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Confidences de Pape Samba Mboup : Mon fils a failli devenir jihadiste - Wade pourrait diriger un gouvernement de transition
Publié le mardi 23 fevrier 2016  |  Le Quotidien
Pape
© aDakar.com par DF
Pape Samba Mboup
Membre du Pds




C’est un père de famille préoccupé par un de ses fils et par l’oisiveté dont les conséquences menancent la jeunesse sénégalaise. Pape Samba Mboup demande la vigilance, pour lui ces jeunes sont une aubaine dont veulent profiter les terroristes. Sur le référendum, l’ex-chef de Cabinet du Président Wade estime que le fondateur du Parti démocratique sénégalais (Pds) ne peut redevenir chef de l’Etat. Néanmoins, il pourrait présider un gouvernement de transition pour un an, si les circonstances l’exigeaient.

Monsieur le ministre, le Sénégal va vers un référendum. Quelle sera votre attitude face à ce rendez-vous du 20 mars prochain ?
Cette question est d’actualité, mais je ne vous apprends pas que mon parti, par la voix de son Comité directeur, s’est exprimé. Il a dit que ce référendum ne le regarde pas. Ça ne l’intéresse pas parce que ce référendum a été vidé de sa substantifique moelle, comme disait Rabelais. Ce qui veut dire qu’il n’y a plus de raison d’organiser un référendum. Il y avait de l’engouement, parce que les Sénégalais pensaient qu’ils allaient régler le problème du quinquennat. Le reste ne les intéressait pas. Macky Sall avait promis de faire cinq ans. Ce qui intéresse les Sénégalais, c’est qu’il respecte sa parole.

Pouvez-vous lui demander cela alors que vous aviez fait revenir le septennat en 2008 ?
C’est vrai, mais c’est une question de parole donnée. Je ne parle pas de légalité. Je ne suis pas un juriste. Le fait de promettre d’écourter son mandat lui a valu des gains. Les Sénégalais ont peur de l’usure du pouvoir. Pendant sa campagne, quand il a dit, entre autres, qu’il allait réduire son mandat de sept à cinq ans, les gens se sont empressés de voter pour lui. Une grande frange de la population a voté pour lui parce qu’il avait dit qu’il allait écourter son mandat. C’est vrai, nous avions soutenu le Président Abdoulaye Wade quand il avait voulu se présenter pour une troisième fois. C’était une erreur que je reconnais. Abdoulaye Wade a commis l’erreur de vouloir se représenter pour une troisième fois. Il a vu les conséquences.

Si jamais le projet de révision constitutionnelle pas­se, le Pds bénéficiera du statut de chef de l’opposition. Est-ce que le texte vous désintéresse autant ?
Cela ne nous intéresse pas. C’est le cadet de nos soucis. Nous incarnons le chef de l’opposition. Ce qui nous intéresse, c’est le respect du quinquennat promis et cette question n’intéresse pas uniquement le Pds. C’est une affaire des populations. C’est aux personnes de bonne volonté, à la société civile et aux intellectuels de définir avec le Pds la conduite à tenir.

Le Pds va-t-il refuser le poste de chef de l’opposition ?
Nous n’en sommes pas encore là. Avant, il faut que l’on vote le projet de révision. Pour moi, le référendum ne passera pas. Quant à battre campagne pour le non, le parti a dit que cela ne l’intéresse pas et il n’est pas le seul. La société civile, les marabouts et les autres partis politiques sont concernés. Les marabouts invitent toujours les gens à s’inspirer du Prophète Mohamed en respectant la parole donnée. Quand tout ce beau monde se réunira pour prendre une décision, le Pds adhérera.

Le secrétaire général du Pds avait demandé à ses collaborateurs de ne pas faire trop de commentaires sur le projet de référendum qui engagent le parti. Est-ce que cette consigne demeure toujours ?
C’est vrai. Avant que les gens ne s’épanchent dans les médias, il fallait que le Comité directeur prenne une décision. Mainte­nant, cela est fait. Le Comité directeur l’a commenté en disant que cela ne l’intéresse pas. Quand on élabore une nouvelle Constitution, tout le monde doit être associé.

Dans les concertations avec les partis politiques, le Pds avait refusé de répondre, en tout cas, tant que Karim Wade n’était pas libéré…
Le Pds avait raison. Il y a toujours des préalables pour que les gens puissent s’asseoir et discuter. Il faut libérer cette personne qui est arbitrairement détenue. La Cedeao, le Groupe de travail de l’Onu ont tous demandé la libération de Karim Wade et même son indemnisation. Vous faites un recours. Cela veut dire que vous reconnaissez le Groupe de travail de l’Onu. Cette institution donne la même sentence. Et vous la traitez de tous les noms d’oiseaux. Ce qui intéresse Macky Sall, c’est de ne pas voir Karim Wade devant lui.

Vous dites souvent que votre parti est agressé. Est-ce toujours le cas ?
Nous sommes toujours agressés. Qui supporte les affronts en reçoit d’autres. Jusqu’à présent, nous supportons. On essaie d’humilier Abdoulaye Wade. On met son fils en prison. On décapite le parti. On met d’autres en prison. Nous subissons tout cela. Si nous continuons à subir, ils vont nous faire d’autres agressions. Il faut que cela s’arrête. Ils sont en train de poser les jalons d’une confrontation. Ils n’aiment pas le dialogue. Lors de son dernier meeting tenu à la Place de l’Obélisque, Abdoulaye Wade avait tendu la main à Macky Sall. Donc, il est pour le dialogue. Il a tout fait pour éviter la confrontation, mais Macky ne le comprend pas ainsi.
Il est en train de poser des jalons et ce n’est pas bon pour le pays et pour lui. Nous voulons la paix. Il faut qu’il respecte les chartes et les lois qu’il a signées. Nous sommes membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu et nous nous permettons de ne pas respecter les décisions d’un de ses organes (Comité des Nations unies aux droits de l’Homme). C’est grave.
Vous vous souvenez de 2007, quand il était maire de Fatick. En venant voter, il avait oublié sa carte d’identité. On lui avait dit qu’il ne pouvait pas voter. Il avait bousculé tout le monde et avait voté. Les Sénégalais sont amnésiques. Celui qui a fait cela fera plus. Vous croyez qu’un homme d’Etat doit perturber un bureau de vote alors qu’il n’est pas en règle ?

