente de l’Ofnac : « L’ouverture de ces enquêtes est normale et s’inscrit dans une logique démocratique ». Pour Nafi Ngom Keita ce sont des affaires qui intéressent les Sénégalais en général et les citoyens aimeraient que la lumière soit faite sur ces questions. C’est ce qui explique dit-elle que plusieurs plaintes aient été déposées par les citoyens et des associations concernant ces affaires.

CORRUPTION AU PORT DE DAKAR ET A LA PNA : Le Oui mais de Nafi Ngom Keita

En présentant le rapport d’activité de sa structure, la présidente de l’Ofnac est revenue sur des cas de corruption qui auraient été notés au Port de Dakar. Parlant des manquements qui sont reprochés au directeur du port, Nafi Ngom Keita a dit : «Les enquêtes menées n’ont pas permis d’établir l’existence de conflits d’intérêts ayant justifié la mise en à l’écart du plaignant. L’attribution des terre-pleins et des hangars a été faite sur la base du critère de la capacité de stockage des entreprises soumissionnaires ». Mieux, pour Nafi Ngom, l’enquête infirme l’existence de conflit entre le Directeur général du Port et les entreprises concernées. Cependant précise-t-elle, des disfonctionnements ont été relevés et ils concernent notamment l’absence de soumissionnaire lors de la séance de dépouillement. S’agissant de la Pharmacie nationale d’approvisionnement (Pna), la présidente de l’Ofnac indique les éléments recueillis montrent que le marché a été interrompu du fait que les fournitures livrées par le plaignant n’étaient pas conformes ni aux spécifications contenues dans l’appel d’offres repris dans le cahier de charge, ni à celles contenues dans l’offre même du plaignant qui a servi de base à la rédaction du contrat de fournitures de consommables informatiques. Mais, indique Nafi Ngom Keita, il s’agit là des négligences graves préjudiciables aux commissaires et pouvant entamer la crédibilité de l’autorité contractante.
Pour le Port de Dakar, il a été reproché à son directeur l’existence de conflit dans un appel d’offre. Pour la pharmacie nationale d’approvisionnement, les manquements incriminés concernent des manœuvres tendant à écarter un fournisseur de l’appel d’offre.

DECLARATION DE PATRIMOINE : 385 déclarants enregistrés

385 déclarations de patrimoines ont été enregistrées depuis l’adoption de la loi instaurant la déclaration de patrimoine. Elles représentent prés de la moitié des personnes assujetties estimées à 742. Ces déclarations représentent de 51,89%.

COUD, MAiRIE DE SEBIKOTANE, CENTRE DES SERVICES FISCAUX DE DAKAR-LIBERTE, POST FINANCE : Ces «as» de la corruption

Dans son rapport qui couvre la période 2015-2016, l’Ofnac a épinglé des structures telles que le Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud). Dans la prise en charge des services sociaux de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, il est reproché au Coud des pratiques aux antipodes des règles d’exécution des dépenses politiques et des indices graves et concordants détournement de deniers publics et d’escroquerie portant sur des deniers publics. Pour Nafi Ngom Keita, ces pratiques éloignent du Coud de sa vocation fondamentale qui est d’assurer une gestion efficace des œuvres sociales pour l’épanouissement des étudiants.
Evoquant le cas de la Mairie de Sébikotane, la présidente de l’Ofnac a indiqué que les investigations ont permis de constater un mépris de la réglementation et un manque de respect caractérisé des biens publics. Selon Nafi Ngom Keita, des agents choisissent délibérément de faire fi de toute réglementation pour se livrer à des actes de concussion et de détournement de deniers publics. Les ressources publiques issues des taxes d’état civil et des frais de bornage étaient systématiquement détournées et les usagers invités à payer des montants indus par les services sollicités.
S’agissant du centre des services fiscaux de Dakar-Liberté, les recherches ont montré l’existence de pratiques isolées de concussion pour amener certains usagers à payer des montants indus ou excédants les montants fixés. Pour le groupe postfinance, des pratiques de faux et usages de faux ont été constatées dans l’enquête menée sur les acquisitions de fournitures de bureaux. Les membres de la commission de réception des matières ont procédé à de fausses certifications établissant l’effectivité de certaines matières. Pour Nafi Ngom Keita, l’enquête a révélé que les quantités déclarées comme reçues ne correspondent pas à la réalité des matières livrées.
Et, les membres de la commission le savaient au moment de l’établissement du procès-verbal de réception. Dans la même logique frauduleuse, de faux bons de commande ont été confectionnés pour faire croire que des matières ont été normalement distribuées à des agences et services de postefinances. Le procédé consiste à utiliser des bons de commandes ayant déjà servi pour l’approvisionnement des services de la poste pour changer la quantité des matières concernés.

