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Étude - Agriculture et Environnement Tout n’est pas rose dans les Ppp
Publié le samedi 23 avril 2016  |  Le Quotidien
Khoudia
© aDakar.com par DF
Khoudia Mbaye exhorte les filles à s’approprier les TIC
Khoudia Mbaye, ministre de la Promotion des Investissements, des Partenariats et du Développement des Téléservices de l’Etat invitent les filles à s’approprier les technologies de l’information et de la communication (TIC) pour être ``des relais et des modèles`` pour les générations futures.




L’impact des Partenariat public-privé (Ppp) reste quasiment nul dans les domaines de la sécurité alimentaire, moyennement négatif sur la soutenabilité environnementale et très négative sur l’accès équitable au foncier. C’est du moins ce qu’a relevé une étude d’évaluation commanditée par l’Institut pour les ressources naturelles en Afrique de l’Université des Nations unies. Ladite étude dont les résultats ont été présentés hier, s’inscrit dans le cadre d’un projet intitulé : «Améliorer l’incidence des partenariats public-privé dans l’agriculture et l’environnement en matière de développement».

Au Sénégal, les Partenariats public-privé sont de plus en plus promus comme un mécanisme institutionnel important pour avoir accès à des ressources financières supplémentaires, entre autres. Mais dans la mise en œuvre des ces initiatives Ppp, tout n’est pas rose, si l’on se fie aux résultats d’une étude commandité par l’Institut pour les ressources naturelles en Afrique de l’Université des Nations unies. L’étude montre que dans le cadre des projets agricoles, les Ppp ont globalement un impact négatif sur l’environnement, à cause des actions d’intensification agricole et d’extension des surfaces cultivées dans le souci d’accroître de façon significative la production. Selon l’auteur, Waly Clément Faye, les communautés locales révèlent dans les focus group réalisés un «épuisement du sol», «un déboisement intense au niveau des parcelles aménagées, entrainant la destruction de la flore locale et la disparition d’espèces végétales et dégradation du sol». Il arrive également, selon les communautés, que le plan d’eau baisse et les producteurs sont obligés d’attendre le lendemain pour arroser. Ce dernier constat est cependant antérieur à la mise en place des Ppp.
L’usage de produits phytosanitaires et des produits utilisés pour laver les légumes produits et destinés à l’export, par exemple, augmentent les risques de pollution de la nappe phréatique. Dans certains villages polarisés par certains Ppp dans la vallée du fleuve Sénégal, «les aménagements réalisés entrainent la remontée de la salinité».
Par ailleurs, la «présence d’entreprises polluantes dans la zone des Niayes (industries extractives, usines chimiques, centrales électriques), l’utilisation intensive des engrais et l’abandon de la jachère, contribuent également à cet impact négatif».
En revanche, l’accès à l’eau potable et aux installations sanitaires s’est amélioré de façon significative. Certains groupes de villages, notamment Reynabé 1, Polo dans l’arrondissement de Ross bethio, sont maintenant connectés au réseau d’adduction d’eau de la Sde. Avant, le Ppp, les populations utilisaient l’eau de quelques forages existant ou allaient s’approvisionner en charrette dans les villes les plus proches. Les moins chanceuses utilisaient l’eau des mares. Grâce au soutien apporté à la santé (construction et équipement de structures de santé, développement de projets de latrines, etc.), l’accès aux soins de santé a été amélioré de façon substantielle dans certaines communes comme Ngnith par exemple.
Les résultats de l’étude établissent que 67% des Ppp étudiés ont un impact négatif sur l’environnement; 17% sont sans impact et seuls 16% en ont un impact positif.

Détérioration globale de l’accès équitable à la terre
Concernant l’accès à la terre, l’étude a fait état d’une «détérioration globale de l’accès équitable à la terre après le démarrage du Ppp». Dans son rapport, le consultant note que «les communautés locales et les opérateurs interviewés soutiennent qu’avec ces projets ‘’ l’accès à la terre est devenu plus difficile ; il y a une forte pression foncière dans la zone du Lac de Guiers, dans la vallée du fleuve Sénégal et dans les Niayes’’.
La rentabilité des chaines de valeurs horticoles, la forte demande du marché local et international, ainsi que l’appui de l’Etat amènent les producteurs à accroître sans cesse les emblavures. A cela s’ajoutent l’urbanisation galopante et l’installation d’industries extractives. Ce qui crée d’ailleurs des conflits fonciers récurrents dans les zones d’implantation des Ppp étudiés (le nombre de conflits fonciers impliquant les femmes a augmenté de façon exponentielle)».
Sur cette question, le document indique que, seuls17% des Ppp sont sans impact, alors 83% en ont un impact négatif.

