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Nominations à la CREI: La traque au point de redémarrage ?
Publié le vendredi 20 mai 2016  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Le procès de Karim Wade s`est ouvert à Dakar
Dakar, le 31 Juillet 2014 -Karim Wade, le fils de l`ex- président de la république du Sénégal, a fait face aux juges de la Cour de Répression de l`Enrichissement Illicite (CREI). Ancien ministre durant le règne de son père, Karim Wade est accusé de s`être enrichi de façon illicite.




Les remplacements du procureur spécial près la Crei Cheikh Tidiane Mara et de son substitut Ibrahima Ndoye, par Abdoulaye Diagne et Aliou Diop, interviennent après plusieurs critiques sur le ralentissement des activités de la Crei.

Trois procureurs en mois de quatre ans de traque de biens mal acquis. Il ne fait décidément pas bon d’être procureur à la Cour de répression de l’enrichissement illicite. La stabilité n’est pas le critère premier de cette juridiction d’exception en dormance depuis son adoption en juillet 1981. Réactivée en 2012 comme bras juridique de la reddition des comptes, volet de bonne gouvernance des autorités de la seconde alternance, elle pendait comme une épée de Damoclès sur la tête de 25 hauts dignitaires du régime libéral sortant. En dépit des promesses de reddition de comptes fermement réitérées, l’ancien ministre de la Coopération internationale, Karim Wade, est le seul concerné et condamné de tous les responsables qui ont occupé des postes ministériels.

Malgré les assurances du Garde des Sceaux, ministre de la justice, Me Sidiki Kaba, les procédures semblaient sur les rotules. ‘‘La traque va reprendre. La Crei va faire son travail’’, avait-il déclaré à Tambacounda, lors d’une cérémonie de prières pour les pèlerins morts à Mina, en octobre dernier. Depuis lors, pas grand-chose ne s’est concrétisé. Plus d’une année après la condamnation de Karim Wade, la Crei traîne des pieds quant à une longue liste de caciques libéraux dont certains ont rejoint le camp présidentiel. Politiques et membres de la société civile se sont alors étonnés du peu d’empressement que montrent les autorités à poursuivre une bataille qui initialement avait reçu un assentiment général.

Quand les politiques s’en mêlent

D’abord les alliés politiques du pouvoir: ‘‘Nous ne sommes pas d’accord avec l’arrêt (Ndlr : de la traque) comme nous ne sommes pas d’accord avec la sélection. Nous sommes contre l’arrêt, comme nous sommes contre la sélection. Nous sommes pour que tous ceux qui ont été auteurs soient poursuivis quel que soit leur bord politique. C’est cela la position de notre parti’’, s’était indigné le secrétaire général de la Ligue démocratique, Mamadou Ndoye le 13 avril dernier dans nos colonnes. ‘‘Il ne s’agit pas de poursuivre deux à trois personnes et de laisser les autres’’, s’est à son tour scandalisé le secrétaire du Forum civil, Birahim Seck, en marge de la publication du rapport de Transparency international sur l’indice de perception de la pauvreté. ‘‘Nous recommandons à l’Etat de poursuivre la procédure de répression de l’enrichissement illicite. A cet effet, la liste des 25 personnes, initialement citées par le procureur spécial, doit être vidée’’, a-t-il renchéri.

Les opposants ne se sont pas fait prier pour essayer de retourner la situation à leur avantage et se poser en victimes. Après la tentative d’enlever l’immunité parlementaire d’Omar Sarr du Pds en février 2013, la convocation ratée de Abdoulaye Baldé en 2014 en pleine campagne pour les élections locales, ils ont vite fait de crier à l’acharnement politique. Ils ont qualifié la traque des biens mal acquis d’arme politicienne destinée à retourner les ‘poids lourds’ réticents qui pourraient menacer l’hégémonie électorale des tenants du pouvoir.

Samedi dernier, c’est le nouveau leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le travail (ACT), Abdoul Mbaye, ancien chef du gouvernement, dont ‘sa’ ministre de la justice a été le fer de lance de la traque, qui a critiqué le ralentissement des poursuites. ‘‘Il était beaucoup question de reddition des comptes et la Crei avait été mise en fonction à cet effet, avec l’OFNAC qui a été créé par la suite. Vous constatez que les résultats sont bien maigres. Il n'y a qu'une seule personne concernée au point qu’elle soit considérée finalement comme une victime’’, a déclaré le 1er Premier ministre de la seconde Alternance.

‘’Du sang neuf’’

Acculé par des critiques et des interrogations de plus en plus récurrentes sur la gestion du dossier, la figure de proue de la traque a répliqué. Aminata Touré déclare que la justice va poursuivre son cours normal en dépit des ralliements massifs d’anciens responsables libéraux qui ont rejoint le camp présidentiel. ‘‘Les gens ont le droit de militer où ils veulent, mais venir à l’Apr ou à Benno bokk yaakaar n’est pas un vaccin contre la traque des biens mal acquis’’, avait-elle lancé le 27 mars dernier dans l’émission Grand jury de la RFM.

La justice sénégalaise se rebiffe donc après les supputations concernant les motivations ‘politiciennes’ de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Du sang neuf a été injecté dans le dispositif de cet organe, qui a perdu de sa superbe depuis le départ forcé du ‘survitaminé’ procureur Alioune Ndao en novembre 2014. Les nominations du procureur Abdoulaye Diagne et de son substitut Aliou Diop vont peut-être relancer une machine qui a pris froid.
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