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Virginité et chasteté: Quand le sacré se banalise
Publié le lundi 18 avril 2016  |  Enquête Plus




Autrefois, la société sénégalaise était réputée pour le caractère sacré de ses us et coutumes. Dont la chasteté des jeunes filles astreintes à se garder de toutes relations sexuelles jusqu’au jour du mariage. Aujourd’hui, une sorte de libertinage qui ne dit pas son nom, sous le silence complice de tous, semble avoir pris le pas.

Rester vierge jusqu’au jour de son mariage. C’était là, le casse-tête de toutes les filles qui avaient le devoir de relever ce défi, pour la sauvegarde de leur honneur et plus encore celui de leur famille. D’où le caractère sacro-saint que revêtait la nuit nuptiale qui hantait le sommeil des jeunes mariées. En effet, de cette nuit dépendait pour beaucoup son statut au sein de sa belle-famille, mais aussi la considération de son époux. Le respect et la considération dont cette dernière devait jouir dans sa nouvelle demeure, tout au long de sa vie conjugale, dépendait en grande partie de sa vie de jeune fille. Une sorte d’épreuve d’où la jeune mariée devait sortir avec un grand honneur ou salie à jamais. Sans compter le risque de perdre à jamais la confiance de son cher mari.

La préservation de cette virginité jusqu’au jour du mariage était, de ce fait, une exigence sur laquelle la société sénégalaise ne transigeait guère. Et cela donnait à la nuit nuptiale un caractère vénérable. En attestent toutes les festivités qui entouraient cette nuit qui était le moment autant attendu que redouté par les tantes paternelles de la jeune mariée et les proches parents. Ainsi que ceux du mari, qui également avaient besoin de se fixer sur la moralité de leur fille. Aussi, la tante paternelle de la jeune mariée prenait-elle le soin de montrer le pagne tacheté de sang à la famille et celle du mari, afin de prouver que leur fille était vierge.

Aujourd’hui, ces pratiques et considérations semblent rangées aux oubliettes. Les jeunes couples préfèrent aller dans les hôtels et auberges que de passer la nuit nuptiale à domicile sous l’attention et les yeux inquisiteurs de tous. Pour simplement dire que cette norme sociale semble avoir perdu son caractère sacré, car foulée au pied par les générations montantes au contact d’autres civilisations. Elle est également rudement mise à l’épreuve par les avancées de la médecine qui donne à la nouvelle mariée la possibilité de se faire poser un hymen artificiel, afin de pouvoir taire un passé « libertin » et tromper par conséquent tout son entourage. D’où cette interrogation : est-ce-que le sacré n’est pas en train de devenir banalité, avec une large porte ouverte à toutes les dérives sexuelles, au nom d’une autre valeur dite « liberté » que l’on confond souvent au libertinage ?

La médecine et l’éducation pointées du doigt

Cette question interpelle A. Ndiaye, un habitant de la capitale du Rail, qui parle de perte de valeurs. Il est d’avis que la société fait actuellement face à une perversion qui a atteint son summum, entraînant la perte de certaines valeurs comme la virginité. « Les grossesses précoces et non désirées, hors mariage, la prostitution entre autres pratiques ignobles, s’expliquent par le fait que les filles n’accordent plus d’importance à cette norme sociale. A cela s’ajoutent certains programmes qui ont commencé à être enseignés dans les établissements scolaires, telle que la sexualité qui permet à l’enfant, dès son entrée au collège, non seulement de connaître son corps, mais aussi de démystifier certaines choses. »

M. Ndiaye pointe aussi du doigt internet et certains médias qui « permettent à la nouvelle génération de visionner certaines scènes qui risquent d’éveiller en elle le goût de la découverte et, par conséquent, le désir de goûter au fruit défendu ». D’ailleurs, notre interlocuteur se demande : ‘’En quoi les jeunes filles d’aujourd’hui ont-elles besoin de se préserver, alors qu’il leur est possible d’acheter un hymen artificiel et tromper leurs maris ? »

La responsabilité des parents

Maman Bour Guéweul, une animatrice de thèmes sociaux dans une station radio, n’est pas loin de partager le même avis. Elle interpelle les parents. Selon elle, les filles ne tiennent plus à leur virginité, parce que les parents ont relativement démissionné de leur mission d’éducateurs. « Beaucoup de parents fuient leurs responsabilités. Ils ne s’intéressent plus à l’éducation de leurs enfants. Ce qui fait des filles des proies faciles face aux multiples tentations », dit-elle. A l’en croire, l’identification des filles à l’Occident constitue une des causes dudit phénomène. « Il faut que nos filles cessent de singer l’attitude de leurs sœurs occidentales. Car elles ont leurs valeurs et nous les nôtres », prévient-elle.

