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Blocus de la Transgambienne : Macky Asphyxie Jammeh - Le Président gambien supplie le Sénégal de lever le boycott - Banjul se plaint auprès de la Cedeao
Publié le samedi 2 avril 2016  |  Le Quotidien
Ouverture
© Abidjan.net par Atapointe
Ouverture du 44è sommet de la CEDEAO à Yamoussoukro en présence de 14 chefs d`Etat
Le 44è sommet ordinaire de la Communauté économique des Etats de l`Afrique de l`Ouest (CEDEAO) s`est ouvert, vendredi, dans la capitale politique et administrative de la Côte d`Ivoire, Yamoussoukro en présence de 14 Chefs d`Etat de la sous-région ouest-africaine. Photo: Yaya Djammeh, président de la République du Gambie




Longtemps maître du jeu diplomatique, Yahya Jammeh a été pris à sa propre stratégie et perdu par ses humeurs. Le blocus de la frontière qui l’a mis aux abois est en train de le pousser à reconsidérer ses positions de jusqu’au-boutiste qui ont fini par agacer le Sénégal.

Ivre de son pouvoir, le Prési­dent gambien s’est longtemps considéré comme la boussole des relations diplomatiques entre Dakar et Banjul. Mais les problèmes économiques qui secouent son pays sont en train de le désarmer et même le dégonfler. Même si, officiellement, les pré­judices du mariage, au bord de la rupture, ne sont toujours pas évalués, il est presqu’au bord de l’asphyxie.
Hier, il devait s’ouvrir à Dakar une réunion mixte de 48h pour tenter de rapprocher les positions. On a abouti au constat que les négociations n’ont pu se tenir. Selon la Rfm, la délégation gambienne, qui devait être composée de 30 personnes dont 5 ministres et 10 directeurs de Cabinet, a joint la partie sénégalaise mercredi pour annuler sa participation à la rencontre. La raison ? Dr Yahya Jammeh a convoqué une session parlementaire d’urgence, poursuit-elle.
Ce revirement gambien montre qu’il est presqu’impossible de lire les pensées du Président gambien. En revanche, le site gam­bien freedomnews­paper­.com a­vance que le Sénégal a provoqué l’annulation de la réunion en soutenant qu’il «ne peut y avoir des entretiens fructueux avec l’exclusion du Syndicat des transporteurs sénégalais. La délégation de Banjul a été renvoyée au Syndicat des transports sénégalais pour tracer la voie à suivre sur la résolution de l’impasse frontalière». Selon le site gambien, Dr Jammeh avait demandé à ses émissaires «de dialoguer avec les Sénégalais pour la réouverture de la frontière». «Maintenant, Jammeh n’exclut pas de considérer la demande du Syndicat des transporteurs sénégalais. Sans le Sénégal, il est inutile d’avoir des ports. Notre économie dépend du Sénégal», poursuit un fonctionnaire. «Jammeh a menacé de nous brûler vivants ou de nous envoyer en prison si nous rentrons en Gambie, sans consensus avec les autorités sénégalaises. Il est de plus en plus préoccupé par la fermeture de la frontière. En général, Jammeh n’est pas quelqu’un qui supplie les gens pour quelque chose. Il pense que la Gambie est une île. Cette fois-ci, il implore le Sénégal de rouvrir la frontière», a renchéri un ministre d’Etat qui devait faire partie de la délégation.

Soft-affrontement
En tout cas, le Sénégal n’était pas demandeur de la rencontre bien que les deux parties n’excluent pas de se retrouver à nouveau, car conscientes que la crise actuelle ne peut se résoudre qu’autour d’une table. Cette an­nu­lation gambienne et ce début de concertation témoi­gnent des obstacles qui restent à franchir pour régler ce différend d’une complexité extrême et qui englo­be plusieurs questions stratégi­ques. C’est avec les pouvoirs pu­blics que le bras de fer est désormais engagé.
Présentement, l’Etat ne veut pas diluer sa détermination en pri­vilégiant des compromissions qui vont le rattraper dans quel­ques mois. D’autant plus que Dakar a fait des concessions par rapport à plusieurs schémas qui avaient été envisagés pour conserver les rapports de bon voisinage et supporter les humeurs de l’enfant de Kanilaï. Tout en sachant que tout cela est cher payé.
Aujourd’hui, l’attitude de Jammeh agace sérieusement Dakar qui a du mal à comprendre la position ambigüe de Banjul. Dans l’ordre du jour des discussions qui devaient avoir lieu hier, les autorités sénégalaises avaient prévu de discuter de la traversée de la transgambienne, des licences de pêche attribuées aux pêcheurs sénégalais par le gouvernement gambien et surtout de la question des gros-porteurs.
Elle est à l’origine de toute cette crise après que les autorités gambiennes ont décidé d’augmenter unilatéralement la taxe imposée aux camions de mar­chandise sénégalais qui transitent dans leur pays à 400 mille francs Cfa. La mesure a été an­noncée aux douaniers sénégalais basés à la frontière par leurs frères gambiens en violation du principe de la Cedeao sur la libre circulation des personnes et des biens. Cette décision avait pou­ssé les syndicats des transpor­teurs à appeler au boycott de la transgambienne. Asphyxiée, la Gam­bie est allée se plaindre au­près de la Cedeao en soutenant que le Sénégal est en train de l’étouffer économiquement. Quel paradoxe !
Sur les faits, Yahya Jammeh a raison. La tension est palpable au niveau de la frontière. Les gabelous sénégalais, qui serrent la vis, n’autorisent que le passage des denrées périssables comme les légumes qui sont transportées par des charrettes, selon des interlocuteurs contactés au niveau de la frontière. Le blocage des camions, chargés de combustibles et particulièrement de fuel, en provenance du Sénégal, soumis à plusieurs contrôles, a entraîné la baisse de la production énergétique provoquant un rationnement dans la distribution de l’électricité. Ils ne délivrent de passavants qu’aux compatriotes qui disposent de titres de séjour. De l’autre côté aussi, les tracasseries ont repris au grand dam des voyageurs. Cette crispation des relations, dans un contexte de soft-affrontement, reverdit d’autres zones sénégalaises qui profitent du blocus de la transgambienne. C’est la solution de l’avenir pour tirer Jammeh de son ivresse.
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