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Babacar Gaye (porte-parole du Pds): ‘’Macky et Mimi ne réussiront jamais à faire courber l’échine à Karim’’
Publié le lundi 11 avril 2016  |  Enquête Plus
CREI
© aDakar.com par DF
CREI - Les Avocats de Karim Wade vont saisir la Cour Suprême
Dakar, le 23 mars 2015 - La Cour de répression de l`enrichissement illicite a condamné Karim Wade à 6 ans de prison ferme et à une amende de 138 milliards de francs Cfa. Ses avocats ont déclaré à l`occasion d`une conférence de presse, qu`ils vont saisir la Cour Suprême. Photo: Babacar Gaye, porte parole du Pds




L’affaire dite des ‘’Panama papers’’ semble donner un nouveau souffle à la fameuse traque des biens mal acquis. Et derrière ce scandale qui éclabousse beaucoup de pays africains et occidentaux, le porte-parole du Parti démocratique sénégalais voit une volonté manifeste du régime ‘apériste’’ de nuire davantage au fils de l’ancien Président Wade. Mais selon Bababcar Gaye, ni le Président Macky Sall, ni son ex-Premier ministre Aminata Touré ne parviendront à faire courber l’échine à Karim Wade. Dans cet entretien avec EnQuête, il tire aussi les enseignements du référendum du 20 mars dernier

L’actualité nationale et internationale reste dominée par l’affaire dite des ‘’Panama Papers’’ dans laquelle est cité le nom de votre candidat, Karim Wade. Quel est votre avis sur le sujet ?

Karim Wade n’a jamais été personnellement cité parmi ceux qui sont propriétaires de sociétés offshores au Panama. Mamadou Pouye n’est pas Karim Wade même s’il est son ami d’enfance. Que je sache en droit pénal, le délit est personnel. Encore qu’il n’y ait rien d'illégal de domicilier ses affaires dans les paradis fiscaux comme Panama si les transactions financières qui y sont faites ne souffrent d’aucune irrégularité. En quoi Karim Wade serait-il impliqué si Mamadou Pouye, Consultant financier de profession, n’aurait pas payé des impôts et taxes qu’il devrait au fisc sénégalais sur la base de ses activités ? A moins que l’on invente un nouveau délit d’amitié ou de proximité à imputer à Karim Wade qui a été blanchi de tout délit de corruption ou de détournement de deniers publics. L'amalgame que les thuriféraires de ce régime veulent faire avec cette affaire est malsain et provocateur.

Comment appréciez-vous la sortie de l’ex-ministre de la justice, Mimi Touré sur la question ?

Les accusations d’Aminata Touré n’ont de fondements que la haine qu’elle nourrit à l’encontre de Karim Wade et sa rancœur procède de l'échec retentissant de sa politique de chasse aux sorcières pompeusement baptisée “traque des biens mal acquis”. De ministre de la justice à Premier ministre, elle s'accommode bien de son poste actuel de fier-à-bras d’un régime qui peine à justifier son impopularité. Au demeurant, on comprend bien cet appel du pied à Macky. On dirait qu’elle se verrait bien chef des services fiscaux à la place de Mame Boye Diao afin de procéder au recouvrement des droits de l’Etat que les sociétés de Pouye aurait indûment éludées. En attendant, Mme Mimi Touré devrait s’employer à éclairer la lanterne des Sénégalais sur la place de choix que ces proches du régime de Macky Sall occupent dans les “Panama papers”.

Ces nouvelles accusations ne risque-t-elle pas de corser davantage le dossier judiciaire de Karim Wade ?

Et comment ? Karim Wade a été condamné pour enrichissement illicite sur la base des biens appartenant à des tiers. Il est détenu arbitrairement au mépris de l’avis du Groupe de travail des Nations unies qui a confirmé sa décision d’avril 2015, déboutant ainsi le Sénégal de sa demande de révision. Dans l’arrêt de la Crei, il n’a été question ni de détournement de deniers publics ni de délit de corruption. En quoi le dossier Karim Wade serait-il concerné par ces accusations sans fondements aussi fallacieuses que malintentionnées pour nuire à la probité d’un homme qui a fini de convaincre de son courage, de sa dignité et de sa combativité face à l’épreuve. Ils perdent leur énergie ; Macky Sall et Mimi Touré ne réussiront jamais à lui faire courber l’échine.

