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Réduction du mandat présidentiel en cours: Macky Sall, à l’épreuve de l’Apr
Publié le jeudi 14 janvier 2016  |  Sud Quotidien
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© aDakar.com par DR
Le président a annoncé d`importantes mesures lors de son discours de fin d`année 2015




Décidément, l’engagement à réduire le mandat présidentiel de 07 à 05 années ne sera pas une épreuve de tout repos pour le président de la République et chef de file de l’Alliance pour la République (Apr). Et pour cause, alors que l’opposition et la société civile militent ouvertement pour le référendum devant non seulement ramener le quinquennat mais encore l’appliquer au mandat en cours, la famille politique du Président plaide, urbi et orbi, pour que Macky Sall aille jusqu’au bout de son septennat et du mandat en cours. Contre l’avis du patron du parti ! Comme si l’Apr était une éternelle armée mexicaine !

Au centre du débat politique actuel, objet de polémique et de controverse, la réduction du mandat présidentiel de 07 à 05 ans aura été moulinée à toutes les sauces par les acteurs politiques, les spécialistes du droit comme les membres de la société civile sénégalaise. Au sein du parti au pouvoir (l’Apr), elle prend de plus en plus des allures de «rébellion» contre le chef de file et chef de l’Etat, au fur et à mesure qu’on se rapproche des échéances du calendrier républicain. Comme une immense armée mexicaine sans chef, le parti présidentiel s’englue de plus en plus dans le rejet de l’engagement de son leader, Macky Sall, à réduire le mandat présidentiel et son septennat en cours.

Du ministre d’Etat Mbaye Ndiaye au vice-président de l‘Assemblée nationale Moustapha Cissé Lô, en passant par le secrétaire d’Etat Youssou Touré, le 1er questeur de l’Assemblée Daouda Dia, le député Farba Ngom entre autres, tous jouent leur partition dans cette pression exercée sur le patron du parti au pouvoir. Quand ils ne passent par des voies détournées comme l’ex-Pm Aminata Touré ou le président du groupe parlementaire de la majorité Moustapha Diakhaté pour appeler au respect de l’Avis du Conseil constitutionnel, surtout s’il se prononce pour la non rétroactivité de la loi sur le...mandat en cours.

Pour l’ancien ministre de l’Intérieur, aujourd’hui ministre d’Etat sans portefeuille, « La réduction du mandat du Président est impossible». Se prononçant en effet sur la question, devant la presse, il est resté formel sur la question. Pour lui, la Constitution est tout simplement au-dessus de la parole de Macky Sall. « Il est vrai que Macky Sall avait dit qu’il allait réduire son mandat de 7 à 5 ans, mais il a aussi prêté serment sur la Constitution. Entre la parole de Macky Sall et la loi constitutionnelle tout le monde sait que la Constitution est au-dessus de toute loi ». Par conséquent, a-t-il argué, « il est impossible de réduire le mandat si l’on suit la logique constitutionnelle ».

Ramant dans la même mouvance, le deuxième vice-président de l‘Assemblée nationale n’avait pas usé de gants pour réfuter l’engagement du Président. Dans son style propre, Moustapha Cissé Lô n’a cessé d’inviter Macky Sall à aller jusqu’au bout du septennat pour lequel in a été élu, en 2012, par les suffragants sénégalais. Quitte à faire du « wax waxeet » ! Qui plus est, se prononçant sur le débat autour de l’avis contraignant ou non du Conseil constitutionnel sur la réduction du mandat, Cissé Lô avait tout simplement « instruit » les Cinq Sages de déclarer la loi non rétroactive sur le mandat en cours. Une façon de mettre davantage la pression pour que le maître du jeu et chef de l’Etat ne remette son mandat en compétition qu’en…2019.

