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Remise de la médaille Capitaine Mbaye Diagne au siège de l’Onu à la veuve du soldat : Yacine n’a jamais Mar de son immortel
Publié le lundi 23 mai 2016  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Le secrétaire général de l`Onu remet une décoration à l`épouse du capitaine Mbaye Diagne




Ce fut un 31 mai 1994, là-bas, dans le lointain Rwanda. La nouvelle tomba à la manière d’un couperet. Notre jeune capitaine est brutalement arraché à l’affection des siens. Mbaye Diagne venait de tirer sa révérence au cours d’une mission de sauvetage au Rwanda. Venait-il, à peine, de fêter ses 36 ans. Hélas ! Ce jour-là, un jeune militaire sénégalais, perçu comme un brillant «guerrier», tomba sur le champ d’honneur. Une immense douleur ! Une infinie douleur ! C’est le sommeil éternel d’un glorieux «phénomène». «L’im­mortel» s’en est allé ! Le Secrétaire général Ban Ki-moon a remis jeudi au siège de l’Onu la «Médaille capitaine Mbaye Diagne pour acte de courage exceptionnel» à Yacine Mar Diop, la veuve du Capitaine Diagne. En mai 2014, le Conseil de sécurité a créé la «Médaille capitaine Mbaye Diagne pour acte de courage exceptionnel», destinée à honorer les militaires, les membres de la Police et du personnel civil des Nations unies et du personnel associé qui ont bravé des dangers extrêmes en s’acquittant de leur mission ou de leurs fonctions au service de l’humanité et de l’Onu.

Il fut un homme exceptionnel. Une disparition qui, indu­bitablement, laissera orpheline la Grande muette, l’Armée nationale. Mais aussi et surtout ces milliers de «familles rwandaises». Un grand vide qu’il sera difficile de combler au niveau du Commandement. Véritable mo­nu­ment par rapport au génocide rwandais de 1994, qu’il a marqué de son em­preinte, d’une approche facile, fidèle en amitié, généreux par la pensée et par les idées, celui qui est resté combattant jusqu’au dernier souffle aura rendu beaucoup de services à sa nation. De l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa), où il a fourbi ses premières armes aux côtés du Colonel Papa Abdou­laye Tall, aux Unités d’élite des armées, où il a déposé son baluchon, en passant par l’Ecole nationale des Sous-officiers d’active (En­soa), le capitane Mbaye Diagne s’est, par le courage, le talent, et grâce à la qualité de ses œuvres, illustré de fort belle manière dans tous les domaines, ce à la grande satisfaction de ses supérieurs. Mais aussi de sa hiérarchie. N’avait-il pas, aussi, cette qualité de savoir, de pouvoir discuter avec ses cadets ? Ne savait-il pas les orienter ? Les convaincre dans le style militaire ?
Méconnu des Sénégalais, l’homme reste très célèbre à Rwanda. Sans arme et face à un danger extrême, notre capitaine, et vaillamment, aura sauvé la vie de centaines, voire de milliers de Rwandais Tutsis, en les aidant à franchir les barrages routiers lors du génocide de 1994 dans ce pays des Grands Lacs. Notre héros, membre de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (Mi­nuar), n’aura-t-il pas, aus­si, protégé, défendu ces cinq enfants de la Première ministre de transition, Aga­the Uwilingiyimana, assa­s­­sinée le 07 avril 1994 ? «Maître dans l’art de négocier», comme pour reprendre la célèbre phrase du journaliste britannique Linda Melvern, auteur de plusieurs livres sur le génocide rwandais, l’homme, d’une grande courtoisie, doublé d’un éducateur, était franchement «affable». Notre compatriote Mbaye Diagne a longuement négocié auprès des groupes de soldats et de miliciens qui sont venus lui réclamer la progéniture d’Agathe. Et c’est ainsi, même, qu’il aura réussi la prouesse d’évacuer, vers la Suisse, les enfants de la défunte Première ministre. Mieux, le capitaine organisait des échanges de prisonniers entre le Camp gouvernemental et le Front patriotique rwandais (Fpr). Tout en menant des opérations hasardeuses de sauvetage, souvent de sa propre initiative. Un hom­me, donc, jovial. Maî­tre de ses émotions face aux barrages de miliciens qu’il faisait franchir chaque jour au culot. La nuit, il partait seul. Et au petit matin, on retrouvait au stade Ama­horo, protégés par les Casques bleus, de nouveaux réfugiés qu’il était parvenu à arracher à la porte de la mort. Inconnu chez lui, chez son cher Sénégal, ce «courageux Capi­taine» et ancien cas­que bleu sénégalais reste un «héros» qui figure en bonne place parmi les «justes» qui auront risqué leur «vie» pour sauver des civils menacés d’extermination au Rwanda. Le Sénégal, a-t-il donc perdu un homme d’une très grande dimension ? Quelqu’un d’extraordinaire dans le domaine de la «protection» de «l’autre», de l’inspiration de la «paix». Bref, un «monument» !
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