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Faible taux de participation: Désenchantement électoral
Publié le mardi 22 mars 2016  |  Enquête Plus
Référendum:
© aDakar.com par DF
Référendum: On vote dans le calme à Grand Yoff
Dakar, le 20 mars 2016 - Le vote se passe dans de bonnes conditions à Grand Yoff où le maire de Dakar Khalifa Sall et l`ancien Premier ministre Aminata Touré ont accompli leur vote.




Le scrutin référendaire de ce 20 mars 2016 reste marqué par un faible taux de participation (moins de 50%). Décryptage.

Le taux d’abstention est l’un des faits majeurs de ce quatrième référendum de l’histoire politique du Sénégal indépendant. Le taux de participation devrait être l’un des plus faibles jamais enregistrés à ce genre de scrutin. Les Sénégalais ne se sont pas déplacés en masse pour mettre leurs bulletins dans l’urne. Il y a plusieurs lectures de ce phénomène politique sans précédent. L’une des causes majeures est d’abord liée à la nature même de ce genre de scrutin. Le référendum n’est pas l’élection la plus mobilisatrice du vote citoyen. Dans les démoctraties modernes, les référendums enregistrent traditionnellement un taux de participation de l’ordre de 30%.

Malgré tout, le Sénégal a enregistré des participations records dans les consultations citoyennes. En janvier 2001, le taux de participation au référendum constitutionnel a été de 66 %, avec un score de 92,5% en faveur du oui.

Mais le contexte politique est différent. A l’époque, un large consensus avait été trouvé autour du texte proposé par le régime de Wade qui venait d’arriver au pouvoir après 40 ans de règne socialiste. L'ensemble des grandes formations politiques, du pouvoir comme dans l'opposition, avaient appelé à voter "OUI". Seuls deux leaders politiques, Amath Dansokho et Talla Sylla de Jëf Jel avaient appelé à voter NON. Cet engouement avait créé un effet mobilisateur dans l’électorat.

Pour ce scrutin du 20 mars, la controverse suscitée par les 15 points de réformes constitutionnelles a sans doute laissé sans voix une partie de l’opinion.

En plus, la qualité des réformes soumises à la consultation populaire a un incident sur le taux de participation.

Le référendum constitutionnel devrait relooker le régime politique sénégalais. Seulement, le texte de la nouvelle constitution, la première vraie offre politique de Macky Sall, est très éloignée des préoocupations socio-économiques urgentes ayant conduit à l’éviction de son prédécesseur Abdoulaye Wade.
A savoir cette lancinante demande sociale qui se résume à la question du chômage des jeunes, à la crise du système éducatif, paralysé par des grèves répétitives, à la pauvreté qui a atteint des niveaux inquiétants.

Aussi, les citoyens qui se sont abstenus de voter hier s’interrogent-ils sur l’utilité d’un scrutin qui ne conduit pas à améliorer leur condition d’existence. D’autant que c’est un référendum qui est quasiment vidé de son caractère urgent, dès l’instant que le mandat présidentiel en cours n’est pas concerné par les réformes.

La faible mobilisation des électeurs en dit assez sur l’ampleur du désenchantement citoyen à l’égard de la classe politique. Une grande masse des non-votants met dans le même sac opposition et pouvoir confondus, “tous pareils”.

Il est surprenant de constater que la grande débauche de moyens n’a pas suffi à drainer les électeurs vers les lieux de vote.

Cette abstentionnisme rend obsolète une certaine manière de faire de la politique. Anesthésiée, l’opinion sénégalaise, est devenue moins sensible à l’achat des consciences, à la propagande à outrance des médias publics et désormais privés. Dans ces conditions, les consignes de vote n’ont plus aucune chance de prospérer.

Après la proclamation des résultats définitifs de ce référendum du 20 mars 2016, l’on est en droit de se demander dans quelle mesure cette minorité votante qui s’est rendue hier aux isoloirs est représentative socialement et politiquement des 14 millions de Sénégalais.

L’autre enseignement majeur de ce 20 mars, c’est la marée montante du NON, qui connaît une vigueur sans précédent dans un scrutin référendaire au Sénégal.

Le vote négatif du référendum du 20 mars est en réalité un acte de défiance. L’intensité du NON impose donc un nouveau contrat social et une vraie rupture dans la démarche et la conduite des affaires du pays.
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