A l’époque, vous vous complaisiez de cette situation ?
Que vouliez-vous qu’on dise ? C’est pour vous dire comment est sa nature. Maintenant, ce référendum n’intéresse plus les Sénégalais. Suivez les émissions de wax sa xalaat. Il y a des gens qui disent qu’il n’y a plus besoin d’organiser un référendum parce que l’argent qu’on va dépenser peut servir ailleurs. Et ils ont raison parce qu’on a enlevé la question de la réduction du mandat.

Quand vous étiez au pouvoir, vous suiviez quand même les avis du Conseil constitutionnel. Pourquoi ne voulez-vous pas que le Président Sall en fasse autant ?
Qui nomme les membres du Conseil constitutionnel ? C’est le chef de l’Etat. Il est le président du Conseil supérieur de la magistrature. Ku emb sa sanxal, eumb sa sutura ! Dans tous les pays du monde où il n’y a pas la séparation des pouvoirs, les choses se passent comme ça. De notre temps, c’était la même chose. Je dis la vérité. Et puis, le procureur était appelé procureur du roi. C’était pour une royauté. Maintenant que nous sommes dans une République, c’est aussi le problème du Président, parce qu’il préside le Conseil supérieur de la magistrature. Son ministre de la Justice commande le procureur de la République. Les juges sont indépendants, mais le procureur reste le maître des poursuites. Il faut une séparation des pouvoirs. Les magistrats devraient être les premiers à demander l’indépendance. Com­me ça, ils ne seront plus critiqués.

Aujourd’hui, votre parti est dans deux coalitions que sont le Fpdr et le Cadre de concertation de l’opposition. Est-ce pour vous une bonne démarche ?
Je ne sais pas. Il faut demander ça aux autres. Tout ce que le parti fait, c’est dans son intérêt. Je ne peux pas m’avancer sur des choses que je ne maîtrise pas.

Le retour du Président Wade à Dakar a été annoncé à plusieurs reprises. Pour­quoi fausse-t-il encore les prévisions ?
J’ai toujours dit que le Président Abdoulaye Wade habite Dakar. Il peut venir quand il veut, s’il a la nostalgie de Dakar ou s’il a des choses à faire. Mais s’il doit venir pour être devant nos combats, je dis non. Pour­quoi faut-il toujours mettre Abdoulaye Wade devant ? Nous sommes assez grands pour combattre. Il a combattu pour nous jusqu’à nous amener au pouvoir. C’est à nous de continuer.

On remarque qu’il y a moins de rassemblements ou de meetings du Pds quand il n’est pas là…
C’est normal parce qu’il y a un public pour le Pds et un autre pour Abdoulaye Wade. Pour le moment, nous avons besoin de Abdoulaye Wade. C’est pourquoi nous avions dit qu’il était très tôt pour qu’il cède sa place. Il y a des choses à régler. Nous avions raison sur toute la ligne. Abdoulaye Wade est encore indispensable. Il a 90 ans, mais Dieu lui a donné une solidité particulière. Il écrit encore des livres, anime des conférences. Il fait des va-et-vient.

Pensez-vous qu’il peut revenir au pouvoir ?
A son âge, je ne pense pas. Mais on a besoin de lui pour une transition d’un an (il insiste). Les gens peuvent dire qu’ils ont besoin d’un gouvernement de transition. On peut lui demander de venir montrer le chemin. Il peut être à la tête d’une transition.

Votre fils a failli être embrigadé par des personnes que vous considérez comme étant des jihadistes. Comment avez-vous appris cela ?
Actuellement au Sénégal, les jeunes sont oisifs. Ils ne font rien. On dit que le diable tente le monde, mais l’oisif tente le diable. C’est une proie facile pour ces gens-là. C’est pourquoi vous voyez ces gens faire l’apologie du terrorisme sur internet. Si je n’étais pas vigilant, mon fils aurait été en jihad là-bas. Il a commencé par tenir un chapelet tous les jours. Je ne sais pas si on lui a donné quelque chose, mais il était presqu’absent d’esprit pendant des mois. Il s’est radicalisé parce qu’il écrivait des choses en arabe sur les murs de sa chambre. Un jour, il m’a dit qu’il voulait aller en Mauritanie pour chercher du travail. Si quelqu’un ne peut pas avoir du travail ici, comment pourra-t-il l’avoir en Mauritanie ? Je lui ai demandé de me dire ce qu’il voulait. Puis, je suis allé en parler à la police. Certainement, il y a un réseau. C’est parce qu’il ne travaille pas qu’il a été embrigadé. Je suis allé au commissariat central pour cela. Tout dernièrement, il a repris son chapelet. Il revient pour me dire qu’il veut aller à Tambacounda parce qu’il a un ami maçon qui a un chantier là-bas. Je ne sais pas s’il a raison ou pas, mais je l’ai bloqué. Ils sont dans le quartier, dans la ville, en train de voir des jeunes désespérés. On leur fait voir des clips. On leur montre l’Eden alors que c’est l’enfer. Heureusement pour moi, j’ai été vigilant. Sinon ils allaient prendre mon fils.
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