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Art et Culture

Fonds pour la culture urbaine : Macky «rappe» à 300 millions
Publié le vendredi 29 janvier 2016  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DR
Le président Sall rencontre des hommes d`affaires sud-coréens
Séoul, le 04 Juin 2015 - Le président Macky Sall a rencontré des investisseurs et hommes d`affaires sud-coréens. Le chef de l`État effectue une visite officielle dans ce pays.




C’est la somme dont vont bénéficier sous peu les acteurs de la culture urbaine, en particulier ceux du mouvement hip-hop. Ces 300 millions constituent désormais un fonds pour les rappeurs et vont participer à la professionnalisation du milieu. Mais certains y voient déjà un acte politique tandis que d’autres se lavent déjà les mains de toutes combines politiques.

L’annonce a été faite hier lors d’un point de presse organisé par les rappeurs, Simon, Awadi, Fou Malade entre autres. Invités au Palais pour déjeuner le week-end dernier sous l’initiative de Youssou Ndour, les représentants de la culture urbaine sénégalaise ont passé leur cahier de doléances au chef de l’Etat, qui a par la suite fait une annonce «énorme», selon Awadi. A cet effet, il a promis de mettre à la disposition des cultures urbaines, la somme de 300 millions de francs Cfa. Ce qui est, pour Awadi, un fait nouveau dans l’histoire de la culture sénégalaise. Car, «cette décision est sans précédent et va permettre au mouvement hip-hop de se réunir peut-être». Pour lui, la somme d’1 milliard de F Cfa serait même plus légitime. Aziz Dieng, conseiller technique au ministère de la Culture, embouche la même trompette affirmant : «Vous pouvez avoir plus que ça car les rappeurs se sont affirmés avec un dynamisme extraordinaire.» Il rappelle d’ailleurs que le Sénégal est la première puissance hip-hop de l’Afrique.
A en croire Awadi, cet argent doit pouvoir les fédérer et entraîner une unité de groupe. «C’est grâce à notre maturité, notre sens de l’organisation, qu’on a eu ce fonds. On ne va pas se limiter à 300 millions, mais il faut qu’on arrive à avoir 500 ou même 1 milliard. Car la communauté hip-hop est large et compte de nombreuses personnes. Donc pour moi, un milliard serait légitime. Sauf que c’est à nous de montrer que le mouvement a grandi», lance-t-il à l’endroit de ses pairs rappeurs. Il explique également que même s’il n’y a pas encore une association qui va s’occuper de ce fonds, il faudrait savoir que les 300 millions appartiennent à tout le monde et tous ceux qui seront structurés vont en bénéficier. Pour Fou Malade, cette promesse est le fruit d’une «longue sédimentation». «On ne s’est pas réveillés un beau jour pour qu’on nous offre ces 300 millions. C’est par rapport à la reconnaissance de l’efficacité du mouvement hip-hop au-delà, de la musique et de la danse. Le hip-hop agit sur les consciences et agit sur les populations, il alerte par ailleurs l’opinion», s’est félicité Malal Talla.
«Les gens ont l’habitude de dire aux rappeurs qu’ils ne font que réclamer des droits. Mais au-delà de ça, on a besoin d’argent pour pouvoir avancer», avoue-Fou Malade, qui rappelle tout de même qu’ils ne sont qu’à l’étape de promesse et que ce fonds n’est pas encore disponible. «Qu’à cela ne tienne. Nous nous devons de communiquer pour que cela soit effectif, car on est habitués aux promesses non tenues», dit le rappeur. Sur ce point précisément, le ministre- conseiller Youssou Ndour les rassure. «Le Président, quand il donne son accord, il le fera. On ne va plus parler de promesse mais nous allons vers la faisabilité de la chose. L’Etat est lent. Mais ce n’est pas de sa faute, c’est le système et on doit le décoincer», a dit Youssou Ndour. «Je suis acteur culturel avant d’être ministre. Donc je ne vais pas déléguer ma responsabilité, je vais l’assumer comme vous le faites. Notre démarche tend à faire évoluer notre politique culturelle et aider les Sénégalais, qui sont acteurs dans ce domaine-là, à réussir», a-t-il laissé entendre. Et il n’est sûrement pas le seul à croire à la promesse du Président. Le rappeur Simon appuie : «Nous savons que si le Président parle, il va le faire.»
Quid de la gestion de ce fonds ? Simon informe qu’il ne va être entre les mains de qui que ce soit. «Il sera géré par un comité qui va répondre en fonction des dossiers ou entre les mains du ministre de la Culture», a-t-il souhaité.

Polémique : Un fonds politique ou non ?

Awadi a tenu à bien préciser que le fait qu’ils aient bénéficié de cette somme ne relève d’aucun critère politique. «Il n’y a aucune condition politique, le Président n’a parlé de politique à aucun moment au cours de ce déjeuner. Et c’est ce qui rend ce geste encore plus généreux. Ce n’est pas parce qu’on nous a donné de l’argent qu’on va faire la campagne de qui que soit. Nous ne sommes pas naïfs, on est assez mûrs pour ne pas être utilisés pour la politique. On a eu cet acquis par le pur hasard», a expliqué l’auteur de Présidents d’Afrique. Un avis que ne partage pas Fou Malade qui a tenu à reformuler à sa façon, ces déclarations de Didier Awadi. «Nous sommes des acteurs politiques et ce que nous faisons est forcément lié à la politique. Nous sommes un mouvement hip- hop et le Hip-hop en tant que tel est défini comme un acte social et qui parle d’acte social, parle de politique. Notre musique parle de politique et quand on parle de politique, on parle forcément d’argent. Parce que l’argent permet de résoudre un certain nombre de problèmes», a mentionné Fou Malade pour qui, c’est l’argent des Sénégalais qui est restitué aux Sénégalais et va permettre en outre de professionnaliser le milieu. Malal Talla ajoute : «Je travaille avec l’Etat, donc n’ayons pas peur de rencontrer le président de la République. C’est parce que les ministres qu’on a eu à rencontrer n’ont pas donné des réponses effectives et efficaces à nos requêtes, qu’on a parlé au président. Il ne faut pas que nous acceptions d’être isolés, nous devons aller vers l’Etat pour exiger ce qui nous revient de droit», a-t-il martelé.
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