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Centrale solaire à Malicounda : 20 Mw dans le pipe
Publié le mardi 19 avril 2016  |  Le Quotidien




Le soleil est une source d’énergie à la fois propre et renouvelable et le Sénégal bénéficie d’un très important ensoleillement durant l’année. De ce fait, il n’est pas étonnant de constater que cette source jouisse d’une place de choix dans le mix énergétique de notre pays.
Le Quotidien a enquêté sur le derniers développement du solaire au Sénégal. Il existe un programme d’investissement 2014-2017 qui, selon la Senelec, devra permettre de couvrir la demande en énergie de notre pays, aussi bien en quantité qu’en qualité et de manière durable. Dans ce cadre, trois centrales solaires vont voir le jour.
Ces projets sont, d’après M. Issa Dione, responsable des grands travaux et énergies renouvelables à la Senelec, le fruit d’un contrat de concession de 25 ans conclu entre la Senelec et trois investisseurs privés. Il s’agit de Synergie 2, Energy Sénégal Sa et le Groupe Solaria. Ces centrales vont modifier positivement la vie des populations environnantes, comme nous l’a affirmé Maguette Sène, maire de Malicounda. Sur place, les travaux ont commencé, faisant appel à la main-d’œuvre locale. À Malicounda, le groupe Soliaria est même très avancé dans les travaux et les procédures administratives comme le dit son directeur général.

Une centrale solaire d’une superficie de 100 hectares est en cours de réalisation dans la commune de Malicounda, dans le cadre d’un contrat de concession de 25 ans que la Senelec a signé avec des investisseurs italiens. Ainsi la commune de Mali­counda a été choisie par les promoteurs du fait de sa proximité avec une station électrique de la Senelec et des terres disponibles, pour abriter le projet.
Selon Paolo Carlo Regano du Groupe Solaria, qui est une société mixte, ce projet de centrale solaire a fait l’objet d’une signature de contrat avec la Senelec en 2013, pour la construction d’un ouvrage de 20 Mw à Malicounda. Cette centrale solaire, affirme-t-il, est une exigence qui a été à l’origine de ce contrat. «Cela a abouti à un contrat avec la Senelec, qui va permettre la construction d’une centrale solaire de 22 Mw. Cette électricité va par la suite être vendue exclusivement à la Senelec pour une durée de 25 ans. Ce type de contrat permet de faire des investissements et de réaliser sur une longue période, une production d’énergie qui peut être réinjectée dans le réseau Senelec afin d’aider le Sénégal à accomplir son gap énergétique», a soutenu le directeur administratif du Groupe Solaria .
Après la signature du contrat, Solaria Group a commencé à chercher des partenaires. Ce qui l’a conduit à s’attacher les services de Chemtech Group, une société qui a des relations de partenariat avec une grande société chinoise de production de panneaux photovoltaïques. Le directeur général de Chemtech, Piergiorgio Balicco, également interrogé par Le Quotidien, a vanté les mérites de sa société, disant qu’en matière de production énergétique solaire, le Group a aujourd’hui, dépassé sa capacité de production de 1 Gw par année, en plus de l’expérience acquise en Italie où il a réalisé plusieurs centrales solaires.
Sur les aspects techniques de ce projet, qui va soulager les populations locales sur le plan de l’approvisionnement en électricité, la centrale solaire de Mali­counda a une capacité de 22 Mw. Selon les promoteurs, trouvés sur place, la centrale en question sera réalisée avec des panneaux photovoltaïques classiques. Les populations pourront ainsi tirer le maximum de profit de cette infrastructure, qui va fortement réduire le gap énergétique.