Légère amélioration de la cohésion sociale
Les Ppp ont, cependant d’après l’étude, permis d’améliorer légèrement la cohésion sociale au sein des communautés bénéficiaires. En effet, celles-ci participent de plus en plus aux activités des partis politiques (participation aux réunions, rassemblements de propagandes) et les cas de discriminations liés au sexe et à l’ethnie sont rares. La criminalité des jeunes est également faible dans les zones concernées.
Cependant, « les conflits communautaires sont devenus plus fréquents après les Ppp à cause surtout de la forte pression sur les ressources foncières et des appétits aiguisés aussi bien au niveau des entreprises privées que des collectivités locales »
Les Ppp étudiés n’ont globalement pas d’impact sur l’amélioration du niveau de sécurité alimentaire des ménages. De légères améliorations sont néanmoins notées, malgré la cherté du coût de la vie.

Inclusion de la jeunesse
Sur l’inclusion de la jeunesse et création d’emploi genre, «les Ppp étudiés ont permis de générer près de 230 emplois permanents et plus de 2 mille emplois temporaires et saisonniers. Ces emplois sont essentiellement alloués aux femmes et jeunes des zones polarisées conformément aux dispositions des accords de partenariat. Les femmes sont beaucoup utilisées dans les travaux de récoltes et de conditionnement de la production rémunérés à un taux journalier variant entre 1 700 francs Cfa et 2 mille francs Cfa. Les hommes, actifs dans la production, perçoivent entre 2 500 et 3 mille Francs Cfa la journée de travail (pour les temporaires)».
Dans les projets agricoles, précise le consultant, «le taux d’occupation annuelle des populations est actuellement de 8 à 12 mois contre 4 mois avant le Ppp».

Faible impact sur le renforcement des progrès et innovations technologiques
L’impact des Ppp sur le renforcement des progrès et innovations technologiques reste faible, mais globalement positif. Les projets ont contribué à améliorer l’accès des communautés locales aux innovations et progrès technologiques. «Les jeunes ont plus accès à internet et quasiment tous possèdent maintenant un téléphones mobiles», apprécient les personnes interrogées par le consultant. Actuellement, note-t-il, «70% des membres adultes de la communauté dispose/utilise un téléphone mobile contre 47% seulement avant le démarrage des Ppp. Le nombre moyen d’individus détenteurs d’ordinateurs personnels (fixe et portatif) a également augmenté.
Par ailleurs, de nouvelles variétés à cycle plus court et plus productives et de nouvelles techniques culturales comme la fertigation (pour ce qui un système goutte à goutte) sont progressivement introduites».

Renforcement de l’économique local
Le Ppp a contribué de façon significative au renforcement de l’économie locale. A preuve souligne M. Faye, «beaucoup de petites entreprises locales se développent et le nombre personnes ayant accès au crédit s’est accru. Les discussions de groupe révèlent qu’il y a plus d’opportunités d’emplois avec le Ppp.
La commercialisation des produits agricole est devenue plus facile avec la diversification des lieux d’écoulement et le désenclavement de la localité. Il est également noté une plus grande circulation des devises et un début de modernisation des villages bénéficiaires.
Des bus sont loués par certains opérateurs privés pour assurer le transport des ouvriers, moyennant une rémunération mensuelle».
Au niveau du secteur de l’assainissement, ajoute-t-il, «l’exploitation des stations à travers ce contrat de concession a permis à l’Onas (Office nationale de l’assainissement du Sénégal :ndlr) de réaliser une économie de 10 millions de francs Cfa sur ses charges d’exploitation, en plus de la redevance annuelle d’exploitation».
L’étude a été menée dans le cadre de la mise en œuvre du projet de recherche intitulé : «Améliorer l’incidence des partenariats public-privé dans l’agriculture et l’environnement en matière de développement». Le projet vise à examiner et évaluer l’état des Ppp dans l’agriculture et l’environnement dans certains pays de l’Afrique subsaharienne dont le Sénégal. Ceci, dans le but de formuler des recommandations pour guider des recherches futures, élaborer des politiques et cibler des fonds privés et publics pour le développement de partenariat.
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