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Consommation de tabac : 6% des Sénégalais fument
Publié le vendredi 25 mars 2016  |  Le Quotidien
Un
© Autre presse par DR
Un mégot de cigarette




Une enquête détaillée sur le tabagisme au Sénégal, réalisée par l’Agence Nationale de la Statistique et de la Démographie, présente une étude sociologique sur ce fléau. A travers des observations statistiques, elle vise à pointer les enjeux à relever dans le cadre de la lutte anti-tabac.

L’Enquête mondiale sur le tabagisme chez les adultes (Global Adult Tobacco Survey, Gats) est, selon les mots du rapport : «La première enquête nationale représentative des adultes au Sénégal, permettant le suivi systématique du tabagisme chez les adultes et le suivi des indicateurs clés de lutte contre le tabagisme.» Son dessein est d’aider le pays «à concevoir, mettre en œuvre, et contrôler des programmes et politiques de lutte anti-tabac». Le principal intérêt de ce rapport est de dresser un tableau sociologique à travers des statistiques. Il permet d’avoir une idée des habitudes, des difficultés que rencontrent les fumeurs afin de savoir plus précisément à quel niveau agir. Ainsi, on apprend qu’au Sénégal, un demi-million d’adultes utilisent actuellement les produits du tabac, soit 6% de la population. Le tabac à fumer est la principale forme d’utilisation avec 5,4% des adultes soit 420 000 qui sont concernés. On peut noter la différence entre hommes et femmes : parmi les fumeurs de tabac, on recense 10,7% d’hommes pour seulement 0,3% de femmes.
Si l’on découpe la question en catégories d’âge, on s’aperçoit que la tranche des 15-24 ans est bien moins touchée par le tabagisme que les 25-44 ans ou les 45-64 ans qui sont les plus gros fumeurs. En revanche, l’enquête dévoile une statistique inquiétante qui relate que «parmi les adultes ayant déjà fumé quotidiennement âgés de 20-34 ans, 71,6% ont commencé à fumer avant l’âge de 20 ans». En milieu rural, la statistique monte jusqu’à 36,7%, avant 15 ans cette fois-ci.

Un indicateur pour la lutte anti-tabac
Au-delà du tableau sociologique, l’objectif du rapport est de poser les bases pour une bonne lutte contre le tabagisme. D’un point de vue législatif d’abord, le Gouvernement a voté en 2014 une loi «relative à la fabrication, au conditionnement, à l’étiquetage, à la vente et à l’usage du tabac». Cette nouvelle loi introduit des mesures en conformité avec les exigences de la Convention-cadre de l’Oms pour la lutte antitabac (Cclat), que le Sénégal a ratifiée en 2005. Elle est notamment supposée interdire de fumer dans des lieux publics tels que les établissements de soins de santé, les établissements d’enseignement, les bâtiments administratifs, les lieux de travail fermés et les transports publics. Pourtant, le document rapporte qu’en matière de tabagisme passif, lors des 30 derniers jours précédant l’enquête, parmi les adultes de plus de 15 ans, 4,7% ont affirmé avoir été exposés à la fumée dans les bâtiments gouvernementaux, 3,0% dans les établissements de santé ou encore 7,8% dans les transports publics.
Le Docteur Abdoul Aziz Kassé, dirigeant de la Ligue sénégalaise contre le tabac (Listbab), expliquait au début du mois au magazine Enquête +, qu’il y a «de dispositions très nombreuses qui sont prises et qui nécessitent des décrets d’application ou pour certains des arrêtés. En écoutant le ministre, lors de l’installation du Comité national de lutte contre le tabac, une bonne partie de ces décrets est en cours de rédaction, tout comme les arrêtés. Donc il faudrait s’attendre dans les temps à venir à voir apparaître les décrets d’application». Le rapport de l’enquête salue quand même les progrès «énormes» notés en matière de lutte contre le tabac. «Le Sénégal est l’un des pays où la lutte anti-tabac a pris son envol. La Société civile et intellectuelle est très active», peut-on lire.
La question de l’accompagnement est aussi posée. La plupart des Sénégalais, qui essaient de se sevrer du tabac, choisissent de le faire sans assistance. Si 59,6% ont essayé d’arrêter de fumer, 15,9% seulement ont consulté un professionnel de la santé. Malgré les efforts des hôpitaux de Fann et Grand-Yoff à gérer ce type de patients, le rapport souligne le manque de structures de référence «en matière de sevrage tabagique». La cigarette électronique, qui est le nouvel instrument en vogue dans les pays occidentaux, connaît un succès bien plus mitigé ici puisque utilisée seulement par 0,1% des adultes interrogés. On constate donc que même si le Gouvernement fait des efforts, il reste du chemin dans la lutte contre le tabagisme. Pour rappel, l’Organisation mondiale de la Santé (Oms) parle du tabac comme un «fardeau sanitaire de taille» qui provoque «plus de décès que l’alcool, le Sida, les accidents de la circulation, les drogues illégales, les meurtres et les suicides réunis».
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