L’affaire Aida Ndiongue est remise au goût du jour avec sa condamnation par le tribunal correctionnel de Dakar. Quel commentaire en faites-vous ?

Attention à la désinformation et à l’amalgame. Le tribunal correctionnel avait rendu une décision relaxant purement et simplement Mme Aissatou Ndiongue et ses coprévenus, à la satisfaction générale de tous ceux qui pensaient que derrière cette affaire, le pouvoir visait à neutraliser une grande responsable du Pds et des principaux soutiens politiques de son leader Oumar Sarr. C’est à la suite de l’appel du procureur, bras armé de la chancellerie, que la Cour d’Appel a rendu un arrêt le condamnant à un an de prison avec sursis avec une restitution de ses biens. Comme Mme Aissatou Ndiongue avait déjà fait plus d’une année de détention préventive, on peut penser que les juges d’appel ont voulu éviter une humiliation du parquet qui vient de se pourvoir en cassation. Attendons l’arrêt de la Cour de Cassation avant de faire des commentaires hâtifs. En tout état de cause, la chasse aux sorcières est en train de tirer ses dernières cartouches sans gros gibier dans un contexte de blanchiment tous azimuts de ceux qui acceptent de transhumer.

Comment appréciez-vous le discours du 03 avril du président de la République Macky Sall qui a beaucoup mis l’accent sur les questions de sécurité, d’économie et d’emploi des jeunes ?

Rien de nouveau sous les projecteurs du palais. Par moments, je croyais entendre le Président Abdou Diouf lire un texte. Le chef de l’État s’est conformé à la tradition en délivrant un discours à l'occasion de la célébration de notre accession à la souveraineté internationale. C’est toujours à cette occasion que le président de la République, Chef des armées, envoie un message de réarmement moral à nos forces de défense et de sécurité et rappelle à la nation ses devoirs de formation et d'encadrement des jeunes. Le Président Macky Sall n’a pas dérogé à la règle. Par contre, il a voulu se forger un bilan poussif autour d'un taux de croissance porté par des entreprises contrôlées par le capital étranger. Cette croissance de 6.5% n’a aucune signification positive pour le Sénégalais lambda qui meurt faute d’un équipement médical adéquat et une école en paralysie depuis fort longtemps.

Pour preuve, après avoir reconnu l'échec de son Gouvernement à apurer les dettes de 22 milliards dues aux enseignants et sans convaincre, le président a tenté de rassurer le secteur de l'enseignement par des promesses encore mirobolantes à l'horizon 2017. Dans la même veine, il appelle au travail sans créer les 500 000 emplois promis dans son fumeux programme Yoonu yokkute. Par ailleurs, il doit se mettre à l'évidence que dans les marchés, sur les quais de pêche, dans les champs et aux abords des axes routiers, les Sénégalais se multiplient par quatre pour assurer leur dépense quotidienne. Au lieu de les encourager et de les soutenir, il a naguère déserté ses bureaux et demandé à ses ministres ainsi qu'à ses directeurs généraux d'abandonner le service public pour battre campagne lors du référendum. Il doit commencer par donner l'exemple d'un président travailleur.

Et sur le plan politique…

Sur le référendum, le président persiste dans son erreur qui a fini de diviser le pays en deux camps. Même si le OUI a gagné, le président aurait dû tirer les leçons du message envoyé par 38% des Sénégalais qui lui ont dit NON et la majorité silencieuse qui a préféré afficher un désintérêt sans précédent à sa constitution. Le discours de cette année aurait dû être axé sur la nécessité d'un dialogue politique fédérateur après le mal que le référendum a fait à la cohésion nationale. Ce consensus autour de l'essentiel est devenu une nécessité tant notre pays est au cœur de la problématique du terrorisme. Je reste convaincu que le Président Sall ne sait pas prendre de la hauteur pour jouer son rôle et pour promouvoir un leadership ouvert et désincarné.

