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Mise à profit des cérémonies funèbres pour poser des actifs politiques: Macky Sall clone Wade
Publié le vendredi 6 mai 2016  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
La prière de la Tabaski à la Grande Mosquée de Dakar
Dakar, le 25 septembre 2015 - Le chef de l`État du Sénégal a effectué la prière de l`Aïd el Kébir à la Grande Mosquée de Dakar. Plusieurs membres du gouvernement y ont également effectué le rituel. Photo: Macky Sall, président de la République du Sénégal




Ex-militant du Parti démocratique sénégalais, le président de la République Macky Sall aura tout appris d’Abdoulaye Wade. Tout comme son ex-mentor, il ne rate jamais une occasion pour poser des actes politiques y compris même lors des cérémonies funéraires.

Dans les actes qu’il pose au quotidien, le président de la République Macky Sall ne se différencie en rien de son prédécesseur et ex-mentor, Abdoulaye Wade. Dans la démarche tout comme dans la façon de gouverner surtout, tout renvoie aux pratiques de l’ancien régime, notamment, en termes de débauchage politique et de massification tous azimuts de sa formation politique. D’ailleurs, il ne s’en cache pas.

‘’Un homme politique ne doit pas être rancunier, revanchard. Pourquoi ne devrais-je pas recevoir des gens du Pds ou d'un autre parti qui veulent intégrer l’Apr ? Je n'ai aucun problème à les recevoir ! La transhumance est un terme péjoratif qui ne devrait jamais être utilisé en politique parce qu’elle est réservée au bétail qui quitte des prairies moins fournies pour aller vers des prairies plus fournies. Selon les saisons, le bétail a besoin de se mouvoir. C’est vrai que c’est par analogie que les gens ont taxé les perdants qui vont vers les vainqueurs. Ça peut se concevoir mais le terme n’est pas acceptable. Nous avons tous la liberté d’aller et de venir, c’est la Constitution qui nous le garantit. Ensuite, les acteurs politiques au Sénégal ne sont pas nombreux. Nous avons à peu près 5 millions d’électeurs sur 13 millions de Sénégalais’’, avait-il théorisé.

Ainsi, tout comme Abdoulaye Wade, le leader de l’Alliance pour la République (Apr) a, dès son accession à la magistrature suprême, favorisé une vaste opération de transhumance politique qui a fini par attirer dans les rangs de la mouvance présidentielle d’anciens caciques du Pds comme Me Ousmane Ngom, Bécaye Diop, Abdoulaye Sow et Serigne Mbacké Ndiaye, entre autres. Mais aussi d’ex-alliés d’Abdoulaye Wade comme Djibo Kâ et Me Ousmane Sèye. Tous ont été démarchés de manière différente, mais souvent dans les mêmes circonstances. Digne héritier du Pape du Sopi, le président de la République Macky Sall fait souvent du Wade dans la gestion au quotidien de l’Etat. ‘’Macky, c’est Wade, la générosité en moins’’, ne cessent de seriner certains collaborateurs du chef de l’Etat.

De Baye Mamoune Niasse à Aïda Ndiongue

Le chef de l’Etat ne rate jamais une occasion pour poser des actes politiques. En cela, il marche sur les traces de son prédécesseur à la magistrature suprême. On se rappelle la manière dont Me Abdoulaye Wade avait réussi à décrocher Baye Mamoune Niasse, lors des obsèques de son père et fondateur du Rassemblement du peuple (Rp). Le défunt Serigne Mamoune Niasse était aussi le président de la coalition Idy 4 Président jusqu’à son décès, en octobre 2011. Donc, l’ex-président de la République en avait profité pour lancer un appel du pied à son fils aîné Baye Mamoune Niasse. Wade avait dans l’idée de faire le vide autour d’Idrissa Seck. Il lui avait donc proposé le poste de Sénateur qu’occupait son père. Cette invite avait réussi à installer la discorde au sein même du Rp où les deux frères Niasse n’arrivaient plus à parler le même langage.

