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Redéploiement du personnel enseignant: Une bombe a retardement
Publié le lundi 1 fevrier 2016  |  Sud Quotidien
élève
© Autre presse par DR
élève dans une école primaire de la ville de Dahra




La question du redéploiement du personnel enseignant actuellement en cours dans la circonscription académique de la région de Thiès, risque d’agiter le système scolaire jusqu’ici apaisé. En effet, les syndicats d’enseignants se sont braqués en dénonçant d’abord la fausseté des résultats du rapport brandi par l’inspectrice d’académie, Khadidiatou Diallo, non sans appeler aux enseignants concernés de ne pas rejoindre les nouveaux postes. Chronique d’une affaire à Thiès qui risque de faire tache d’huile.

Les enseignants et les élèves de la commune de Thiès ont battu le macadam mercredi dernier 27 janvier, pour fustiger le redéploiement tous azimuts du personnel enseignant à quelques jours des évaluations trimestrielles.

Cette décision de la responsable de la circonscription académique a été motivée, selon elle, par un audit effectué où des besoins énormes ont été identifiés et un déséquilibre criard noté entre les établissements des communes et ceux hors des communes en terme de personnels mis en place (enseignants (es), professeurs, surveillants (es). S’y ajoutent les surnombres de personnels qui ont été identifiés surtout dans la commune de Thiès.

Pour Khadidiatou Diallo, l’audit a décelé des emplois du temps où certains professeurs avaient trois (03) heures de cours, d’autres 04 H de cours, ou 08 H ou 12H dans un collège de la commune de Thiès. Une situation «anormale», dit-elle, d’autant plus que l’académie de Thiès compte 40 lycées, 123 collèges et plus de 1000 écoles élémentaires.

Le rapport indique par exemple un surnombre de 14 surveillants au lycée Malick Sy pendant que le Cem de Kegnabour n’a aucun surveillant. C’est le cas des lycées de Ngoundiane, Khombole, Nguéniène et Sandiare qui ont un déficit de surveillants respectivement de 7, 5, 8 et 7. Pour ce qui concerne les déficits en professeurs, 19h d’Espagnol en souffrance à Touba Toul, 30h de Maths au lycée Mourath Ndao, l’absence totale de professeurs en Sciences Physiques, en Espagnol et en Mathématiques.

Face à ce constat, l’Inspectrice n’a pas ménagé d’efforts pour aller vers un rééquilibrage de la situation sur la base de critères tenant compte de la situation des enseignants et des enseignantes. Partant de ces critères, l’inspectrice d’Académie a instruit aux Inspecteurs de l ‘Éducation et de la Formation de procéder au «redéploiement à l’interne dans leur circonscription pour que les enseignants ne s’éloignent pas trop». Selon elle, un principe a été retenu : il s’agit de faire partir le «dernier venu», en épargnant les cinquantenaires, ceux qui ont plus de 45 ans et ont fait plus de 5 ans dans l’école et les malades certifiés par une décision du conseil de santé.
«Le redéploiement de certains enseignants n’altère en rien le bon fonctionnement des établissements d’origine», a souligné l’IA de Thiès.

OUMAR WALY ZOUMAROU, SG SELS/O : «C’est une anarchie»
«C’est une anarchie qui est en train d’être érigée comme règle dans la gestion du personnel au niveau de l’Education nationale. Nous avons le ministre et ses IA qui sont en train de fouler au pied des acquis de longues de lutte. Les enseignants ont la possibilité de prétendre à un poste après quelques années de service dans une localité. Le ministre et ses collaborateurs prennent des enseignants qui ont gagné leurs postes de haute lutte pour les redéployer sans concertation. Nous ne demandons pas une co-gestion du système, mais nous n’allons pas accepter ce diktat. Un enseignant se voit redéployer sous un prétexte fallacieux qu’il y a un surplus d’enseignants. Nous demandons à tous les enseignants de refuser systématiquement de rejoindre les nouveaux postes. Les enseignants ne sont pas à l’origine de leurs propres affectations. Ils sont accusés à tort de ne rien faire dans les écoles. Qui a l’origine de leur affectation ? C’est un paradoxe. Cela fait 3 ans qu’il gère ce département sans pour autant maitriser toujours son système».

