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Débat vicié sur le consultation populaire: Macky, l’objet invisible du référendum
Publié le jeudi 17 mars 2016  |  Enquête Plus
Référendum
© Présidence par DR
Référendum du 20 mars: Le président Sall reçu par le Khalife des Mourides
Mbacké-Kadior, le 13 mars 2016 - Le président de la République a été reçu par le Khalife général des mourides. Macky Sall a expliqué au chef religieux les motivations de la révision constitutionnelle. Après Mbacké-Kadior, le président Macky Sall a animé un meeting dans la ville de Mbacké.




Le scrutin de dimanche prochain est sans doute celui le plus flou de l’histoire du Sénégal dans la tête de l’électeur. Le débat se portant sur tout sauf sur les points inscrits sur le projet de texte, le votant pourrait bien voter en fonction de son adhésion ou non à la gestion de Macky Sall plutôt qu’à ses propositions. A bien des égards, le référendum ressemble plus à une présidentielle avant la lettre.

La campagne référendaire a débuté officiellement le samedi 12 mars dernier. Mais en réalité, elle a démarré bien avant cette date. Les politiques, la société civile et autres acteurs se sont mis à s’exprimer sur la question depuis bien longtemps. Cependant, il n’est pas évident que les centaines, voire les milliers de réactions, de points de vue émis aient permis aux citoyens de bien cerner la question du référendum. Au contraire, tout indique que le débat est vicié dès le début de telle sorte que les vrais points sur lesquels les protagonistes doivent discuter n’ont pas été abordés. Et même quand ils le sont, c’est fait de telle sorte que l’électeur a du mal à se retrouver.

‘’Moi je voulais la réduction du mandat, parce que je suis pour les 5 ans. Puisqu’on a enlevé du texte la réduction du mandat de 7 à 5 ans, je vais voter NON’’. Pourtant, l’électeur qui fait cette affirmation déclare ne pas tenir compte de ce qui est qualifié de wax waxeet du chef de l’Etat. Tout ce qui l’intéresse, dit-il, c’est que le mandat soit réduit à l’avenir. Il fallait lui expliquer la différence entre la réduction du mandat qui ne s’applique pas à celui en cours du Président Macky Sall, mais qui le sera pour les autres mandats à venir. Dans un texte d’avant-hier, un autre exemple a été donné sur le paysan qui demandait si la réduction du prix du riz était inscrite parmi les points du référendum.

Deux points qui illustrent à suffisance la méconnaissance et l’amalgame qui entourent les points du référendum. Si la situation est telle qu’elle aujourd’hui, c’est aussi parce qu’on est passé d’un scrutin concret à un scrutin abstrait. Si la réduction du mandat du chef de l’Etat n’était pas retirée du texte, la question principale de la consultation populaire serait : ‘’êtes-vous pour ou contre la réduction du mandat actuel du président de la République’’. Mais en retirant cette clause, le référendum est devenu abstrait avec des points qui ne disent rien au citoyen lambda. Le renforcement des pouvoirs de l’Assemblée, le nombre et le mode de désignation du Conseil constitutionnel, les nouveaux Droits ainsi que les devoirs du citoyen qui ne sont pas précisés dans le texte ainsi que le renforcement du rôle des partis politiques sont autant de points qui ne disent presque rien au paysan, au pêcheur, à l’ouvrier, au chauffeur et à son compagnon apprenti.

Dès lors, le référendum risque d’être plus une question de personne que de réformes. Le choix relèvera moins de l’appréciation sur les points proposés que sur la perception qu’ils ont de la gestion du pays. De ce fait, Macky Sall devient l’objet invisible du référendum. D’autant que, par son engagement, le patron de l’APR personnalise le référendum et en fait son affaire. Autrement dit, tout ceux qui ne sont pas d’accord avec lui vont de l’autre côté, sans trop peut-être étudier les propositions. Il s’agit donc plus d’une présidentielle occultée que d’une consultation populaire.

Référendum sur l’homosexualité ?

Le jour du scrutin, le votant risque de détourner la question posée pour répondre à une autre qui n’est pas déclinée et qui est de savoir s’il est satisfait ou pas de la gouvernance du président Macky Sall. Comprenant cela, l’opposition a instruit un dossier sensible contre lui pour le faire perdre. Il s’agit de la question de l’homosexualité dont on se demande ce qu’elle est venue faire ici. En fait, ce caractère abstrait et parfois vague de certaines dispositions font que l’opposition a présenté le texte comme un chèque à blanc qui, dans l’avenir, permettrait au pouvoir d’y mettre des contenus qui contreviendraient aux valeurs sociales et religieuses du pays.

Depuis lors, le parti présidentiel, et surtout Macky lui-même, est obligé de suivre ses adversaires. Car cette question reste tellement délicate que socialement et électoralement, elle pourrait être un élément déterminant. Ce qui explique ses tournées auprès des chefs religieux pour les convaincre de sa ferme décision prise de ne jamais légaliser cette pratique au Sénégal. Il n’empêche, les échanges ont été tellement occupés par ce sujet que finalement, l’on se demande si le référendum n’est pas pour ou contre l’homosexualité. Mais l’on se demande également pourquoi le chef de l’Etat ne cherche pas à s’adresser directement au peuple au lieu d’essayer de convaincre l’opinion par le canal des religieux. Dans tous les cas, il reste 5 jours pour aller au vote. On verra bien s’il peut atteindre l’opinion via les grands électeurs.

Un autre problème du référendum est que le même procédé utilisé lors du vote du règlement intérieur a été reconduit à nouveau. Pour voter en faveur des 5 ans du président de l’Assemblée nationale, il fallait en même temps voter contre les députés qui pourraient changer de groupe parlementaire. Là aussi, il y a eu beaucoup d’éléments réunis en même temps. En guise d’exemple, voter OUI, c’est lui accepter son reniement. Mais voter NON, c’est aussi conserver les 7 ans, soit pour lui, soit pour son successeur. Autant de facteurs qui font que le référendum reste très confus dans la tête de l’électeur. A l’absence d’une question précise et mobilisatrice ; ne sachant pas à quoi tout cela rime, le citoyen électeur pourrait bien se montrer indifférent. Les militaires ont déjà déserté les urnes. Et il y a de forts risques que les civils se mettent au garde-à-vous.
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