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Fonctionnement de l’Administration pénitentiaire : Daouda Diop marque sa cellule
Publié le jeudi 14 avril 2016  |  Le Quotidien
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© Autre presse par DR
Des prisonniers de la Maison d`Arrêt et de Correction de Rebeuss ont entamé une grève de la faim




Sa nomination controversée à la tête de l’administration pénitentiaire est devenue son énergie. Daouda Diop, qui veut donner un souffle nouveau à ce service, a entrepris le toilettage des textes et rappelé à ses côtés les jeunes inspecteurs.

Le Colonel Daouda Diop serre les rangs. Sa nomination avait entraîné une levée de boucliers de la part de certains gradés de l’administration pénitentiaire qui en ont eu «marre» d’être dirigés «systématiquement» par un corps étranger. Lui est en train de marquer son territoire au sein d’une administration où il n’a pas été accueilli à bras ouverts. Installé à la tête de ce service public, Daouda Diop a entrepris de donner un souffle nouveau à ce corps et diligenté sa réorganisation en rappelant à la direction plusieurs inspecteurs dont Idrissa Sow, Agnès Ndiogoye, Mbaye Sarr et Samba Yacine Diop. Un inspecteur de l’ad­ministration pénitentiaire sous anonymat explique ce réajustement : «Ces affectations répondent à un besoin du directeur de réorganiser et de donner un souffle nouveau à cette direction. Il veut combler un gap avec la mise en place de nouveaux textes et un nouveau statut à l’administration pénitentiaire qui se trouve être très lésée par rapport aux autres corps paramilitaires. Son style est prometteur et participatif. Il donne une bonne impression de vouloir changer les choses.»
D’autres matons interprètent cette décision comme une volonté de Daouda Diop d’avoir à l’œil certains hauts responsables. «En procédant de la sorte, Daouda Diop veut avoir à l’œil ces inspecteurs soupçonnés à tort ou à raison d’être les rédacteurs et instigateurs de cette lettre qui contestait sa nomination. En les rappelant à Dakar, il sacrifie le volet réinsertion parce que ces agents qui sont des concepteurs et avaient très tôt compris que la réinsertion sociale des détenus était aussi un pari à gagner et depuis lors, ils s’y attèlent», exprime un maton. Agnès Ndiogaye, qui a abattu un «bon travail» à Saint-Louis a été bombardée chef de service de la Communication, du bureau des relations internationales et porte-parole de la direction. «Presque un poste sédentaire», regrette-t-on. Samba Yacine Diop, ex-directeur de la prison de Kolda, devient le nouveau chef de la division enquête de l’administration pénitentiaire. Idrissa Sow, ex-directeur de la Maison d’arrêt et de correction de Diourbel, a été promu chef de la division de la Législation, des statistiques et des établissements pénitenciers.
Il faut rappeler, qu’à travers une lettre conjointe, plusieurs cadres pénitentiaires, directeurs de plusieurs établissements pénitentiaires du pays, dénonçaient «une décision inopportune, inélégante et très mal accueillie par la famille pénitentiaire», en mettant en parallèle le processus d’évolution historique de l’administration pénitentiaire vers l’autonomisation et la modernisation de son service public. Son expérience n’avait pas convaincu les matons qui soutenaient qu’il était «un simple commandant de brigade» en 2002 alors que certains cadres supérieurs de l’administration pénitentiaire avaient déjà totalisé plus de vingt années d’expérience professionnelle en qualité d’officiers. D’ailleurs, le vice-président de l’Association des retraités de l’administration pénitentiaire donnait raison à ses jeunes collègues : «Est-ce qu’on peut imaginer un inspecteur de l’administration pénitentiaire nommé à la tête de la gendarmerie ou de la police ? Cela créerait des remous. Pourquoi alors on nomme un gendarme à la tête de l’administration pénitentiaire ? C’est comme si les agents étaient incapables de prendre leur destin en main or ils sont bien capables vu qu’ils ont la compétence et l’expérience et connaissent mieux les réalités de leur corps. Plusieurs agents sont des doctorants ou sont comme lui, titulaires d’un master II en droits de l’Homme et droit d’exécution des peines sans compter une expérience acquise grâce au système des Nations-Unies.» Mais, les cadres de l’administration pénitentiaire ne savaient-ils pas que les textes qui régissent leur profession disent clairement que «l’administration pénitentiaire ne peut être dirigée que par un Colonel de gendarmerie ou un commissaire de police divisionnaire». Face à cette résistance, qui couvait, le Président Macky Sall pris un décret pour élever Daouda Diop au grade de colonel, un grade qui n’est détenu par aucun maton. Ce décret de nomination au grade de colonel était même mal perçu au niveau de la marée-chaussée où certains officiers rouspétaient en silence : «Pourtant, il y a plus ancien que Daouda Diop au grade de lieutenant-colonel et voilà que lui est élevé à cette station. C’est du jamais vu.» Même pas prophète chez lui.

La longue marche de la Dap

Créée par décret 62-0209 du 28 décembre 1962 d’abord comme service de l’administration pénitentiaire et de l’éducation surveillée, l’administration pénitentiaire, qui dépendait du ministère de la Justice, sera ensuite logée au ministère de l’Intérieur sous l’appellation de service de l’administration pénitentiaire. C’est le 28 juin 1971 que ce service sera érigé en direction. Vingt-sept années plus tard, précisément le 17 janvier 1998, l’administration pénitentiaire revient et retourne au ministère de la Justice, suite à la décision de l’Etat de confier au pouvoir judiciaire, gardien des droits et libertés individuels, le contrôle de l’exécution de la peine et de prévoir son intervention dans la mise en œuvre de la sanction pénale tant en détention qu’en milieu ouvert. En 2007, le décret n° 2007-951 du 7 août 2007 abrogeant et remplaçant le décret n° 79-386 du 9 mai 1979 fixant les modalités d’application de la loi n° 72-23 du 19 avril 1972 relative au statut du personnel de l’administration pénitentiaire modifiée, a été pris par le Président Abdoulaye Wade. Il est ainsi créé pour la première fois de l’histoire du Sénégal, le corps des inspecteurs de l’administration pénitentiaire.
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