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À mi-temps de la campagne de commercialisation arachidière 2015-2016: Chronique d’un fiasco ... programmé
Publié le samedi 16 janvier 2016  |  Sud Quotidien
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© Autre presse par DR
Campagne de commercialisation agricole 2013-2014 : le CNIAS fixe le prix du kilogramme d’arachide à 200 Fcfa




La campagne de commercialisation de graines d’arachide 2015-2016, lancée le 16 novembre 2015, est partie pour battre le record des traites arachidières à problèmes. Partout, c’est le fiasco total ou presque pour le Groupe SUNEOR et les Opérateurs privés stockeurs (Ops) agréés pour les différents points de collectes retenus au niveau national pour la vente des graines. Alors qu’au niveau de ces sites, avec des OPS qui attendent toujours des financements, le kg de graine est cédé à 200 F Cfa, dans les louma (marchés hebdomadaires), il est échangé à, au moins, 250 F Cfa.

Conséquences : pour une prévision de collecte de 300.000 tonnes pour le groupe SUNEOR, seules 500 tonnes ont été réceptionnées à la date du 11 janvier 2016. Ce qui fait qu’entre les problèmes de financement et le niveau de réception catastrophique, aujourd’hui, au rythme où se déroule cette campagne (plus que timide), les travailleurs des usines du groupe SUNEOR affichent inquiétudes, craintes et grosse déception quant au fonctionnement de l’entreprise et les semences, surtout avec le faible tonnage de graines réceptionnées. Après Kaolack et Sédhiou, la semaine dernière, Sud Quotidien fait le point sur la campagne de commercialisation arachidière à mi-parcours au niveau des régions de Diourbel, Ziguinchor et Kolda.

DIOURBEL / Abas Jaber et les Chinois menacent la campagne

La campagne de commercialisation de l’arachide se déroule de façon timide au niveau de Diourbel. Un peu plus de 100 tonnes seulement ont été collectées au niveau de l’usine SUNEOR de Diourbel. Pis, sur une prévision de 300.000 au niveau national, seuls 500 tonnes ont été collectées pour le groupe SUNEOR. Si les paysans poussent un ouf de soulagement, d’autres craignent que les semences soient compromises lors de la prochaine campagne agricole car, l’essentielle de la production est cédée aux étrangers moyennant 250 F Cfa le kilogramme (kg) contre 200 F Cfa pour le circuit officiel. Les travailleurs de la SUNEOR invitent l’Etat à signer l’acte de séparation avec Abass Jaber.

L’usine SUNEOR de Diourbel a collecté, à la date du 11 janvier 2016 dernier, un peu plus de 100 tonnes de graines d’arachide. Sur le terrain, les graines sont bradées au niveau du marché parallèle où le Kg d’arachide est cédé à 250 F Cfa, un prix beaucoup plus offrant que le circuit officiel. Ces graines sont généralement collectées par les grands commerçants basés à Touba qui les revendent aux étrangers tels que les Chinois.

Si la tendance se confirme, il y aurait une réelle menace sur les semences pour la prochaine campagne agricole, a soutenu Ngary Ba, un paysan trouvé au marché Syndicat de Diourbel. «Nous ne sommes pas d’accord avec la démarche des étrangers. Si ces derniers avaient installé leurs unités dans le pays, cela pouvait nous profiter. Mais exporter la production contribuerait à nous ruiner car nos huileries risquent de ne pas fonctionner correctement», a-t-il décrié.

Modou Ndiaye, un autre paysan, soutient le contraire car, «nous sommes dans un commerce international. Nous consommons ce que nous ne produisons pas. Aucun paysan ne dira que les Chinois ne font pas marcher». Des Opérateurs privés semenciers interrogés indiquent que les mesures qui avaient été prises par l’Etat ne sont pas respectées à cause d’un manque de financement.

Le secrétaire général adjoint du Syndicat national des corps gras, Thié Mbayte Ndiaye explique les raisons des blocages. «On n’arrive pas à comprendre que depuis le mois d’octobre, date à laquelle le gouvernement a trouvé un accord de séparation à l’amiable avec Abass Jaber, que la situation reste telle quelle. C’est parce qu’il n’y a pas eu de signature pour la séparation. C’est ce qui bloque toute la campagne de commercialisation. Les gens ne peuvent pas encore nous donner de financement parce que la société est encore une propriété privée. Tant que cette séparation n’est pas matérialisée, il n’est pas possible d’évoluer».

