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Le Soleil N° 13130 du 1/3/2014

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Pape Abdoulaye Seck, ministre de l’agriculture : « Nous comptons exporter 157.000 T de fruits et légumes en 2017 »
Publié le samedi 1 mars 2014   |  Le Soleil


Papa
© aDakar.com par DF
Papa Abdoulaye Seck
ministre de l`agriculture et de l`équipement rural


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Dans cet entretien, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, Papa Abdoulaye Seck, explique les avancées significatives notées dans la mise en œuvre de la vision du chef de l’Etat et les nombreux défis à relever dans ce secteur qui occupe une place de choix dans le Plan Sénégal émergent (Pse). Il estime que le Sénégal compte exporter 157.000 tonnes de fruits et légumes en 2017 contre 68.000 tonnes actuellement.

Monsieur le ministre, vous avez été reçu à Rome par le directeur général de la Fao, bien avant l’ouverture de la Sia et la tenue du groupe consultatif de Paris sur le Sénégal. Quelles sont les sujets abordés au cours de cette rencontre ?
J’ai eu une discussion avec M. Da Silva, directeur général de la Fao. Elle s’est articulée essentiellement autour du programme Plan Sénégal émergent (Pse), mais aussi une présentation du Pracas. C’est un cadre de mise en œuvre d’une partie du volet agricole du Pse. Nous avons eu une attention très soutenue du directeur général de cette organisation des nations unies qui estime qu’il s’agit d’un excellent programme. La Fao s’est engagée, non seulement à nous accompagner dans le cadre de la recherche de financement, mais aussi à nous aider dans le domaine de la production de semence et d’autres aspects techniques. En réalité, pour cette organisation internationale, le Pracas doit tirer vers le haut une agriculture très forte.
En outre, elle va lancer une grande initiative sur le riz. Et compte tenu de la vision du président Macky Sall et de ce que nous voulons faire, cette organisation a estimé devoir solliciter le soutien du Sénégal, à travers ma propre personne, pour que nous parlions aux autres pays d’Afrique afin d’agréger nos efforts pour prendre à bras le corps les problèmes qui se posent au secteur rizicole africain. La Fao, non seulement soutien ce programme, mais pense que nous devons jouer un rôle majeur en Afrique en ce qui concerne l’autosuffisance rizicole pour notre continent.

Le stand Sénégal connait une forte affluence de visiteurs dès l’ouverture du Sia de Paris. Quels sont les enseignements à tirer après une semaine de présence ?
Les enseignements à tirer portent d’abord sur la confirmation de ma conviction que notre pays a une vocation agricole. Dans les différents stands qui représentent notre pays, on retrouve la diversité du Sénégal, la qualité de ses produits ainsi que le professionnalisme des acteurs. Ce qui prouve que l’agriculture sénégalaise a les capacités de nourrir la population nationale et d’augmenter les exportations à l’international. Sur les tendances lourdes, en 2000, nous avions 9.583 tonnes alors qu’aujourd’hui, nous sommes à 68.000 tonnes. Ce qui équivaut à une multiplication par six des exportations. C’est une très forte croissance. Et nous n’allons pas nous arrêter en si bon chemin car pour l’horizon 2017, nous comptons passer à plus de 157.000 tonnes. C’est tout à fait faisable. Nous allons lancer le Programme de développement inclusif de l’agro-business au Sénégal (Pdidas), financé par la Banque mondiale. Avec ce programme, nous envisageons d’aménager plus de 10.000 hectares et ainsi permettre à des opérateurs de s’installer. Toujours, avec ce programme, nous comptons créer plus de 50.000 emplois, ainsi que des exportations. Nous avons donc un très bel avenir sur le secteur des exportations ainsi que de la maîtrise de la demande domestique. Nous sommes dans une dynamique de transformation de notre agriculture et nous estimons qu’elle n’est plus considérée comme un secteur purement social, mais comme un secteur socio-économique, c’est du business. Il faut cesser de considérer l’agriculture comme un choix par défaut, mais comme un choix rationnel puisqu’on peut bien vivre de son agriculture en travaillant dans de bonnes conditions.

