Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Sénégal/Gambie: La vérité sur une supposée rencontre avortée
Publié le samedi 2 avril 2016  |  Enquête Plus
Un
© RFI par Getty Images
Un camion sénégalais chargé d`arachide. La traversée de la Gambie par les poids lourds sénégalais constitue un problème récurrent dans les relations entre les deux pays.




Un nouvel épisode dans le blocage aux frontières entre le Sénégal et la Gambie a tenu en haleine, ce jeudi, les passionnés de la relation en dents de scie entre les deux pays. Il s’agit notamment d’une supposée rencontre avortée qui devait se tenir, hier, dans un hôtel grand standing de Dakar. Mais la vérité dans cette histoire est que la propagande du régime gambien a réussi un bon coup dans les médias du Sénégal.

Le régime gambien est certes sous la corde raide, mais il reste tout de même une machine de propagande redoutable lorsqu’il s’agit d’élever Yahya Jammeh comme sauveur de son peuple. Et cela a été le cas ce jeudi lorsqu’il a profité du buzz qui lui a été fait au Sénégal pour une nouvelle fois développer son agenda devant les députés de son pays. En effet, beaucoup de non-dits ont entouré l’information partagée dans les médias sénégalais selon laquelle, une rencontre aurait été programmée jeudi à Dakar puis annulée parce que le Président gambien aurait convoquée une session d’urgence de son Parlement.

La vérité sur les Gambiens installés dans un hôtel de Dakar

Une délégation de Gambiens est bien arrivée dans un hôtel de Dakar. Mais en réalité, il s’agit d’un groupe composé de mandataires de la Société nationale gambienne d’eau et d’électricité NAWEC et leurs accompagnants. Leur mission à Dakar était de trouver de toute urgence du lubrifiant en quantité suffisante pour éviter de graves pannes aux groupes des centrales électriques de Kotu et de Brikama qui risquent de couler à tout instant. Il n’y a plus une seule goutte de lubrifiant, de l’huile moteur généralement importée du Sénégal. A cause du blocus à la frontière, les maintenanciers ne procèdent plus à la vidange régulière de ces machines dont beaucoup sont à l’arrêt. Ajouté à l’impossibilité d’importer du fuel pour faire tourner les quelques groupes qui sont en état de le faire, les délestages sont redevenues la norme, partout en Gambie.

Arrivés à Dakar, les Gambiens vus dans cet hôtel de la capitale sénégalaise se sont procuré de grosses quantités de lubrifiants qu’ils ont tenté d’embarquer au Port Autonome de Dakar, à bord d’un conteneur qui a vite été identifié par les autorités compétentes. Le chargement n’ayant pu être effectué, les Gambiens sont retournés à leur hôtel.

Yahya Jammeh, Macky Sall, la commission mixte et la CEDEAO

Dans l’une de nos livraisons, nous révélions une rencontre à Banjul entre le tout nouvel ambassadeur du Sénégal en Gambie, Paul Badjie et la vice-présidente gambienne Aisatou Njie Saidy. A l’issue de cette rencontre, il était bien question de soumettre aux chefs d’État du Sénégal et de la Gambie des propositions allant dans le sens de débloquer des concertations pour aplanir les divergences relatives à plusieurs questions qui fâchent. Mais fidèle à son habitude, le leader gambien est entré dans une colère noire lorsqu’il a appris que son opposition qui s’est organisée dans une nouvelle plate-forme appelée "Gambia opposition for electoral reforms" (GOFA) a saisi le Président Macky Sall, en sa qualité de Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). En réalité, l’opposition gambienne demande à Macky Sall d’activer le levier de la CEDEAO pour que le Président Yahya Jammeh accepte des réformes électorales en prélude des élections présidentielle et législatives de décembre prochain en Gambie. En réponse, le chef de l’État gambien charge son gouvernement de saisir la commission de la CEDEAO pour accuser le Président en exercice de cette communauté d’enfreindre la libre circulation des personnes et des biens entre le Sénégal et la Gambie.

Une source au ministère gambien des Affaires étrangères nous explique d’ailleurs qu’il y a toujours des préalables avant l’organisation d’une rencontre dans le cadre de la commission mixte entre le Sénégal et la Gambie. "Les gens ne se seraient pas directement rencontrés dans un hôtel, surtout qu’il y a des tensions à apaiser avant un tel forum", explique notre source.

Yahya Jammeh dicte l’agenda une nouvelle fois

Jammeh a donc réussi son coup de pub gratuite en faisant croire en Gambie que le Sénégal était ouvert à un dialogue pour rouvrir les frontières. Et comme par hasard, l’affaire coïncide avec son apparition devant les députés, il donne l’impression aux Gambiens que le blocus à la frontière n’est pas sa tasse de thé, mais que l’urgence ce sont les questions domestiques qu’il va aborder devant les députés. C’est pourquoi Yahya Jammeh en a profité pour dire combien le monde entier n’aime pas la Gambie, un pays qu’il dit avoir transformé en "terre d’hommes libres qui ne sont pas assujettis à l’esclavage de l’Occident". Et l’homme fort de Banjul d’annoncer qu’un nouveau projet de loi est sur la table des députés pour effectuer une modification constitutionnelle à partir de laquelle, la Gambie sera officiellement un État islamique avec la Charia qui sera appliquée comme la loi fondamentale pour les musulmans vivant en terre gambienne.
Commentaires