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Crise Sénégal/ Gambie: Pourquoi Jammeh veut monnayer les 3 Sénégalais arrêtés
Publié le mercredi 20 avril 2016  |  Enquête Plus
Ouverture
© Abidjan.net par Atapointe
Ouverture du 44è sommet de la CEDEAO à Yamoussoukro en présence de 14 chefs d`Etat
Le 44è sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) s`est ouvert, vendredi, dans la capitale politique et administrative de la Côte d`Ivoire, Yamoussoukro en présence de 14 Chefs d`Etat de la sous-région ouest-africaine. Photo: Yaya Djammeh, président de la République du Gambie




En arrêtant des agents de la Direction de la Planification et Veille environnementale du ministère de l’Environnement et du Développement durable du Sénégal, les hommes du Président Yahya Jammeh lui offrent sur un plateau d'or le cadeau tant rêvé. Il n'y a pas de doute que ces compatriotes ‘’kidnappés’’ vont servir de nouvelle monnaie d'échange après le coup manqué de "Boy Djinné".

Il y a trois jours, le Président gambien, dans un communiqué, mettait officiellement en garde les voisins et les puissances étrangères contre une "ingérence dans les affaires intérieures de la Gambie". Aujourd’hui, avec l’arrestation de Hamidou Mbaye, du consultant Mamadou Ba, de la stagiaire camerounaise Manuella Kieppa, tous agents du ministère de l’Environnement et du développement durable sénégalais et du fils du maire de la commune de Niaming (Kolda) qui leur servait de guide, Yaya Jammeh tient une occasion inespérée de peser sur la balance des négociations pour la levée du blocus de la transgambienne. Mieux, nos sources à Banjul sont convaincues que Jammeh vient de trouver la poule aux œufs d'or en ces Sénégalais qu'il va monnayer cher contre l'ouverture des frontières et un desserrement de l'étau de la pression médiatique montante au Sénégal contre son régime. D'ailleurs le jugement de nos compatriotes programmé hier n'est pas encore effectif. Ils n’ont même pas été auditionnés.

La détention donc de ces techniciens du ministère de l'Environnement et du développement durable et du fils de la commune de Niaming est donc une énième provocation du leader gambien qui ne veut rater aucun moyen pour "punir" l'Etat du Sénégal, coupable à ses yeux de laisser les syndicats de chauffeurs sénégalais le sevrer de son portefeuille à la suite du blocus frontalier qui dure depuis deux mois. Car, dans la forêt de Médina Yoro Foula où cette équipe de la Direction de la planification s'est rendue, il est très facile qu'un pied soit en territoire gambien et que l'autre reste en terre sénégalaise. D'où les multiples programmes communs de protection de l'environnement et des écosystèmes entre l'administration gambienne et celle du Sénégal dans plusieurs localités frontalières avec très souvent les mêmes bailleurs et les mêmes objectifs de protection et de conservation.

Jammeh, trafiquant de bois

Mais la protection de l'environnement n'a justement jamais été la tasse de thé du Président gambien dont les tracteurs et les camions estampillés "Kanilai Farms" et leurs chargements illégaux de troncs de bois en provenance des forêts de Casamance, ont très souvent été interceptés en territoire sénégalais. Malheureusement, le Sénégal a toujours joué au gentil grand frère, rendant toujours ces engins au prince de Kanilai qui les remet aussitôt en service dans la même direction. Au point que pour ralentir la coupe abusive des forêts de bois de vène ou kosso en Casamance qui transite par la Gambie pour être vendu en Asie, le Sénégal a récemment obtenu que les populations de cette espèce végétale de luxe soient classées dans l’annexe III de la liste couverte par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvage menacées d'extinction (CITES). Une mesure qui n'est pas pour réjouir le Président gambien qui a largement bénéficié de la contrebande de ce bois qu’il exporte par centaines de conteneurs chaque année, à partir du Port de Banjul.

C'est en exerçant le repérage de ces arbres vulnérables que les trois agents de la Direction, Planification et Veille environnementale du ministère de l’Environnement et du Développement durable ainsi que leur guide ont été "kidnappés" par les forces de sécurité gambiennes qui rivalisent de zèle pour prouver leur "loyauté" supposée aux principes qui nourrissent le présumé nationalisme gambien devenu le slogan de Yahya Jammeh dans ses envolées verbales contre le Sénégal et ses dirigeants. Toutefois, des zones d’ombre persistent dans la mise en œuvre de la mission de cette délégation du ministère de l’Environnement qui d’ailleurs a sorti hier un communiqué sur la question. Une patrouille mixte Armée et Eaux et Forêts existe pour lutter contre le fléau du trafic de bois dans la zone. Pourquoi la mission n’a pas eu recours à elle ? Pourquoi Hamidou Mbaye et Mamadou Ba se sont-ils attaché les services du fils du maire de Niaming qui manifestement ignorait le tracé des frontières ? s’interrogent certaines autorités étatiques qui assurent qu’avec la patrouille, rien de tout ceci ne serait arrivé.

L’épisode Boy Djinné

Pour rappel, l’homme fort de Banjul avait activé il y a quelques semaines la carte Boy Djinné, ce voleur multirécidiviste et as de l'évasion carcérale accueilli en Gambie pour provoquer le Sénégal. Une manœuvre qui n'a jamais été couronnée de succès. Avec la mainmise sur ces fonctionnaires de notre pays, l'Etat du Sénégal est devant l'énorme défi d'obtenir leur libération sans jamais céder aux injonctions de Jammeh. Mais le Sénégal a déjà appris avec les exécutions de Tabara Samb et Djibril Bâ mais aussi avec le mirage du pont de Farafenni, qu'entre la parole de Yahya Jammeh et les actes qu'ils posent, il y a un grand fossé.
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