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Amsatou Sow Sidibé limogée par Macky: Clap de fin !
Publié le jeudi 4 fevrier 2016  |  Enquête Plus
Mme
© Autre presse
Mme Amsatou Sow Sidibé, Ministre conseiller du Chef de l’Etat




Amsatou Sow Sidibé a été démise de ses fonctions de ministre-conseiller. Le professeur de Droit accuse ses alliés d’être pressés et promet une réponse au moment opportun. Mais une chose est sûre : à l’annonce de la nouvelle, il ne devrait pas y avoir des pairs d’yeux écarquillés de surprise. Car il était connu qu’entre Macky et Amsatou, ce n’était pas Romeo et Juliette. Le ‘’couple’’ était tout sauf idyllique.

Le communiqué de presse de la cellule de communication de la présidence est on ne peut plus lapidaire. Juste quelques petites lignes. ‘’Par arrêté n°02-02-2016 *001137*, Son Excellence Monsieur Macky Sall, président de la République, a mis fin aux fonctions de Mme Amsatou Sow Sidibé, en qualité de Ministre Conseiller à la présidence de la République’’. Point final ; pas un mot de plus sur le divorce. A noter cependant que le premier ministre avait déjà donné une indication, en sifflant, à Saly, la fin de la République des universitaires.

Ainsi donc, le leader de Car Leneen rejoint le Pr Malick Ndiaye pour grossir la liste des ministres-conseillers démis de leurs fonctions. Interrogée, Amsatou Sow Sidibé déclare avoir été à la présidence hier matin, et que c’est en cours de route qu’elle a appris son limogeage. Le communiqué a donc été rendu public avant que la principale concernée n’en soit informée, affirme-t-elle. Amsatou Sow Sidibé déclare que ce sont les gens du pouvoir qui sont pressés, mais pas elle. Par conséquent, elle prendra le temps nécessaire pour apporter sa réponse.

Le moins qu’on puisse dire dans cette affaire, c’est que cette destitution est tout sauf surprenante. Les différentes sorties du Pr de Droit indiquaient clairement qu’elle finirait par prendre la sortie, soit sur son initiative propre, soit sur celle de son patron, le chef de l’Etat. La dernière prise de parole en date a eu lieu avant-hier. Elle est relative à l’avis du groupe de travail des Nations unies. Et c’est sans doute celle qui a fait déborder le vase. ‘’Nous avons ratifié toutes les conventions, il faudrait que, quand la justice internationale donne un point de vue, qu'on s'y penche et qu'on essaie de tirer le maximum de situation positive possible pour le pays et pour le peuple sénégalais", disait-elle lors d’une manifestation de la collectivité léboue au village de Sendou. Autrement dit, elle a invité l’Etat à se conformer à la décision du Groupe de travail de l’Onu, qui considère arbitraire la détention de Karim Wade.

Revenant de façon générale sur la traque des biens supposés mal acquis, elle renchérit : ‘’Il ne faut pas que Karim Wade soit le seul prisonnier. Nous avons le sentiment qu’il y a beaucoup de personnes dont les dossiers méritent d’être vus par la justice et qui sont en situation d’instance’’. Une déclaration de trop qui a amené le même jour la Convergence des jeunes Mackystes (Cojem) à exiger le départ d’Amsatou Sow Sidibé pour ‘’comportements irrationnels en tant qu’alliée du président de la République et attaques récurrentes contre le régime’’.

Même si le ménage a pris fin hier, le désamour entre Macky Sall et Amsatou Sow Sidibé a démarré il y a bien longtemps. Le premier fait connu du grand public date du début juillet 2013 lors de la rencontre au palais des femmes de la coalition Benno Bokk Yaakaar. Mme Sidibé ainsi que Diouma Dieng Diakhaté toutes deux candidates à la dernière présidentielle ont été privées de parole au profit d’autres femmes considérées comme ayant moins d’envergure.

Début août 2015, le président de la République se rend à l’université Cheikh Anta Diop. Au cours de la visite, il a essuyé quelques jets de pierres. Le professeur, enseignant à la Fac de Droit depuis près de 30 ans, profite d’un déplacement à Tamba pour dire que si Macky Sall l’avait consultée, ce qui est arrivé n’aurait pas eu lieu. ‘’Je souhaite que le Président m’écoute davantage sur des questions d’ordre national’’, plaide-t-elle. Et au-delà de sa personne, elle regrette le fait que Macky Sall n’écoute pas ses conseillers.

‘’J’ai demandé à être reçue, mais on m’a fermé toutes les portes’’

Il y a de cela environ un mois, l’enseignante a démenti publiquement son collègue Ismaël Madior Fall, lui aussi conseiller juridique du Président Sall. Le constitutionnaliste a affirmé que l’avis du conseil constitutionnel lie le chef de l’Etat dans sa volonté de réduire son mandat de 7 à 5 ans. Mme Sidibé n’a pas hésité à prendre le contrepied dans une interview accordée à EnQuête.

‘’Ce n’est qu’un avis. C’est une précision qui peut avoir son importance, de ce qu’on appelle l’avis conforme. Ce qui signifierait un avis contraignant dont le Président serait obligé de tenir compte, ce n’est pas le cas ici. Quand on parle d’un simple avis, il est purement consultatif.’’

En attendant la décision du Conseil constitutionnel, elle s’est aussi montrée préoccupée par le flou qui entoure la date des élections. ‘’En matière d’élections, acte grave concernant les droits politiques des personnes, nous avons toujours été d’avis qu’il fallait des dates pas nécessairement fixes. Mais quand on est dans l’expectative en matière électorale, ce n’est pas souhaitable’’, s’inquiétait-elle. Non sans rappeler qu’il existe ‘’une charte de la bonne gouvernance au niveau de la Cedeao qui demande qu’il y ait des délais préfixés qui font que les citoyens sachent à quoi s’en tenir’’. ‘’C’est très problématique en termes de respect des droits politiques des Sénégalais et Sénégalaises’’, renchérissait le ministre-conseiller toujours dans les colonnes de EnQuête

Ces différentes sorties avec des positions critiques à l’encontre du régime ont même amené le Directeur de cabinet du Président, à la convoquer au palais présidentiel. Oumar Youm lui a alors demandé les raisons de ses nombreuses déclarations pas du tout en faveur du gouvernement. La réponse de l’alliée frustrée a été sans équivoque. "J’ai épuisé tous les canaux possibles et imaginables pour être reçue, mais en vain. Depuis un an, je demande à être reçue par le président de la République, mais on m’a fermé toutes les portes.’’

Le dialogue de sourds a donc fini dans la séparation. L’un conserve son autorité et l’autre sa liberté.
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