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Au Sénégal, les migrants acteurs du développement de leurs localités d’origine
Publié le jeudi 17 decembre 2015  |  AFP




BAKEL (Sénégal), 17 déc 2015 (AFP) - Ils ont quitté leur terre il y a des
années pour tenter leur chance ailleurs mais pensent toujours aux leurs restés
au Sénégal, pour lesquels ils construisent mosquées, centres de santé, écoles
ou forages pour l'eau.
Parmi les zones bénéficiaires de la manne des émigrés figurent Matam
(extrême nord), Bakel (est) et plusieurs localités proches, où le visiteur est
frappé par le nombre de mosquées.
Si les émigrés contribuent traditionnellement aux besoins de leurs familles
et communautés d'origine, ces transferts financiers ont connu "beaucoup de
changements quantitatifs et qualitatifs", constate Papa Birama Thiam,
coordonnateur du Programme d'appui aux initiatives de solidarité pour le
développement (PAISD, franco-sénégalais) lancé en 2005.
Auparavant, leurs contributions visaient "à régler des problèmes de survie,
subsistance", puis ont ciblé des "activités de solidarité" avant le
financement des premières infrastructures, "les mosquées particulièrement",
indique M. Thiam, par ailleurs directeur de la Coopération technique du
Sénégal.
Aujourd'hui, la diaspora "ne finance plus seulement les besoins
socio-économiques de base, elle s'investit aussi dans le financement de
l'économie nationale avec la création d'entreprises", dit-il.
Depuis 2005, plus de 25.000 membres de la diaspora sénégalaise en France
ont ainsi mobilisé via le PAISD environ 13,6 millions d'euros pour la
construction d'infrastructures: établissements scolaires, centres de formation
professionnelle, ouvrages hydro-agricoles et d'accès à l'eau potable, en
passant par des structures de santé et d'état-civil.
Les habitants de Diawara (est) profitent désormais d'un château d'eau
approvisionnant également des localités voisines, la ville de Ourossogui
(nord-est) étrenne un lycée flambant neuf que jalouserait Dakar, la capitale,
ont constaté des journalistes de l'AFP lors d'une récente visite de terrain
organisée par le PAISD et l'ambassade de France.

- 'Plus besoin d'aller à Dakar' -

A Bakel, un des viviers de l'émigration, près des frontières malienne et
mauritanienne, les jeunes disent leur joie de disposer, depuis 2011, d'un
centre de formation professionnelle construit grâce à l'association des
ressortissants de ce département établis en France, que préside Boubou Sakho.
"Le maire de la ville m'a dit qu'avant, quand les climatiseurs tombaient en
panne, ils allaient chercher les réparateurs à 250 km dans le meilleur des
cas, voire à 500 km. Il fallait non seulement payer la réparation, mais aussi
les frais de déplacement. Mais depuis quelque temps, ils font appel aux
sortants du centre", explique M. Sakho.
Grâce à cet établissement, "plus besoin d'aller à Dakar", à 700 km, se
réjouit Diarra Gaye, 21 ans, inscrite en BTP depuis trois ans.
Son amie Mariam Diop, 22 ans, en deuxième année BTP, se dit aussi ravie que
le centre de formation lui offre des perspectives qu'elle n'aurait pas
imaginées.
Elle ne voulait de toute façon "pas aller à Dakar", indique-t-elle, "à plus
forte raison en Europe, nulle part où je n'ai personne pour m'héberger". "Je
préfère étudier ici et chercher un travail ici, d'autant que c'est possible",
assure Mariam, qui se voit dans cinq ans "avec un bon boulot et gagnant bien
(sa) vie inch'Allah".
Dramane Kané, 20 ans, de Golomi (22 km de Bakel), inscrit en électricité,
veut "devenir un grand électricien" et, une fois diplômé, aller "à
l'extérieur". "Parce que je le veux, et que mes parents aussi me le
demandent", affirme-t-il.
Ibrahima Diallo, dit Demba Kâ, président du Conseil départemental de Bakel,
reconnaît qu'il y a "encore des velléités de partir", mais assure que beaucoup
d'efforts ont été faits, à la fois par les autorités et par les émigrés, pour
réduire considérablement les départs. Il parle des aménagements agricoles en
cours ou envisagés dans la zone, des structures créées ou prévues...
"Les jeunes ont des offres intéressantes aujourd'hui pour s'adonner à des
activités productives, au lieu de penser à émigrer. Il ne s'agit pas seulement
de leur dire de ne pas partir, ce n'est pas opérant, il leur faut des offres",
affirme M. Diallo pour qui "au-delà de l'émigration même, c'est la
problématique de l'emploi des jeunes qui se pose".
"On ne peut pas dire aux gens: +Ce n'est pas vrai, il n'y a pas
d'Eldorado+, alors qu'on envoie de l'argent, on construit des choses, des
bâtiments, c'est visible, c'est concret", renchérit Boubou Sakho.
Selon ce vétéran de l'immigration - 62 ans dont 40 en France - la
"différence fondamentale" aujourd'hui, c'est l'attitude des pays hôtes, passés
successivement de "très accueillant" à "indifférent" puis au "rejet".
cs/mrb/sst/sba/jhd
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