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Mise en place d’un "Front du NON": La désapprobation s’amplifie
Publié le vendredi 26 fevrier 2016  |  Enquête Plus
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© Autre presse par DR
Les partis d`opposition et la société civile forment un front pour le triomphe du "Non" au référendum




La réduction avortée du mandat présidentiel passe toujours mal. Et pour s’insurger contre cette parole manquée et ses éventuelles implications dans l'espace public, ‘Le front du non Niani Bagnena’ invite les compatriotes à répondre activement à l’appel de l’honneur en votant massivement NON le 20 mars 2016.

Ils étaient tous là hier, ou presque. Fadel Barro du mouvement Y en A Marre, Aboubacry Mbdoji de la Raddho, Malick Noël Seck de Moom sa reew, Me Mame Adama Guèye, Abdourahmane Sow du M23, Cheikh Tidiane Dièye de la plate-forme Avenir Sénégal bi nu beug…, et bien d’autres mouvements de la société civile. Ils ont entonné l’hymne national au début et à la fin de la réunion. Ils constituent le noyau dur de l’opposition au OUI pour le référendum du 20 mars, réunis dans le cadre nouveau du ‘‘Front du NON Naani Bagnena’’. Ces ‘opposants’ se proposent d’inviter l’électorat sénégalais à un vote négatif aux quinze mesures de réforme constitutionnelle proposés par Macky Sall.

Un discours à forte teneur éthique défendu par Fadel Barro. ‘‘Avec le reniement, si le OUI l’emporte, ce serait une invite à n’importe quel politicien de solliciter le suffrage des Sénégalais en pensant que ses propres déclarations ne l’engagent aucunement. Pour que l’éthique soit respectée en politique, nous avons estimé battre campagne pour le NON. Beaucoup de compatriotes sont dégoûtés, estimant que les politiciens sont tous pareils. Mais il faut se mobiliser comme un seul homme et administrer un cinglant désaveu. La prochaine fois, toute autorité pensera à ses promesses avant d’en faire. De ce fait, les hommes politiques s’efforceront de respecter la parole donnée’’, a-t-il lancé.

Le septennat finalement retenu par le président de la République révolte le Front. D’autant plus que la formule retenue par Macky balaie les propositions de la commission nationale de réforme des institutions pilotée par Amadou Makhtar Mbow, qui avait l’avantage d’être plus consensuel. Elles avaient insisté sur la limitation des pouvoirs du président de la République, la fin du monopartisme à l’Assemblée, et l’inféodation de la justice à l’exécutif. ‘‘Tous ces points ont été vidés et remplacés par d’autres qui n’apportent aucune véritable modification à ce pourquoi nous nous étions battus. Si on exclut le respect de la parole donnée, la grandeur, si l’on supprime toutes ces valeurs cardinales d’une Constitution, il ne sera plus qu’un document ordinaire. Nous estimons qu’il n’y a aucun point parmi les quinze qui vaille la peine de consulter le peuple sénégalais’’, a défendu l’ancien journaliste. ‘‘Si, par amour pour le pays, Macky Sall ne peut pas présenter sa démission au bout de cinq ans, que le peuple se donne la peine de voter NON’’, poursuit-il.

Non-dits du document

Le Front prévoit une campagne dans tout le pays avec les chefs religieux et traditionnels pour leur appui car cette Constitution est empreinte du sceau du reniement, selon ses animateurs. Le professeur Cheikh Tidiane Dièye s’est livré à une exégèse de certains points proposés. Pour lui, l’argument du double mandat de sept ans que risque de faire Macky Sall, en cas de vote négatif, n’est qu’un leurre. ‘‘Ils essaient de tromper le peuple en disant qu’avec un vote négatif, la constitution de 2001 sera toujours de vigueur, qu’il fera deux mandats de sept ans. Ce qu’on ne dit pas est que si le OUI l’emporte, il fera 17 ans encore. Le mandat actuel sera de 7 ans, puis en 2019 il briguera un autre mandat pour 2024. Là aussi il pourrait bien se présenter pour un troisième mandat. Entre un NON pour 14 ans et un OUI pour 17 ans, c’est un piège qu’on veut éviter aux Sénégalais’’, analyse le professeur Dièye.

L’autre danger réside, selon lui, dans l’article 26 relatif à l’élection du Président. ‘‘Avec l’actuelle constitution (2001), c’est un suffrage direct à deux tours et une disposition qui ne peut être modifiée. Si le OUI l’emporte, le deuxième tour sera supprimé. C’est comme le quart-bloquant initié par Wade en son temps. Si tel avait été le cas en 2012, Macky ne serait pas président puisque c’est Wade qui était arrivé en tête au premier tour’’, renchérit le porte-parole de la plate-forme Avenir Sénégal bi niou beug. Le professeur qui estime que l’article 103 (voté à l’Assemblée nationale) offrait à Macky la chance de contourner l’avis du Conseil, promet que le texte sera explicité. ‘‘Nous allons disséquer toutes les mesures point par point pour les traduire dans les langues nationales. Quand on aura voté NON, le Président sera dans l’obligation de proposer une autre Constitution, celle que souhaitent les Sénégalais. Pour les indécis, nous mettrons tout en œuvre pour leur expliquer le sens du NON’’, promet-il

Appréhensions

Aussi le Front ne s’est-il pas privé d’interpeller le Conseil national de régulation de l'audiovisuel (CNRA) et le ministère de l’Intérieur. ‘‘On n’a entendu nulle part que la campagne avait débuté. A la télévision publique pourtant, on dirait que c’est le cas pour certains membres du camp présidentiel. On voit chaque jour la RTS 1, qui est un bien commun, diffuser les images de personnes qui battent campagne pour le OUI exclusivement. C’est une violation de tous les droits de citoyens sénégalais. Si la campagne a débuté, qu’ils le notifient et donnent à tout le monde le même temps d’antenne’’, poursuit M. Dièye avant d’interroger le ministère dirigé par Abdoulaye Daouda Diallo. ‘‘Les Sénégalais de la diaspora doivent aussi donner leur avis. Mais le délai est tellement court qu’on nourrit beaucoup d’appréhensions sur la capacité de l’Etat à organiser ce référendum. On aimerait être édifié sur ce point. Qu’ils nous disent comment ils comptent s’y prendre en moins d’un mois’’, exige-t-il.
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