Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Art et Culture

Réfection des Msad : Aloyse Diouf refuse de manufacturer Idy
Publié le lundi 18 avril 2016  |  Le Quotidien
Les
© Autre presse par DR
Les Manufactures sénégalaises des arts décoratifs




Quatre ans après le lancement du projet «Un service, une tapisserie» par le président de la République Macky Sall en 2012, la réaction des services de l’Etat reste timide, selon le directeur général des Manufactures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès. Aloyse Ndam Diouf qui revient sur la directive du chef de l’Etat dans cet entretien estime qu’elle aura un impact positif sur l’industrie culturelle qui produit plus qu’elle ne vend. Entre autres questions, le conseiller aux affaires culturelles a abordé le cinquantenaire des Msad qui sera fêté cette année, mais également le projet de diversification en cours des produits de l’entreprise culturelle.

Où en êtes-vous avec «Un service, une tapisserie», ce projet lancé par le président de la République Macky Sall sous l’ancien ministre de la Culture Youssou Ndour en 2012 en faveur de l’entreprise culturelle les Manu­fac­tures sénégalaises des arts décoratifs de Thiès ? Quatre ans après, combien de tapis avez-vous vendu ?
La directive a été donnée par le président de la République Macky Sall en 2012, mais la circulaire qui devait accompagner cette directive n’a été signée qu’en juin 2015 par le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne. Le président de la République a demandé, à travers ce projet, aux différents ministères, démembrements de l’Etat et services de l’Adminis­tration en générale, d’acheter une tapisserie des Msad. L’appel du chef de l’Etat c’est pour permettre aux Msad de redorer son blason, de se développer davantage, mais également d’aller vers des projets innovants pour qu’elles restent et demeurent le fleuron de l’industrie culturelle et créative au Sénégal et en Afrique de l’Ouest. Mais également que les Msad gardent son image à l’étranger. Une image de créativité et de qualité de ses produits qui ornent les plus grandes institutions du monde.

Est-ce qu’il y a eu des réactions de la part des services publics ?
Oui. Il y a eu des réactions de quelques ministères.

Combien ?
Nous avons livré une dizaine de tapisseries. D’autres ont réagi pour faire le choix des maquettes. Mais nous avons élaboré une démarche pour faire appliquer la directive. Il s’agit d’imprimer des catalogues et de les distribuer à l’ensemble des ministères, agences et directions de l’Etat et même à certaines structures privées.

Selon vous, qu’est-ce qui bloque ce projet ?
C’est la communication. Nous pensons qu’il faut insister sur cela. En ce sens, nous avons mis en place un site internet. En plus, nous sommes en train de préparer un publi-reportage pour présenter la structure et les offres dont nous disposons. Nous organisons également des descentes au niveau des différents ministères pour distribuer le deuxième catalogue qui vient de nous être livré et qui réunit l’ensemble du stock existant, c’est-à-dire les tapisseries qui sont déjà produites et qui sont là. Nous allons donc présenter ce catalogue aux différents ministères, services de l’Etat et entreprises privées pour leur montrer notre offre et par la suite négocier sur les prix. Aussi par rapport à l’application de la directive, nous allons inverser la démarche. Il ne s’agit plus de programmer le tissage d’une tapisserie. Il se fait maintenant en fonction de la commande. Actuellement, nous avons des tapisseries sous-métier, mais également au niveau de l’atelier de cartonnage, des cartons qui sont en train d’être réalisés et qui constituent des commandes qui ont été faites dans le cadre de la réaction de certains ministères.

Vous avez donc un stock assez important…
Oui. Nous avons une trentaine de tapisseries en stock.

En gros c’est une dizaine de tapisseries qui ont été livrées depuis le lancement du projet «Un service, une tapisserie» en 2012…
Oui, la réaction reste toujours timide. Lorsque la directive est sortie, nous étions en milieu d’exécution de l’année budgétaire. Ce qui fait que certains ministères n’avaient pas prévu l’acquisition de tapisseries dans leur plan de passation. Nous avons donc attendu cette année pour relancer et aller vers l’application de la directive.

Que devrait être, selon vous, l’impact de ce projet sur l’entreprise artistique que vous dirigez ?
Le projet va recapitaliser la structure, mais également augmenter les recettes des Msad. Aussi, il va nous permettre d’investir pour redorer le blason des Msad et rendre plus agréable l’espace dont nous disposons. Nous avons des bâtiments à réhabiliter, mais également l’environnement qu’il faut améliorer pour permettre aux visiteurs d’être plus à l’aise. Nous avons également initié un programme de formation qui va nécessiter un coût. Nous avons certes l’accompagnement de la Fondation Sonatel, mais il faudrait également qu’il y ait plus de moyens pour accompagner cette formation. Puisque notre ambition à la fin de cette formation est d’insérer les jeunes qui seront issus de cette formation. Tout cela, ce sont des coûts qui viendront s’ajouter à la subvention que nous recevons de l’Etat.