Cette même stratégie, Macky Sall semble se l’être appropriée. En tout cas, il ne perd aucune occasion pour la dérouler. Bécaye Diop, l’ex-ministre des Forces armées, a en effet rallié le camp présidentiel, après le passage du président de la République dans son domicile à Kolda pour lui présenter ses condoléances à la suite du rappel à Dieu de sa sœur. A quelques encablures seulement des élections locales de 2014, Macky Sall qui voulait coûte que coûte récupérer la mairie de la ville de Kolda des mains des libéraux du Pds avait jugé utile d’appeler en renfort l’ex-édile de la localité. La stratégie a été payante. Puisqu’il a fini par imposer le ministre Abdoulaye Bibi Baldé à la tête de ladite municipalité. Le président de la République, dans son opération de charme, avait rappelé les liens solides qui ont toujours existé entre lui et son ancien camarade de parti.

‘’Ma relation avec Bécaye Diop ne date pas d’aujourd’hui. Elle a débuté depuis qu’on était avec Abdoulaye Wade. Il était au ministère des Forces Armées et moi j’étais Premier ministre. J’ai surtout beaucoup travaillé avec lui sur la sécurité du pays. Il y avait une entente et une complicité entre nous. Et cela, nos divergences politiques ne peuvent le changer. C’est pourquoi je suis là aujourd’hui pour lui présenter mes condoléances’’, avait déclaré Macky Sall dans le salon de Bécaye Diop qui, plus tard, a rejoint le camp présidentiel.

Rebelote avec l’ancien ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom. S’étant rendu à Saint-Louis pour lui présenter ses condoléances, à la suite du décès de son frère aîné Makhtar Moustapha Soulèye Ngom, le Chef de l’Etat avait soutenu ‘’qu’il a une majorité confortable, une alliance très large et un gouvernement composé de compétences diverses’’. Mais, avait-il ajouté, le pays doit mobiliser toutes les énergies et toutes les intelligences pour aller plus vite et relever les défis de l’émergence et de l’épanouissement intégral de l’ensemble des composantes du peuple sénégalais. Me Ousmane Ngom avait répondu favorablement, en soulignant que lorsque la plus haute autorité du pays lance un tel appel ‘’avec autant de sincérité, de générosité et d’émotion, on ne peut pas rester insensible à cet appel’’.

C’est cette même stratégie de débauchage politique que le président de la République a déroulée ce week-end au domicile d’Oumou Salamata Tall. Venu présenter ses condoléances à cette dernière, suite au rappel à Dieu de son fils, le chef de l’Etat a appelé à des retrouvailles de la famille libérale. Ce bras tendu à ses ex-camarades du Parti démocratique sénégalais (Pds) répond donc à une logique implacable que le chef de l’Etat met en œuvre, depuis le début. Macky Sall, dans sa volonté de fédérer toutes les forces vives de la nation autour de sa formation politique, veut non seulement récupérer ce qui reste du parti d’Abdoulaye Wade, mais surtout réduire l’opposition à sa plus simple expression, pour reprendre ses mots.

Dans cette stratégie d’enrôlement des caciques du Pds, le président de la République semble vouloir passer par l’ex-sénatrice Aïda Ndiongue et l’actuel Secrétaire général adjoint dudit parti, Oumar Sarr. Après en effet avoir échangé des civilités avec l’ex-sénatrice Aïda Ndiongue qui, a-t-il dit, reste sa grande sœur malgré les péripéties de la vie politique, Macky Sall a promis d’aller rendre visite à Oumar Sarr pour lui présenter ses condoléances à la suite du rappel à Dieu de son frère.

Stratégie d’anéantissement de l’opposition

Les similitudes entre Abdoulaye Wade et son ancien militant et Premier ministre sont assez frappantes. Tous deux ont la même conception de la politique, celle du plus grand nombre autour de soi. Abdoulaye Wade, durant son magistère, a toujours favorisé et facilité la transhumance dans le seul souci de renforcer son camp et d’affaiblir l’opposition. Cela, quels qu’en soient le prix et la perception de l’opinion publique.
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