Un projet de plus de 20 milliards
A propos de Chemtech Group, son directeur général rassure quant à la fiabilité de ce système et également de l’apport qui va aider la Senelec à économiser pour investir dans d’autres secteurs. «Le coût du projet est estimé à 30 millions d’euros, environ 20 milliards de francs Cfa. Une installation photovoltaïque n’est pas trop compliquée, pour le projet de la centrale solaire de Malicounda, qui est de 22 Mw et qui va s’étendre sur une superficie de 100 ha. Nous allons mettre sur le site 90 mille panneaux solaires, parce qu’un panneau, c’est 2 mètres de longueur. Si on les met un à un, nous aurons 180 km. Dans un premier temps, nous n’allons pas couvrir les 100 ha. Pour la première phase, nous allons couvrir les 50 ha, qui devront produire les 22 Mw et on espère doubler l’espace à partir de l’année prochaine dans la phase d’extension de cette centrale solaire. Tous ces panneaux mis sur le site vont regarder le soleil dans la bonne direction, nous allons à partir des panneaux, capter la lumière pour la transformer en électricité, qui sera utilisée par des onduleurs. Ces derniers se chargeront de transformer l’électricité continue en électricité alternative, que les ménages pourront par la suite utiliser», explique Piergiorgio Balicco.
Dans le processus de transformation de cette lumière, qui provient des panneaux photovoltaïques, le chargé de la partie technique de cette centrale solaire précise que la production se fera à 400 volts. Puis, elle sera élevée à 110 mille volts par les transformateurs, avant d’être envoyée à la centrale de la Senelec, qui se trouve à Mali­counda. Ainsi la Senelec va acheter l’électricité venant de la centrale solaire à 30 mille volts.
Déjà des simulations ont été faites, selon les promoteurs, lesquelles simulations se révèlent prometteuses. «On estime que dans l’année, on peut avoir une production de 40 mille Mw/h. Il faut savoir que 40 mille Mw, c’est la quantité d’électricité qu’utilisent environ 10 à 15 mille familles dans l’année. C’est-à-dire qu’on peut couvrir le besoin d’électricité pendant le jour, mais malheureusement, on ne l’a pas pendant la nuit. Toute­fois, cette électricité produite pourra très bien servir les populations», rassure M. Regano du Groupe Solaria.
Pour le transport de l’énergie de la centrale solaire vers la centrale de la Senelec, des câbles souterrains seront utilisés pour faire la liaison entre les deux stations. «Nous avons des compteurs qui vont totaliser l’énergie produite dans notre installation et on a ce compteur au niveau de la station de la Senelec, qui va faire le contrôle en double. Les compteurs, c’est pour calculer l’énergie produite pour pouvoir la mesurer, parce que finalement, on travaille pour produire afin de recevoir la rémunération correcte. Dans la centrale solaire, nous aurons une salle de contrôle, qui va contrôler toutes les parties directes de l’installation et avec ça, nous pourrons connaître à temps réel, quelle est la production de chaque unité, car la centrale sera subdivisée en 10 sections indépendantes et à partir de cette salle, nous pourrons connaître ce qui va être produit section par section. Cette électricité sera transportée par les câbles vers la station de la Senelec et à la sortie, il y a des compteurs qui vont continuer à calculer la quantité d’énergie à livrer. Nous pourrons dire combien d’électricité on a livré par heure, par jour, par mois et à la fin du mois, on fait une facture sur combien de Kw/h on a produit avec des prix déjà établis sur le contrat de fourniture avec la Senelec», a expliqué le responsable de la partie technique de cette centrale solaire.
Sur le terrain, les travaux ont démarré depuis quelque temps. Les ouvriers sont en train de faire le terrassement de la centrale, qui devrait se terminer d’ici fin du mois d’avril. Les promoteurs précisent qu’en début du mois de mai, une équipe de techniciens installateurs va venir pour faire le montage des structures de support, car les panneaux ne peuvent pas être posés sur le sol. Ensuite, ce sera l’équipe d’électriciens, qui va venir pour connecter les panneaux photovoltaïques. Au total, diront les responsables, il y aura sur place 25 à 30 techniciens qui vont travailler sur les installations de la centrale jusqu’au mois de juillet prochain.

Des emplois à 99,99 % sénégalais
Les installations finies, les populations pourront avoir de l’électricité issue de la centrale solaire à partir de trois à quatre mois, a assuré le directeur général de Chemtech. «Certes cette période va coïncider avec la saison des pluies, mais il faut savoir que les panneaux photovoltaïques peuvent résister à la pluie. Seulement, il faut reconnaître que durant l’hivernage, la couverture du ciel peut diminuer la quantité de lumière qui sera reçue directement du soleil à cause de la couverture du ciel par les nuages. Il faut dire qu’au mois d’août, on va produire moins d’électricité que le mois de juillet, mais cette électricité pourra bien servir les populations», a soutenu un des promoteurs.
Revenant sur les emplois que le projet va générer, Paolo Regano a soutenu que le personnel sera à 99,99% sénégalais. «Pour le recrutement du personnel, qui va travailler sur cette centrale solaire, il faut savoir que nous avons une équipe d’ingénieurs. Alors pour cette centrale solaire de Malicounda, il faut compter 4 à 5 ingénieurs italiens qui vont travailler dans ce projet. Ici, nous aurons 25 à 30 personnes durant deux mois, qui vont faire l’installation, le test et les connexions avec nos techniciens. Après cela, nous aurons à prendre 30 personnes à Malicounda ou dans la région ; ce personnel va assurer l’entretien et le nettoyage au préalable. Ce personnel sera formé pour apprendre tout ce qui est nécessaire afin d’intervenir dans la bonne tenue de cette centrale solaire. Ce qui est important, c’est que 99,99% du personnel seront sénégalais», insiste M. Regano.

Un projet qui rencontre l’adhésion des populations
La production d’énergie propre à partir d’une centrale solaire ne peut qu’être bénéfique pour les populations, car elle est sans danger, diront les populations de Malicounda. A en croire Serigne Babou, habitant le village de Keur Meïssa et par ailleurs président de l’Association des parents d’élèves de l’école primaire dudit village, impacté par la construction de cette infrastructure, Il n’y a pas de danger dans la construction de cette centrale, qui respecte les normes en matière d’environnement, car se trouvant à la limite du plan de lotissement de la commune. Tout de même, il déplore le manque de terre que les populations vont subir. «Cette centrale solaire est sans danger pour les populations, elle pouvait être même dans les maisons, mais compte tenu de la superficie que cette centrale a besoin, ce n’est pas possible. Certes, nous allons perdre des terres, mais compte tenu de ce que le promoteur a dit, nos enfants pourront bien étudier avec la construction d’un lycée au village. Il y a d’autres avantages, tels que le centre de santé, l’éclairage public, le périmètre maraîcher et tant d’autres infrastructures», s’est félicité Serigne Babou.
Selon notre interlocuteur, l’électricité n’est plus un luxe, mais une nécessité. C’est pourquoi, il loue la façon dont les négociations avec le promoteur ont été organisées, rien que pour tirer le maximum de profit pour les populations et pour la commune. Des propos confirmés par le chef de village Pape Meïssa Faye, qui confirme que les populations ont été associées du début à la fin du projet dans les négociations.
Aujourd’hui, les villages impactés par le projet sont Malicounda Wolof (Keur Meis­sa), Fandane Wolof et Sérère, Darou Thioubène, Keur Malick Bâ. Aujourd’hui, le promoteur a pris un ou deux jeunes dans chaque village pour commencer à travailler sur le projet.
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