YOUSSOU TOURE, DAOUDA DIA, FARBA NGOM … DANS LA MELEE

Ils sont cependant légion, ces responsables au sein de l’Apr, à militer pour l’achèvement du mandat de 07 ans en cours, même s’ils n’occupent pas les devants de la scène médiatique. Au contraire du secrétaire d’Etat en charge de l’Alphabétisation et des langues nationales, ancien patron du réseau des enseignants de l’Apr. Foncièrement contre la réduction du mandat présidentiel, Youssou Touré est lui aussi convaincu qu’un tel acte violerait la Charte fondamentale. « L’appliquer en l’état serait violer la Constitution. Il faut faire la part des choses entre la volonté politique du Président et les limites de la loi. Personne n’est au dessus de la Constitution. Donc, il appartient aux constitutionnalistes d’éclairer notre lanterne sur la question en nous édifiant sur l’applicabilité ou non de cette réduction au présent mandat. Le cas échéant, nous nous plions à cette décision, qui est une première mondiale. En tout état de cause, nous devons veiller à ce que l’esprit et la lettre de la Constitution soient respectées », déclarait-il devant la presse.

Que dire par ailleurs du député Farba Ngom et du 1er Questeur de l’Assemblée Nationale Daouda Dia, par ailleurs partisans de la première heure de Macky Sall dans sa quête du pouvoir. Alors que le premier s’engageait publiquement à mobiliser les populations pour dire non au référendum sur la réduction du mandat présidentiel, le second a fait part hier seulement, à un site en ligne, de son opposition contre la volonté de Macky Sall d’écourter son mandat en cours au nom d’une quelconque promesse électorale. Arguant de la justesse des actions du chef de l’Etat, dans les terroirs et au bénéfice des populations, il avait affirmé sans ambages : «Ce n’est donc pas nous qui allons demander au Président de réduire son mandat ».

AFICIONADOS DE L’AVIS DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL

La volonté de voir Macky Sall boucler son mandat en cours n’est pas seulement supportée par les responsables apéristes ci-haut cités. D’autres, de manière plus subtile, semblent également militer pour que le Président se représente en 2019, sans faire du « wax waxeet ». Ainsi en est-il du président du groupe parlementaire de la majorité Bennoo Bokk Yaakaar (Bby). Intervenant dans la polémique soulevée par le Pr Ismaila Madior Fall, le Pr Babacar Guèye et cie sur le caractère contraignant ou simplement consultatif de l’avis du Conseil constitutionnel, après l’annonce de sa saisine par le chef de l’Etat conformément à l’article 51 de la Constitution, Moustapha Diakhaté avait plaidé pour le respect de la décision des Cinq Sages, quelle qu’elle soit. Contre l’avis des juristes, le patron de la majorité parlementaire avait voté pour que Macky Sall se lie à l’avis de la haute juridiction, sans réserve. Les observateurs auront tôt fait de déceler dans cette position de Moustapha Diakhaté un moyen détourné d’inciter le Président à aller au bout de son septennat. Surtout, si les Cinq Sages décrètent la non rétroactivité de toute loi votée en référendum, sur le mandat en cours. En gros, sut le septennat pour lequel Macky Sall a été élu président de la République en mars 2012, par 65, 68% des votants.

But not least, l’ancien Premier ministre Aminata Touré n’a pas ramé à contre-courant. Aux premières heures du discours de nouvel an du chef de l’Etat et de la polémique sur l’avis du Conseil constitutionnel, la théoricienne du Yoonu Yokkuté et ex-Garde des Sceaux s’était transformée en véritable rempart du respect sans restrictive de l’avis des Cinq Sages. «Le Conseil constitutionnel indiquera au Président la démarche à suivre», avait-elle fait remarquer. Quoiqu’elle ait clairement établi ailleurs que «Les mandats de 7 ans ne correspondent plus à la dynamique des démocraties modernes».

Ces diverses postures de responsables apéristes, bien que non exhaustives du bouillonnement intérieur du parti présidentiel sur la question de la réduction du mandat en cours, montrent à quel point Macky Sall est loin d’avoir gagné la bataille au sein de son propre parti. Un parti qui ne semble pas prêt de se délester de deux années de pouvoir pour les beaux yeux du Prince. Et de là à postuler à une sorte de vote-sanction contre le projet de réduction du mandat, il n’y a qu’un pas que certains esprits franchisent aisément !
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