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Appel au dialogue du président de la République: L’opposition pose ses conditions, la mouvance présidentielle tempère
Publié le samedi 27 fevrier 2016  |  Enquête Plus
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© Présidence par DR
Le président de la République Macky Sall renonce à réduire son mandat en cours




L’appel au dialogue émis par le président de la République Macky Sall divise la classe politique avec d’une part, une opposition qui rejette toute idée de concertation dans ce contexte et d’autre part, une mouvance présidentielle qui pense qu’il n’est jamais trop tard pour bien faire. Mais pour la société civile, si dialogue il doit y avoir, il faut au préalable dessiner ses contours.

L’élargissement graduel du Front du ‘’NON’’ au référendum du 20 mars 2016 semble amener le président de la République à changer de fusil d’épaule dans son entreprise de réformes constitutionnelles. Macky Sall a, à travers un communiqué sorti hier par la présidence de la République, appelé l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile au dialogue et à la concertation autour du projet de révisions institutionnelles. Mais très vite, c’est son envoyée spéciale, Aminata Touré, qui s’est chargée de fixer les règles du jeu.

Babacar Gaye ‘’c’est trop tard de dialoguer’’

D’emblée, précise l’ancienne Première ministre, ‘’il n’est pas question pour le président de la République de revenir sur sa décision de se conformer à l’avis du Conseil constitutionnel sur la réduction du mandat présidentiel’’. Le dialogue, à en croire Aminata Touré, ne sera donc possible que sur les autres points du projet de révision constitutionnelle. Autrement dit, sur le contenu du projet de réforme articulé sur 15 mesures qui seront soumises à l’appréciation du peuple. Mais d’ores et déjà, l’opposition rejette toute idée de dialogue avec le régime qui, selon elle, a mis la charrue avant les bœufs. ‘’C’est trop tard’’, fulmine Babacar Gaye.

Le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds) estime ainsi que ‘’discuter de référendum et de lois dans un pays doit être un préalable’’. ‘’Quand on veut instaurer une loi, qu’elle soit constitutionnelle ou référendaire, il doit y avoir un débat populaire. Les gens doivent en discuter jusqu’à trouver des solutions consensuelles. Et, dans notre contexte, le président de la République ne l’a pas fait’’, fustige le porte-parole des libéraux qui, d’ailleurs, note beaucoup d’imperfections dans le projet de référendum du chef de l’Etat. Parmi ces imperfections, Babacar Gaye cite l’oubli, par le Président Sall, de mentionner un second tour dans le texte et la possibilité de faire trois mandats. Des questions qui, selon lui, devaient être réglées avant que le projet n’atterrisse sur la table du président de l’Assemblée nationale ou du Conseil constitutionnel. C’est pourquoi, le Pds a décidé de ne pas répondre à la main tendue du chef de l’Etat. ‘’Le président de la République dit qu’il va revoir toutes ces questions. Mais ce débat est dépassé. C’est la raison pour laquelle le Pds le laisse tout seul avec son projet’’, rumine Babacar Gaye.

L’ex-président du Conseil régional de Kaffrine indique toutefois que ‘’si Macky Sall renonce à son projet et appelle au dialogue sur des points qui vont dans l’intérêt des populations, le Pds répondra parce qu’il a l’habitude de dialoguer avec les différents régimes qui ont eu à se succéder à la tête du pays. ‘’Le Pds a toujours dialogué avec Senghor et Abdou Diouf, il ne se privera pas de se concerter avec Macky Sall qui est issu de ses rangs. Mais il faut au préalable qu’il s’ouvre au chef de l’opposition et qu’il y ait ces conditions précitées’’, assène-t-il.

Idrissa Seck : ‘’Je rejetterai tout appel au dialogue venant de Macky’’

Toujours dans sa logique de ne plus accorder un intérêt à tout ce que dit ou fait le Président Macky Sall, Idrissa Seck lui, s’est voulu plus catégorique. ‘’Je rejetterai tout appel au dialogue venant de lui parce que je n’ai pas son temps. Actuellement, je ne parle qu’avec le peuple pour, ensemble, lui dire ‘’NON’’. Cela étant, on va récupérer la majorité parlementaire aux prochaines législatives et arrivé à la présidentielle, on lui demandera de partir parce qu’il n’est pas bon pour le pays’’, fulmine-t-il.

