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Frontière Gambie - Sénégal: Mission ratée de l’Imam Ratib de Banjul
Publié le mercredi 16 mars 2016  |  Enquête Plus
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Son pays frappé de plein fouet par les conséquences économiques désastreuses du blocus frontalier imposé par les syndicats de transporteurs sénégalais, le Président gambien Yahya Jammeh a lancé, depuis quelques jours, une opération séduction en direction du Sénégal. Le but est d'obtenir une levée du boycott et du blocus sur la Transgambienne. Seulement, aucune des initiatives de Jammeh n'a jusqu'ici été couronnée de succès.

En procédant à une augmentation des frais de passage de 4000 francs CFA à 400000 francs CFA, Yahya Jammeh comptait une nouvelle fois sur sa stratégie de pourrissement qui finit toujours par diviser l'opinion sénégalaise et oblige les autorités et les transporteurs sénégalais à céder. La stratégie de Yahya Jammeh semble d'abord consister à ne pas jeter de l’huile sur le feu. Le leader gambien, connu pour être prompt à faire usage de ses organes de propagande pour balancer des invectives à l'endroit des plus hautes autorités sénégalaises, n'a pipé mot depuis le début de cette énième crise. Les membres de son cabinet habitués à la diffusion de communiqués condamnant le Sénégal, chaque fois que le feu brûle aux frontières entre les deux pays, sont tout aussi muets.

Il faut souligner que huit jours après le blocus, la vice-présidente gambienne, Adja Isatou Nie Saidy, avait rencontré à Banjul le diplomate sénégalais Paul Badji, désigné tout nouveau patron du Secrétariat permanent sénégalo-gambien.

L'autre canal actionné par Yahya Jammeh est celui de médiateurs à la casquette religieuse. C'est ainsi qu'il a dépêché l'Imam Ratib de Banjul, Alhagi Cherno Kah et Pap Demba Jobe, un dignitaire mouride de Banjul auprès des familles Niassènes et Mourides du Sénégal qui comptent beaucoup de disciples en Gambie. Même si le Khalife de Léona Niassène a lancé un appel au dialogue et à l'ouverture des frontières, il va sans dire que la mission de Cherno Kah et Pap Demba Jobe est un échec puisque la situation n'a pas du tout évolué.

A Banjul, on s'étonne d’ailleurs que Jammeh décide de mettre en quarantaine son ministre des Affaires étrangères pour subitement compter sur Touba, Médina Baye et Léona Niassène dans l'espoir de décanter la situation. Une source au ministère gambien des Affaires étrangères rappelle qu'il n'y a pas longtemps, Yahya Jammeh insultait les guides de ces confréries sénégalaises et menaçait leurs disciples en Gambie en leur intimant l'ordre de renier les "Ndigël" (consignes) venus du Sénégal pour se conformer à "l’islam pratiqué en Gambie". Yahya Jammeh disait alors que tant qu’il resterait au pouvoir, l'Islam de "Ndigël" sous la coupe de guides religieux sénégalais ne serait jamais pratiqué dans son pays. ‘’Comment peut-il demander l'intervention de ceux qu'il a publiquement traités de mauvais musulmans’’ ? s’interroge l’une de nos sources.

Mais la carte la plus stratégique grillée par Yahya Jammeh est celle de Sheriff Dibba, le leader du syndicat national dissous des transporteurs gambiens, GNTC, mort en détention à Banjul il y a quelques semaines. Connu de ses pairs sénégalais, il était leur interlocuteur privilégié en périodes récurrentes de tensions sur fond de blocus frontalier entre le Sénégal et la Gambie, comme c’est le cas en ce moment. Avec la mort de Sheriff Dibba, Jammeh s'est tiré une balle dans le pied. Aujourd’hui plus que jamais, le leader gambien est seul face à une situation qu’il a unilatéralement provoquée.
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