Le président Macky Sall souhaite faire de l’agriculture l’un des moteurs du Pse, sur quels leviers allez-vous vous appuyer pour que l’agriculture connaisse un grand bond en avant ?
Je fais appel à la référence imagée de la construction d’une maison pour décrire notre volonté de porter la voix du chef de l’Etat sur l’agriculture. Ainsi nous basons-nous sur 10 briques. La première brique porte sur la transformation de l’agriculture en business mais pas en secteur purement social. La deuxième brique est l’orientation de l’agriculture par l’aval, c’est-à-dire son orientation par le marché. Produire, c’est bien, mais produire et vendre, c’est encore mieux. La troisième brique, c’est une recherche agricole forte parce qu’il faut véritablement profiter des connaissances et technologies disponibles pour augmenter la productivité, améliorer la qualité et ainsi gérer, de manière optimale, les ressources naturelles. La quatrième brique, c’est la nécessite des organisations professionnelles et interprofessionnelles qui sont bien formées et informées en quête d’excellence. La cinquième brique : l’Etat assainit l’environnement de la production et de la commercialisation.
Dans le détail, nous avons un conseil agricole et rural adapté, mais aussi définir un mécanisme de contrôle et de certification des semences et mettre en place des infrastructures de base... La sixième brique : un secteur privé national et international dynamique qui massifie ses investissements dans le secteur agricole grâce au cadre dynamique créé par l’Etat. La septième brique concerne les exploitations familiales modernisées car mécanisées et disposant de facteurs de productions de qualité pour qu’elles soient dans une dynamique de productivité accrue, mais aussi de durabilité soutenue de leur activité. La huitième brique concerne une société civile sénégalaise non marginalisée parce que partie prenante d’un dialogue inclusif et participe à l’effort national de construction d’une agriculture compétitive. La neuvième brique prend la forme de la gestion durable des terres. Enfin, la dixième brique fait référence à la maîtrise de l’eau.
Il faut agréger tout cela pour faire une agriculture. Il faut une approche systémique pour son développement, c’est pour cela que nous avons lancé le concept d’actionnariat rural qui signifie que les différentes parties des chaines de valeurs doivent coordonner leurs efforts pour avoir une agriculture forte. L’adage dit « il faut du tout pour faire un monde », nous disons « il faut de tout pour faire une bonne agriculture ». L’Etat est un acteur parmi tant d’autres, il faut que chaque partenaire joue sa partition. Nous ne sommes pas à l’ère de l’économie rurale administrée, mais à celle de l’économie rurale libéralisée et cogérée. Ainsi pourra-t-on avoir une agriculture capable de nourrir la population locale et d’exporter davantage.

Concernant les exportations, quels sont les objectifs pour les années à venir ?
Avec le Pracas, nous avons des objectifs définis et chiffrés. Pour le riz, nous voulons obtenir, à l’horizon 2017, 1.600.000 tonnes de paddy. Ce qui apportera une économie de devises de 330 milliards de FCfa. En réalisant l’autosuffisance alimentaire, le Sénégal gagnerait deux points de taux de croissance. Pour l’oignon, nous voulons produire 350.000 tonnes pour une autosuffisance en 2016 avec une économie de 9,5 milliards de FCfa. Ce qui nous permettra une meilleure maîtrise des prix. Pour les fruits et légumes, nous comptons exporter 157.000 tonnes en 2017 contre 68.000 tonnes actuellement. Ce qui équivaut à une entrée de devises de 103,36 milliards contre 35 milliards actuellement. Il va en résulter également la création de 75.000 emplois. Avec l’arachide, nous voulons produire 1 millions de tonnes pour en exporter entre 100 et 150.000 tonnes. Il y aura un impact direct avec une entrée de devises de 30 milliards par an. Il va y avoir une répercussion directe sur la diminution des importations d’huile.

Après vos rencontres à Rome et Paris, quelles sont les perspectives pour l’agriculture sénégalaise ?
Je vais quitter Paris avec un optimisme renforcé car la communauté internationale a vraiment plébiscité la vision du président Macky Sall. Quand on arrive à vendre une vision, c’est qu’elle repose sur quelque chose de très solide. La communauté internationale a décidé d’apporter une contribution financière et technique importante. Il y a tout un consensus autour de la vision de l’agriculture du président Macky Sall. Nous allons tout faire pour accélérer la cadence. Nous allons tout mettre en œuvre pour qu’on comprenne qu’une révolution rurale passe par une révolution des mentalités, des attitudes et des comportements.
Si nous changeons nos attitudes et comportements et que nous centrons tout autour de la transparence, l’équité, l’obligation de résultats, de rendre compte avec une adaptation, avec le génie créateur du peuple sénégalais, je pense que nous pourrons transformer l’agriculture de notre pays. Je suis plus que jamais renforcé par les encouragements que nous recevons partout dans le monde. L’Etat n’est pas là pour produire ni vendre mais pour faciliter l’environnement et les différents acteurs des chaines de valeur pour installer l’agriculture sénégalaise dans une dynamique d’excellence.

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