On se rappelle que le projet a été une demande très forte du personnel des Msad. Qu’est-ce qui l’explique ?
C’est parce que tout simplement le personnel s’était rendu compte que l’offre des Msad était supérieure à la demande. Nous avions un problème d’écoulement des produits. Le personnel veut vraiment qu’on aille vers l’application de ce projet parce que si la directive est appliquée, nous n’allons plus avoir de stocks en souffrance.

Les manufactures, c’était uniquement un seul produit : la tapisserie murale, de 1966 à 2013. Aujourd’hui, elles tissent de nouveaux supports comme le tapis de sol, de prière et le tissage de logotype. Bientôt ce sera le batik, la céramique, l’impression numérique, l’infographie, la sérigraphie. Pourquoi cette diversification ?
Cette diversification est nécessaire parce que plus nous diversifions nos offres mieux nous respirons puisque cela nous permet d’avoir des recettes. Et dans le décret portant organisation et fonctionnement des Manufac­tures sénégalaises des arts décoratifs qui date de 1974, il est bien mentionné dans un article l’aspect diversification des produits. Donc, c’était bien prévu d’aller vers la diversification. Maintenant, c’est avec le rythme, les opportunités et les dirigeants qu’on va petit à petit vers cette diversification. Elle sera beaucoup plus accentuée avec la formation insertion que nous sommes en train de mettre en place. Et dans le cadre de cette formation, nous avons le batik, la céramique et la tapisserie. Nous allons renforcer la tapisserie tout en diversifiant parce que le produit phare des Msad c’est la tapisserie.

Décembre 2016, les Manu­factures sénégalaises des arts décoratifs vont commémorer leur cinquantenaire. 50 ans au service de l’art, quelle a été votre contribution ?
Les Msad ont été inaugurées le 4 décembre 1966. Nous sommes donc à l’année du cinquantenaire. A travers cette date anniversaire, nous allons organiser des manifestations, des expositions et des activités qui ne seront pas faites juste pour le folklore, mais pour vulgariser et communiquer sur les Msad. Nous allons faire la rétrospective qui va regrouper toutes les personnes ressources qui vont évaluer les 50 ans des manufactures pour dire exactement ce qu’elles ont été pour le Sénégal. Mais déjà, nous pensons que les manufactures ont constitué un instrument de diplomatie pour le Sénégal et jusqu’à présent, elles jouent ce rôle. Tout récemment, le Président Macky Sall est allé aux Nations unies pour livrer la tapisserie «Magal de Touba» qui a été confectionnée ici aux Msad et qui constitue la maquette du premier directeur général des manufactures Pape Ibra Tall qui a été le premier à porter ce projet du Président Léopold Sédar Senghor. Donc, c’est un instrument de diplomatie qui a joué sur l’image du Sénégal et qui continue à le jouer. Parce que si vous allez dans des institutions internationales et que vous trouvez une tapisserie et on vous dit qu’elle a été tissée au Sénégal, c’est quelque chose de très fort qu’il faut sauvegarder.

De 150 à 260 millions de francs Cfa, la subvention de l’Etat à l’entreprise de tapisserie a augmenté. Est-ce suffisant pour relever les défis ?
Nous pensons qu’il faudrait que l’Etat continue encore à accompagner les Msad parce que malgré la directive du président de la République, nous avons encore des contraintes en termes de budget. Et nous pensons que par rapport aux ambitions, l’Etat peut encore faire des efforts en augmentant la subvention. Ce serait salutaire. C’est la volonté du conseil d’administration et du personnel. Nous avons un grand espace de 3 ha et le cadre mérite d’être amélioré. Tous les matins, nous tenons à ce que l’espace soit bien entretenu. Aussi, nous sommes en train de réhabiliter des bâtiments. Cette année déjà, trois bâtiments ont été réhabilités pour pouvoir accueillir le centre de formation que nous avons délocalisé. Et là où était le centre de formation, nous voulons en faire un bâtiment administratif pour rendre plus beau le cadre.

Les manufactures abritent aussi des chantiers inachevés nés des fameux chantiers de Thiès. Il s’agit des travaux du Village des arts et un bâtiment qui devait abriter l’administration de l’entreprise. Est-ce qu’il y a des réactions de la part des autorités étatiques pour une prochaine reprise des travaux ?
Je ne les touche pas.

Pourquoi ?
Vous savez que ce sont les chantiers de Thiès. C’est un problème de justice qui est là. Nous, nous n’avons juste fait qu’abriter. Donc, nous attendons de voir quelle suite sera réservée à ces chantiers.
Commentaires