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Dr El HAdj Oumar Diop sur la crise à l’Assemblée nationale: "La majorité n’a pas à se mêler de la cuisine de l’opposition"
Publié le mardi 3 mai 2016  |  Sud Quotidien
Christine
© aDakar.com
Christine Lagarde a tenu un discours devant la Représentation Nationale
Dakar, le 30 Janvier 2015 - La Directrice Générale du Fonds Monétaire International s`est adressée aux députés Sénégalais. Christine Lagarde a été reçue à l`Assemblée nationale par le président Moustapha Niass.




L’enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Dr El hadj Oumar Diop, accuse la majorité d’alimenter la tension autour du remplacement du député démissionnaire de l’Assemblée nationale, Ousmane Ngom. Invité du jour de l’émission Objection de la radio Sud Fm hier, dimanche 1er mai, il a jugé inacceptable l’immixtion de la majorité dans le mode de fonctionnement de l’opposition.

La tension qui oppose opposition parlementaire et majorité autour du remplacement du député démissionnaire de l’Assemblée nationale, Ousmane Ngom, ne laisse pas indifférent l’enseignant chercheur à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, le Dr El hadj Oumar Diop. Invité de la radio Sud fm hier, dimanche 1 er mai, l’auteur de l’ouvrage « Partis politiques, démocratie et réalités sociales au Sénégal », a déploré cette situation qui, selon lui, est consécutive à l’immixtion de la majorité dans le mode de fonctionnement de l’opposition.

«L’hémicycle est toujours considéré comme l’instance dans laquelle s’expriment les contradictions politiques dans une société. Et on a une opposition parlementaire qui s’affirme, exerce la critique, c’est bien dans une démocratie. Mais le fond de la question c’est quoi ? Il y a des règles du jeu, en matière parlementaire comme en dehors du parlement, si on ne les respecte pas, on ne peut pas avancer. Ici, il appartient à la majorité en place de savoir qu’elle a besoin de l’opposition et d’une opposition forte. Tout simplement parce que l’opposition, c’est l’autre pièce que fait qu’avec la majorité, la démocratie puisse fonctionner. Mais, lorsque la majorité développe des stratégies pour affaiblir, casser l’opposition, on quitte progressivement les rivages de la démocratie. On ne peut pas accepter, dans une démocratie que la majorité puisse définir et designer un groupe parlementaire et le président de ce groupe et vouloir influencer ou déterminer le président du groupe de l’opposition», a affirmé l’invité de Baye Oumar Gueye.

Avant d’ajouter dans la foulée : «Quand la majorité détermine le président de son groupe, elle doit avoir le loisir de désigner qui doit exercer la présidence de ce groupe parlementaire. Mais, dès l’instant que la majorité veut se mêler de la cuisine de l’opposition, cela amène des problèmes. Les règles de courtoisie n’ont pas été respectées. Non-respect d’élégance républicaine. Or, les textes sont clairs sur la désignation d’un député qui a démissionné. Il me semble que lorsqu’on fait jouer les textes, il n’y a pas problème. Mais, lorsqu’on veut avoir une lecture politicienne de la chose, vouloir instrumentaliser ou s’inscrire dans le mode de fonctionnement de l’opposition ou de sa représentation parlementaire, c’est comme si la majorité voulait choisir son opposition et le chef de son opposition à lui».

MÉDIATION DANS LA CRISE SÉNÉGALO-GAMBIENNE

Réagissant également au sujet des agissements de certaines personnalités sénégalaises sur cette question, le Dr Diop prévient tout en précisant d’emblée que cette crise montre les carences de la diplomatie qui n’a pas su exercer depuis les indépendances son influence sur le jeu politique en Gambie «Je pense que cela donne une image néfaste même de la gestion de l’État parce que la diplomatie est un secteur particulier. Quand je vois d’anciens footballeurs ou bien tel ou tel artiste qui se mêle de la diplomatie, je pense que dans cette situation ces personnes doivent rester à leur place et laisser les diplomates et le chef de l’État qui est le chef de la diplomatie sénégalaise. C’est lui qui détermine la politique étrangère. Il a nommé un Premier ministre et un ministre des Affaire étrangères, je pense que ces autorités sont compétentes pour aller négocier, pour aller régler le problème».

NOMINATION PAR LE PRÉSIDENT DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE DE DEUX MEMBRES DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL : Dr Diop affiche son scepticisme

Interpellé également sur les réformes constitutionnelles proposées par le chef de l’État et notamment le point relatif à la nomination par le président de l’Assemblée nationale de deux membres du Conseil constitutionnel, Dr El hadj Oumar Diop s’est montré très dubitatif sur la portée de cette réforme. «Je suis très sceptique sur la portée de cette réforme. On verra ce que cela va donner à l’épreuve des réalités. Parce qu’aujourd’hui, les démocraties fonctionnent en forme de blocs. Il y a le bloc majoritaire, le bloc de l’opposition et également d’autres institutions de régulation comme le juge constitutionnel. Or, si on voit ici le mode de nomination, c’est le président de la République qui monopolisait la désignation et la nomination des cinq membres du Conseil constitutionnel. Et, la réforme propose sept membres, donc deux de plus qui sont désignés par le président de l’Assemblée nationale. C’est toujours le bloc majoritaire (à qui revient la charge de nommer les membres de cette institution) qui désigne et le président va nommer», renseigne-t-il. Non sans ajouter : «Je ne vois pas l’impact décisif sur le fonctionnement de cette institution. Je suis sceptique sur cette réforme bien que je ne sache pas ce que cela va donner mais je suis très réservé sur l’impact de cette réforme».
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