ACCUSATIONS DE L’OFNAC CONTRE LE COUD : Cheikh Oumar Anne se justifie

Suite à la publication du Rapport public d’activités 2014-2015 de l’Office Nationale de Lutte contre la Fraude et la Corruption (OFNAC), le Coud dirigé par Cheikh Oumar Anne, par ailleurs, maire de Ndioum, a tenu à «informer l’opinion qu’il n’a, à ce jour, reçu aucun pré-rapport pouvant lui permettre de répondre aux graves accusations portées à son encontre». Dans un communiqué parvenu à la Rédaction de Sud Quotidien, «il estime par ailleurs, que l’audit ou l’inspection doit être un contrôle contradictoire qui permet à la structure accusée de donner son point de vue avant la publication du rapport définitif». Le rapport de l’Ofnac parle d’indices de détournement de deniers publics alors que, soutient la direction du Coud, «le détournement de deniers publics est établi ou ne l’est pas». Concernant les subventions abordées dans le rapport, «l’importance de leur montant se justifie, selon les services du directeur du Coud, Cheikh Oumar Anne, par l’accord que le gouvernement avait passé avec les étudiants lors du décès de l’étudiant Bassirou Faye». Enfin, le rapport parle de dépenses effectuées lors d’une visite. Sur ce, «le Coud pense que ces dépenses effectuées sont des dépenses normales nécessitant des mobilisations populaires lors de pareils événements».
Le Coud dit «se donne le temps d’analyser le rapport publié dans le site de l’Ofnac et se réserve la possibilité d’apporter sa réponse à qui de droit».

LE FONCIER, L’ECOLE, LES TRANSPORTS, LA SECURITE PUBLIQUE ET LA SANTE : Domaines de prédilection des «corrompus»

Les affaires attraites à la barre de l’Ofnac sont souvent relatives à la corruption. Les problèmes fonciers concernent prés de 50% des réclamations. Cependant, fait remarquer la présidente de l’Ofnac, les initiateurs des plaintes sont souvent regroupés dans des collectifs et coopératives d’habitats.
En dehors du foncier, la corruption est aussi notée dans le milieu scolaire. Dans le domaine de l’éducation, les enquêtes de l’Ofnac ont permis de détecter des infractions de faux et usage de faux dans des documents scolaires, notamment les relevés de notes. Les éléments recueillis montrent l’implication d’élèves et de responsables d’établissements, dans ces faits. Dans le domaine de la santé aussi, il a été révélé des pratiques de détournements de malades d’une structure publique vers un cabinet médical sur fond de corruption. Ces pratiques placent les usages du service public dans une certaine insécurité, l’orientation vers les structures d’accueil ne mettant en avant l’efficacité et les besoins du malade. La corruption est aussi présente dans le milieu des transports terrestres indique Nafi Ngom Keita. Il a été noté l’existence d’un réseau de malfaiteurs se livrant à des actes de corruption, de concussion, de blanchissement d’argent et de faits constitutifs de violations du code général des impôts dans la délivrance des documents administratifs comme les permis de conduire.
Les enquêtes ont constaté que les acteurs impliqués ont agi en violation flagrante des normes de référence et des orientations en charge des transports.
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