Alors que l’opposition se radicalise, la société civile elle, n’exclut pas dans ses plans le dialogue pour arriver à une solution qui privilégierait l’intérêt général. Selon le porte-parole du Front du ‘’NON’’, le président de la République est dans son droit d’appeler à des concertations. D’ailleurs, souligne Cheikh Tidiane Dièye, ‘’c’est ce qu’on attend de lui’’. Mais toujours est-il qu’il faut réfléchir sur l’opportunité du dialogue, le timing, les conditions de la concertation, les contours et les points qui devraient être discutés, entre autres. Ce n’est que dans ces conditions qu’il puisse y avoir un dialogue, selon lui. ‘’Nous avons toujours tout fait pour promouvoir le dialogue et la concertation surtout autour de la Constitution. Mais s’il n’y a aucune possibilité de revoir le texte, d’en changer le contenu ou la forme, je ne vois pas quelles raisons il y aurait à dialoguer’’, déclare le camarade de Me Mame Adama Guèye. Avant d’ajouter : ‘’Même si nous sommes ouverts au dialogue et à la concertation, nous ne changeons rien dans notre stratégie qui consiste à nous préparer pour continuer notre travail sur le terrain, mobiliser et sensibiliser les Sénégalais pour que si le référendum se tienne le 20 mars, qu’ils votent massivement contre.

Moussa Sarr : ‘’Il n’est jamais trop tard pour bien faire’’

De leur côté, les alliés de l’Alliance pour la République (Apr) relativisent à propos de l’appel au dialogue. Surtout que, selon Moussa Sarr, il n’est jamais trop tard pour bien faire. ‘’Nous pensons que ces réformes qui engagent pour longtemps le destin de la Nation nécessitent un consensus fort. C’est pourquoi nous nous félicitons de cet appel et nous encourageons le chef de l’Etat à aller dans cette voie. Nous demandons seulement à l’opposition et à la société civile de faire preuve d’esprit de responsabilité pour que chaque acteur puisse apporter son avis sur les réformes qui sont en jeu’’, soutient le porte-parole de la Ligue démocratique.

Abdoulaye Wilane : ‘’Dialoguer ne veut pas dire s’entendre sur tout’’

Pour sa part, le porte-parole du Parti socialiste (Ps) invite la mouvance présidentielle à plus de responsabilité et de retenue. ‘’Je recommande humilité et sens de la retenue dans la mouvance présidentielle. Parce qu’une fois que le président de la République dit qu’il s’ouvre aux autres, il ne faut pas présager des concessions qu’il peut être amené à faire’’, défend Abdoulaye Wilane. Le maire de Kaffrine souligne ainsi que dialoguer ne veut pas dire s’entendre sur tout. ‘’A chaque fois qu’on dialogue, on aboutit à des consensus dynamiques et on constate des divergences et à partir de ce moment, on avance. C’est pourquoi nous apprécions cette ouverture réaffirmée du président de la République et demandons aux notabilités religieuses et coutumières, à tous les médiateurs sociaux surtout le patronat et les syndicats, à s’investir pour que les partis politiques se parlent sans présager d’accord ou de désaccord’’, soutient le socialiste.

Cet appel au dialogue et à la concertation sur les révisions constitutionnelles émis par le président de la République est loin d’être anodin puisqu’il est émis dans un contexte national où le ‘’NON’’ au référendum du 20 mars prochain devient plus audible que le ‘’OUI’’. Dans toutes les franges de l’opposition, de la société civile et même dans certains cercles de la mouvance présidentielle, le sentiment le plus partagé est que le référendum, sans la réduction du mandat en cours, est dénué de tout son sens. Pour beaucoup, il faut le reporter tout simplement. ‘’Nous ne voulons pas un gaspillage inutile d’argent. Si reporter le référendum est la solution pour pouvoir s’y pencher sérieusement, essayer de trouver des réponses aux questions que les Sénégalais se sont posées sur les principaux maux dont souffre notre démocratie et que la concertation puisse déboucher sur un compromis qui prend en charge l’intérêt général, nous sommes partie prenante du dialogue’’, argue le porte-parole du Front du ‘’NON’’, Cheikh Tidiane Dièye.
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