La dame regrette le déficit actuel de communication entre la mère et la fille. « Lorsque nous étions jeunes, ma mère avait l’habitude de nous rassembler, mes sœurs et moi, pour nous dire comment une fille doit se comporter. Elle nous disait que la virginité est le gage de respect le plus sûr pour toute fille », confie-t-elle. Ces enseignements, précise-t-elle, leur servaient de bréviaire en tout temps et en tout lieu et leur permettaient de marcher la tête haute.

Notre statut doit être prioritaire

Du côté des jeunes filles, on semble conscientes du fait qu’une valeur se perd. Awa Diop, la vingtaine, invite ses congénères à être plus regardantes sur leurs faits et gestes, à se respecter et à comprendre que la fille n’a rien de plus cher que sa virginité. « Il faut que nous préservions ce que nous avons de plus cher, afin de pouvoir sauvegarder notre statut. Ce qui ne peut se faire qu’en arrêtant de monnayer notre virginité. »

Toutefois, la jeune fille pointe du doigt les hommes. Pour elle, ces derniers ne sont pas exempts de tout reproche par rapport à ce phénomène. « Il faut que nous soyons beaucoup plus intelligentes et conscientes pour éviter d’être victimes des tentations, en retournant à nos traditions, seules solutions aptes à nous aider à garder notre dignité. »

OUSTAZ IRAN NDAO

« Le ‘laabaan’ n’est ni reconnu encore moins recommandé par l’Islam »

« Pourquoi manger un fruit ailleurs, alors qu’on a la possibilité de le savourer au pied de l’arbre où on l’a cueilli ? »A travers cette interrogation, le célèbre prêcheur de la cité du Rail, Ibrahima Badiane alias Iran Ndao, met les pieds dans le plat. Pour lui, la logique voudrait que l’on passe la nuit nuptiale chez soi, quand on n’a rien à craindre. « Il est plus responsable de prouver sa chasteté au milieu de ceux qui vous ont vu naître et grandir que d’aller se réfugier dans une chambre d’hôtel. » De quoi le jeune couple qui passe sa première nuit à l’hôtel a-t-il peur ? Iran Ndao de rappeler l’importance que la religion accorde à la chasteté en général et pour les jeunes filles en particulier. Aussi leur recommande-t-il de se garder de tout acte sexuel jusqu’au mariage, car la virginité est l’une des plus grandes qualités dont une fille peut s’armer pour gagner et conquérir le respect et la confiance de son mari. Aussi, estime-t-il que c’est la perte des valeurs qui a fini de gangrener la société, au point de lui faire perdre tout sens de la vertu.

Même si Iran Ndao insiste sur la nécessité pour la fille de rester vierge jusqu’au mariage, il n’en conteste pas moins toutes ces festivités qui entourent la nuit des noces communément appelées ‘laabaan’. Le prêcheur fait savoir que cette cérémonie n’est ni reconnue encore moins recommandée par l’Islam. « Le fait de vilipender deux personnes qui ont passé leur nuit de noces est un acte irrespectueux et ignoble », martèle-t-il. « Ce qui s’est passé dans le secret de leur chambre ne concerne personne d’autre, sinon, ils l’auraient fait dans la cour au vu et au su de tout le monde. » Iran Ndao de poursuivre : « Cette nuit a été initiée pour encourager les jeunes filles à se préserver jusqu’au jour de leur mariage. Mais aussi pour leur permettre de laver leur honneur par rapport à toutes les médisances dont elles ont peut-être eu à être l’objet. »

Mais constate-t-il, ces ‘laabaan’, même abjects, sont devenus une denrée rare, faute de virginité chez la plupart des jeunes mariées ». Un état de fait qui, selon Ibrahima Badiane, témoigne du niveau de perversion et des contre-valeurs qui ont fini de prendre le dessus sur toutes les valeurs et croyances qui fondent notre société.
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