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Cité par la défense : Le témoin se retourne contre Habré
Publié le jeudi 17 decembre 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Les avocats de la défense se sont retrouvés en face d’un témoin qui a retourné sa veste à la barre des Cae. Ils avaient cité l’ancien gendarme Rhessa N. K. Ngueitbaye pour faire entendre un autre son de cloche à la barre après le passage des présumées victimes. Mais, il s’est retrouvé à charger Hissein Habré au grand désarroi de ses conseils.

Les auditions des témoins cités dans le procès de Hissein Habré ont pris fin hier avec la comparution de Rhessa Nguena Kagbe Ngueitbaye. C’est la seule personne qui a été citée par la défense de l’ex-Président tchadien accablé jusqu’ici par les témoignages de ses présumées victimes. «Après la lecture du procès-verbal, nous avions estimé qu’il y avait des points positifs dans sa déposition dont nous pourrions tirer profit», justifie Me Balal à sa sortie de la salle d’audience sur l’opportunité de l’avoir convoqué. Au finish, ce fut un cauchemar pour les conseils de Habré.
En lieu et la place d’un témoignage élogieux, Rhessa Nguena Kagbe Ngueitbaye a finalement porté les habits d’une partie civile à la barre de la Chambre d’assises des Cae. Verbe haut, le gendarme, âgé aujourd’hui de 72 ans, n’a pas fait dans la langue de bois pour vilipender le prévenu. Selon lui, «Habré était très bien informé et avait la possibilité de savoir ce qui se passe au Tchad avant midi». Il est revenu sur les évènements qui ont émaillé le règne de l’ancien homme fort de Ndjamena. «Hissein Habré est entré triomphalement le 7 juin 1982 à Ndjamena. Pendant ce temps, poursuit l’ancien gendarme, Kamougué (chef rebelle) a renvoyé aussi ceux qui étaient contre lui et ces derniers ont rejoint le camp de Habré le 15 juin à Moundou.»
D’après le témoin, l’ancien Président du Tchad a donné à ces gens la somme de 15 millions et des vivres pour qu’ils s’organisent en Fan. «Et le 30 juin, ils ont rallié Habré. Ces troupes renforcées se sont dirigées vers le Sud. Elles ont pris Sarh, puis la ville de Moundou le 4 septembre», a-t-il révélé. C’est le début des tractations et des alliances stratégiques. Il explique : «Kamougué et moi avions quitté le Tchad pour rejoindre le Cameroun. A notre retour, nous nous sommes retrouvés pour rejoindre Goukouni Weddey, replié lui aussi en Lybie pour organiser ses forces contre Habré qui l’avait bouté hors du Tchad», a-t-il informé.
Le triumvirat se met en place. Ensuite, il se replie à Brazzaville pour constituer des éléments et les envoyer en Lybie pour le compte de Goukouni Weddey. «A l’étranger, je suivais de près tout ce qui se passait sous le règne de Habré», avance-t-il.
En 1984, Habré appelle les populations tchadiennes exilées à rentrer au Tchad. «C’est à Brazza qu’il m’a contacté pour me demander de revenir au Tchad. Il m’a demandé ce qu’on faisait dehors ? Je lui ai dit M. le Président, vous savez bien ce que je fais. Vous risquez d’être un Président de l’espace (Sic). Vous avez armé des gens qui nous combattent. Vous êtes en train de déplacer le Tchad au nom de la religion», raconte le témoin en précisant que la situation était sérieuse et qu’il ne pouvait pas rentrer au bercail.

«Habré savait tout...»
Convaincu ensuite par les arguments du Président Habré, le gendarme a voulu rentrer en 1985. «Mais il a été porté à ma connaissance qu’on était en train de tuer les gens au Sud à Ngalo, dit-il. Quelque temps après, on m’a dit que Habré a fait exécuter deux personnes devant leur tombe», ajoute-t-il. Finalement, il rentre en 1986 sur demande de Habré. Hassane Djamouss voulait faire de lui son chef de cabinet, mais il attendait que le Président le nomme. Pendant cinq années, il était commandant de gendarmerie. Ensuite, il a été nommé à l’inspection du territoire chargé de l’enquête sur les relations entre les militaires et les civils par le ministre de l’Intérieur. Sous cet habit, il a eu à effectuer deux missions au nom de Habré : La première consistait à authentifier les accusations prêtées au sous-préfet adjoint de Beret qui aurait traité Hissein Habré de soulard. «J’ai dit au sous-préfet Nari Galo que si on le chauffe devant la population, ce sera la catastrophe», se rappelle-t-il. La seconde est liée au soulèvement de la population de Be qui aurait décapité un soldat. «Ils nous ont envoyés pour mater la rébellion. Quand une personne tuait, c’est toute sa tribu qui est mise en cause. J’ai envoyé deux messages au Président pour lui dire que ce sont des mensonges et il m’a demandé de les laisser», a-t-il reconnu. Selon ses révélations, il y avait aussi 4 personnes de la société Transrail qui ont été arrêtées.
Par ailleurs, il a dressé aussi un autre portrait de Habré : «Il est cultivé, méticuleux et travailleur.» Mais la défense a finalement craché sur son témoignage.
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