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Trente ans après la disparition de Cheikh Anta Diop: Que reste-il de l’héritage du savant ?
Publié le samedi 6 fevrier 2016  |  Sud Quotidien
Pr
© Autre presse par DR
Pr Cheikh Anta Diop, disparu il y a 30 ans




1986-2016, voilà 30 ans que disparaissait le chercheur Cheikh Anta Diop. C’est dans l’après-midi d’hier, jeudi 4 février à l’Université de Dakar qui porte son nom, que la commémoration des 30 ans de sa disparition, qui va se poursuivre jusqu’au 31 mars prochain, a commencé par une conférence du Pr Babacar Sall. Une occasion de revisiter l’œuvre de ce savant qui a su démontrer que l’Afrique était bien la première civilisation au monde. A travers ses recherches et ses œuvres, Cheikh Anta Diop devrait constituer un exemple pour l’essor de l’Afrique mais M. Sall précise qu’il n’en demeure pas moins.

Si on se posait la question de savoir qui est ce chercheur qui doit sa célébrité au fait d’avoir non seulement montré, sur des bases scientifiques, que ce sont les Noirs qui ont créé la première civilisation, mais encore que la civilisation grecque a emprunté l’essentiel des éléments de sa culture à l’Afrique, pour lui permettre de démentir l’accusation de l’Occident qui disait de l’Afrique qu’elle n’avait aucune civilisation, le professeur Babacar Sall répondrait certainement qu’il s’agit de Cheikh Anta Diop. Lui, qui a animé hier, jeudi 4 février, et avec «ardeur», une conférence sur la pensée et l’œuvre du savant, en marge de la commémoration des 30ans de sa disparition.

Dans une salle pleine d’étudiants, d’élèves, d’amis, de parents et disciples de Cheikh Anta Diop, l’égyptologue est revenu sur le parcours de l’homme qui «a relié l’ampleur et la persistance de l’illettrisme et l’analphabétisme des Africains au fait que les langues européennes sont leurs langues officielles. » Cheikh Anta Diop a donc laissé un héritage à son peuple à travers ses recherches au service de l’Afrique, ses articles, ses ouvrages dont le premier, publié en 1954, est «Nations nègres et Culture : De l’Antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturelles de l’Afrique noire d’aujourd’hui ». C’est en partant de cela qu’il a montré le chemin qu’il faut emprunter pour « une renaissance africaine », par son engagement politique pour le développement de l’Afrique, son militantisme de la revendication culturelle.

Le Professeur Babacar Sall déplore toutefois que l’actualité de la pensée de Cheikh Anta Diop reste toujours « incompréhensible » dans les esprits des Africains si l’on peut le dire de cette façon. «Les Noirs n’ont pas encore compris que leur devenir est lié à la connaissance de ce qu’ils ont été », martèle l’égyptologue.

Pour quelqu’un comme l’historien et égyptologue congolais Théophile Obenga, qui a longtemps cheminé avec Cheikh Anta Diop, l’homme qui a donné son nom à l’Université de Dakar s’est fait distinguer par sa création de concepts. «C’est ma conviction, dira-t-il, car il a permis aux Africains d’assumer ensemble les combats.» Le disciple regrette cependant cette «faiblesse conceptuelle (qu’il y a) chez les Africains », avec cette facilité qu’ils ont parfois à «s’approprier les choses des autres ».

Le fait d’avoir pu «assimiler la science jusqu’à l’ivresse» ainsi que le fait d’avoir passé deux bacs en même temps, un scientifique et un autre philosophique, devrait servir d’exemple. Ainsi, pour lutter contre le retard de l’Afrique causé par le fait que le système occidental constitue la conscience des colonies africaines, il faut donc s’inspirer des enseignements de Cheikh Anta Diop. Babacar Sall dira ceci : «A chaque individu d’écrire l’histoire de sa race».

Alors, poursuivra-t-il, les Africains sont tenus de s’abreuver jusqu’à l’ivresse de la science, de la technique mondiale en tant que progrès de l’humanité entière, et l’Afrique ne peut entamer un processus de renaissance que par la connaissance de la dynamique historique et le combat du fédéralisme. C’est pour cela que l’on a souhaité que l’enseignement de Cheikh Anta Diop dans les universités, la réhabilitation de Caytou, la transformation de sa maison de Fann en musée et la création d’un institut égyptologue à l’Ucad ne se résument pas à une poignée de vœux pieux.

La cérémonie d’hier marque donc le début de la commémoration des 30 ans de la disparition de Cheikh Anta Diop, qui va se poursuivre jusqu’au 31 mars avec des expositions, des conférences, des projections d’extraits de ses œuvres, en plus d’une visite dans son village natal de Caytou, prévue ce dimanche 7 février.
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