Or, sans un esprit de rassemblement le pays restera toujours dans des zones de turbulences. Le Sénégal n’a rien à faire dans cette confrontation entre ces nations qui ont des comptes personnels à régler et les jihadistes. Par conséquent, il endossera seul la responsabilité de ses choix diplomatiques sans un large débat comme c’est la règle dans les pays de démocratie majeure.

L’opposition liguée comme un seul homme a été défaite lors du référendum du 20 mars dernier par la coalition de Macky Sall. Cette contre-performance ne traduit-elle pas un rejet des populations ?

Absolument pas ! D’ailleurs, c'est pourquoi cette victoire à la Pyrrhus n'honore pas le Président Macky Sall qui avait pourtant promis une profonde réforme des institutions. En deux semaines de préparation et sans moyens, le courant du NON a toutes les raisons de pavoiser en réalisant un score historique de 38% en dépit des fraudes constatées partout et la démultiplication des bureaux fictifs. Macky Sall a sa constitution taillée sur mesure mais perd la confiance des Sénégalais qui ont dénoncé le reniement historique d’un homme qui se voulait champion de l’éthique politique, de la rupture et de la gestion vertueuse.

Après le référendum, comment votre parti compte-t-il aborder les prochaines échéances électorales ?

Le référendum n’a jamais constitué un enjeu pour le Pds qui s’organise pour revenir aux affaires le plus rapidement possible. Le seul intérêt qu’on lui trouve est le test grandeur nature de notre capacité à créer les conditions d’une forte coalition contre Macky Sall. Nous verrons avec nos alliés au sein du Front patriotique pour la défense de la République et ceux de la coalition du NON comment poursuivre les expériences de coopération en directions des prochaines élections. J’estime que, sans préjuger de ce qu’en penseraient mes collègues du Comité directeur, l’heure est aux grands ensembles pour anticiper sur la demande politique et élaborer une meilleure offre crédible et porteuse d’espérance.

L’idée d’un dialogue politique entre pouvoir et opposition est de plus en plus agitée. Le Pds est-il partant ?

Conformément à notre projet de société, le Pds est toujours favorable à un dialogue politique. Mais faudrait-il qu’il soit d’objet, sincère, inclusif et sans remettre en cause l’équilibre du jeu démocratique. Si l’idée du dialogue concerne les modalités de mise en application des 15 points ou 18 selon Ismaila Madior Fall, je ne pense pas que la Pds serait intéressé pour la simple raison que le Président Macky Sall, habitué du forcing, n’a pas jugé nécessaire d’en discuter avec son opposition préalablement à toute soumission au référendum. Par voie de conséquence, le moment venu, nous apprécierons l’offre de dialogue en toute responsabilité avant de nous prononcer.

Comment avez-vous accueilli la levée, par le régime, de l’interdiction de sortie du territoire national du coordonnateur du Pds, Oumar Sarr ?

Cette interdiction était manifestement illégale d’autant qu’elle ne procédait pas d’une décision du juge, seul habilité à restreindre les droits inaliénables d’aller et de venir de la personne humaine. Ce n’est que justice si l’administration se rappelle qu’elle est assujettie au droit.

Comment appréciez-vous les récentes sorties d’Ousmane Ngom qui, après avoir démissionné de son poste de député libéral, a mis en place son propre mouvement avant d’accuser l’opposition d’être en collision avec des djihadistes ?

Les propos de Ousmane Ngom sont saugrenus, excessifs et mal à propos. Dansokho ne ferait pas mieux. Ils sont d’autant malheureux et irresponsables que le bonhomme venait de confirmer à ceux qui en doutaient encore tout le mal que l’opinion pensait de ce second coup de poignard porté au dos de Me Wade, son plus que bienfaiteur. C’est affligeant comme attitude de fin de carrière politique.
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