Et Thié Mbayte Ndiaye de prévenir: «les graines sont en train de partir, on a plus le temps de faire de la collecte des 300.000 tonnes parce que le temps matériel ne suffit plus. Ce que nous voulons, dira t-il, c’est de tourner la page Abass Jaber. Il faut que l’Etat signe cet acte pour se séparer définitivement de lui pour qu’on puisse travailler. Nous avons une collecte presque nulle. Pour une prévision de collecte de 50.000 tonnes pour Diourbel, nous sommes à plus de 100 tonnes. Pour une prévision de 300.000 tonnes pour le groupe Suneor, seulement 500 tonnes ont été collectés à la date du 11 janvier».

ZIGUINCHOR/ Déroulement sur fond de difficultés et de craintes

Problèmes de financement, niveau de réception catastrophique. C'est sur fond de réelles craintes que se déroule la campagne de commercialisation arachidière à Ziguinchor. Démarrée depuis le 16 novembre 2015, cette campagne est plus que timide. Travailleurs de l'usine SUNEOR, syndicalistes et Opérateurs Privés Stockeurs (OPS) ne cachent plus leurs inquiétudes.

Le temps d’une campagne de commercialisation est plus que timide. L'espoir suscité par la reprise de la société SUNEOR par l'Etat s'est vite transformé en une grande déception chez les acteurs de la filière arachidière dans le Sud du pays. "Il faut que les choses bougent", lance le Secrétaire général du Syndicat des travailleurs de la SUNÉOR de Ziguinchor, Samba Badji, qui parle d'une lenteur extrême dans le processus de reprivatisation.

Toute chose qui, selon lui, est à l’origine des dysfonctionnements dans le déroulement de cette campagne de commercialisation arachidière. Pour Samba Badji, "cette semaine sera déterminante pour envisager la suite de la campagne. Et si rien n'évolue, nous allons décliner des stratégies pour nous faire entendre ..." L’illustration parfaite de la timidité qui entoure actuellement cette campagne de commercialisation arachidière, c'est le faible tonnage (5000 tonnes de graines) réceptionnées sur le stock de 95.000 tonnes de graines escomptées pour l'usine de Ziguinchor cette année. Les Opérateurs Privés Stockeurs, maillon important de cette campagne ont même paralysé le processus de déchargement de graines.

Mobilisés devant l'usine SUNÉOR, ils réclamaient le règlement d'une facture de plus de 168 millions de F Cfa. Très en colère, ils ont déroulé un chapelet de griefs pour expliquer leur ire. Assane Mbaye, leur Secrétaire général d'avancer, avec dépit, ces mots: "nous ne pouvons accepter une telle situation car depuis une semaine nous courons derrière notre argent. Mais, le plus grave, c'est que nous n’avons pas d'interlocuteur. Les graines ont été déchargées dans l'usine mais nous ne savons pas qui doit nous payer. On nous avait dit qu’Abass Jaber a été dessaisi de la gestion de SUNÉOR, mais nous ne comprenons plus. Cette situation a de fâcheuses conséquences sur le déroulement de cette présente campagne puisque, même au niveau des banques, nous ne pouvons plus être financés...", martèle le Secrétaire général des OPS de la zone sud qui poursuit en ces termes: "nous avons décidé de bloquer tout processus de déchargement des graines jusqu’à règlement des factures impayées..." Une problématique qui n’emballe pas cette campagne qui se poursuit avec une panoplie de difficultés dans le Sud du pays. Les différents acteurs impliqués dans cette campagne manifestent leur déception de voir les choses avancer à pas de caméléon. Et, le syndicaliste Samba Badji, de déclarer: «on espérait que les choses allaient s’emballer, mais jusqu’au 31 décembre rien n’est officiel…»

Aujourd’hui, au rythme où se déroule cette campagne, les travailleurs de l’usine SUNEOR de Ziguinchor affichent inquiétudes, craintes et grosse déception quant au fonctionnement de l’entreprise, surtout avec ce faible tonnage de graines réceptionnées.
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