MAMADOU LAMINE DIANTE, SG SAEMSS-CUSEMS : «Le rapport est truffé de fausseté»
«Ce n’est pas un redéploiement. C’est une réaffectation d’enseignants, en dehors du mouvement national. Dans la seule académie de Thiès, 325 enseignants sont ciblés. Les ordres de service sortis concernent 160 enseignants pour le moment. Ce n’est pas du ressort du ministère de l’Education nationale. Les syndicats ont combattu et obtenu la gestion démocratique du personnel depuis 1989 dans l’intérêt de l’école et des élèves. A cet effet, une commission tripartite composée de gouvernement, administration et syndicats d’enseignants doit être mise en place pour procéder à l’affectation des enseignants. Je dois faire comprendre que depuis deux ans, les enseignants ne sont pas affectés dans la région de Thiès. La circonscription académique de la région n’a reçu aucun sortant de la Fastef et des Crfpe. Au même moment, la population scolarisée a augmenté avec des effectifs pléthoriques dans les classes. Alors qu’on veuille nous faire croire qu’il y a un surnombre de 325 enseignants à Thiès. Cela ne correspond pas à la vérité. En réalité, nous savons que tous les rapports qui ont été produits sont truffés de fausseté. Il n’y a nulle part de surnombre d’enseignants à Thiès pour procéder à un redéploiement, sans concertation avec les enseignants. C’est une violation du principe de la gestion démocratique du personnel. C’est une volonté manifeste de perturber le système scolaire parce que les autorités n’ont pas tenu compte du sentiment d’affection entre l’enseignant et ses élèves après quelques mois de cours. C’est pourquoi à Thiès, ce sont les élèves qui ont été en premier dans la rue. Ce redéploiement devrait commencer au mois d’octobre. Pourquoi alors attendre à quelques jours du démarrage des compositions pour prendre une telle mesure ?

ABDOU FATY, SG SELS/A : «Tous les enseignants doivent procéder à un débrayage»
«En riposte contre les redéploiements, nous avons demandé à tous les enseignants de procéder à un débrayage, surtout ceux qui sont dans les circonscriptions académiques concernées. C’est le cas à Thiès, Guinguinéo, Goudoump. Ces redéploiements ne sont pas basés sur la concertation. C’est un avertissement. Nous avons déposé un préavis de grève pour dénoncer la lenteur dans la matérialisation des accords, exiger le respect de la gestion du personnel démocratique. Nous sommes d’accord sur le principe du redéploiement. Mais cela demande un temps sur des bases très claires. Nous ne pouvons pas payer les peaux que nous n’avons pas cassées. Nous nous réserverons le droit, à l’expiration de notre avis, de dérouler des plans d’actions».

BAKARY BADIANE, PRESIDENT DE LA FENAPES : «C’est étonnant !»
«Nous avons été interpellés plusieurs fois en tant que parents d’élèves du déficit de professeurs dans certaines régions. A la suite d’une réunion tenue au ministère avec les parties prenantes, un constat a été fait sur le personnel qui ne donne pas le maximum de ce qu’on leur demande, pendant que les classes sont fermées. Il faut rationnaliser le système. C’est étonnant ! D’autant que les syndicats ont pris part à cette réunion. Le redéploiement doit se faire à l’intérieur d’une commune. Si le personnel en manque dans les régions, il faut les envoyer dans les régions. Je déplore que le redéploiement soit passé ainsi. Ce qui pousse les élèves et les professeurs à aller en grève. Est-ce une mauvaise gestion du personnel ou bien ?»
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