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Ngary Faye, inspecteur d’académie de Dakar: ‘’Si les manuels ne sont pas arrivés dans le cartable de l’élève, il y aura des sanctions’’
Publié le lundi 14 decembre 2015  |  Enquête Plus




Le gouvernement du Sénégal a décidé de se doter de nouveaux manuels. Qu’est-ce qui explique le choix de ces nouveaux livres au détriment d’autres comme ‘’Sidi et Rama’’ ou ‘’Ami et Rémi’’ ?

Vous savez qu’un manuel n’est jamais définitif, il est dynamique. C’est en fonction des objectifs du temps. Parce que les manuels qu’on avait utilisés quand on était élève ne sont plus de cours. ‘’Sidi et Rama’’ peut continuer à exister et cohabiter avec d’autres manuels, dans le cadre des options du gouvernement, en matière de politique de manuels scolaires. Le Sénégal a adopté un document de politique qui se fonde sur un élément structurant extrêmement important : c’est le principe du choix multiple. Dans une même classe, le maître peut avoir recours à plusieurs manuels. Dans une même académie, au lieu d’avoir le même livre, on peut avoir Sidi et Rama, un autre peut avoir Ami et Rémi et un autre manuel.

Tout cela sans qu’il ne soit en porte-à-faux avec la politique éditoriale. Il est vrai cependant que ce n’est pas n’importe quel manuel qui peut entrer dans la classe, parce qu’il y a au ministère de l’Education nationale une division qu’on appelle l’Institut national pour le développement de l’éducation (INEAD) qui est là pour assurer les spécifications techniques de tous les manuels qui seront acceptés en classe. C’est comme qui dirait l’INEAD est ici gardien de la norme en manuel scolaire. Avant qu’un livre ne fasse l’objet de passation de marché, il faut qu’il soit agréé par l’INEAD. Et ce sont les manuels agréés qui peuvent être achetés par le ministère pour pouvoir être distribués dans les écoles.

Qu’est-ce qui explique que le Sénégal soit resté depuis 2009, sans pour autant doter les élèves de manuels ?

Le dire dans une certaine mesure peut porter équivoque. Le Sénégal n’est jamais resté sans doter de manuels. C'est-à-dire, la question aurait pu être le curriculum qui a connu un retard dans la mise à disposition des manuels. Il y a un déphasage entre la construction du curriculum et les manuels qui devaient accompagner. Et c’est ce vide que nous sommes en train de vouloir résorber.

C’est justement le sens de la question. Qu’est-ce qui a expliqué ce retard ?

Ça peut s’expliquer à plusieurs niveaux. D’abord le curriculum, c’est une construction. Vous avez parlé de Sidi et Rama. Ce manuel a toujours existé en classe, mais les manuels qui devaient être conçus dans la nouvelle orientation pédagogique, didactique du curriculum ont accusé du retard, parce qu’ils correspondent maintenant à une autre manière d’aborder les enseignements-apprentissages. C’est cette construction qui a connu du retard et ce retard, on ne l’a qu’à la troisième étape. L’année dernière, je vous l’ai dit, il y a eu des efforts. Cette année aussi et l’année prochaine, on couvre le cycle.

Est-ce que vous vous êtes assuré que les manuels sont effectivement dans les cartables des élèves ?

La question me paraît extrêmement pertinente. Parce qu’une chose est de rendre disponible les manuels. D’abord au ministère, est-ce que le ministère a distribué dans les inspections de l’éducation ? Est-ce que les inspections ont donné aux directeurs d’école ? Est-ce que ces derniers n’ont pas emmagasiné les manuels ? Est-ce que les manuels sont dans le cartable de l’élève ? A ce propos, nous avons reçu des directives fermes du ministre qui nous demande de nous assurer que toutes les dispositions sont prises pour que les manuels arrivent dans le cartable de l’élève, puisque c’est la seule destination.

Par rapport à ça, on a envoyé une correspondance aux inspecteurs de l’éducation et de la formation pour leur dire que l’inspection d’académie procédera à une mission de vérification auprès des IEF, d’abord. Ensuite, au niveau des écoles pour s’assurer de l’effectivité des manuels dans le cartable de l’élève. Si les manuels ne sont pas arrivés dans le cartable de l’élève, il y aura des sanctions. Ça dépend des niveaux de responsabilité. Si c’est le directeur ou un enseignant, ils seront sanctionnés. La mission sera en place dès vendredi dans toutes les IEF.

La dotation en matériels didactiques est un domaine de compétences transféré aux communes. En tant que ministère de tutelle, est-ce que vous vous assurez que les collectivités locales s’acquittent réellement de cette mission ?

Vous savez, les relations entre l’Administration et la collectivité locale, surtout en termes de compétences transférées, sont un peu sensibles. Parce que l’élu local, pour l’essentiel, sa seule instance de sanction, c’est l’électeur. Beaucoup de gens se soucient d’abord du bien-être des populations, en s’appuyant sur l’éducation et la santé qui sont à peu près pour beaucoup de collectivités locales des priorités. Je sais que beaucoup de collectivités locales se sont acquittées de l’appui en fournitures scolaires dans les établissements. Ils n’ont pas tout fait.

D’une collectivité locale à une autre, les ressources ne sont pas les mêmes. Certaines n’ont pas les moyens. Qu’est-ce que le ministère fait à ce niveau pour combler un peu le gap ?

Il y a ce qu’on appelle les fonds de dotation qui, quel que soit le niveau de développement de la collectivité locale, sont alloués. Ce sont des ressources de transfert comptabilisées dans le budget du Ministère de l’Education nationale, mais qui sont déléguées aux collectivités locales. Ça aide à plus ou moins équilibrer ces dysfonctionnements dont vous venez de faire cas.

Prenons un exemple. Une école qui reçoit en dotation sept boîtes de craie de la municipalité pour toute une année : comment peut-elle fonctionner correctement jusqu’à la fin de l’année ?

Si on quitte les fournitures scolaires, en venant au matériel du maître, les collectivités locales appuient les écoles. Mais à côté, il y a aussi la mise en place du Programme d’amélioration pour la qualité l’équité et la transparence (PAQUET). Chaque établissement, école élémentaire aujourd’hui dispose d’un compte bancaire et il reçoit un appui des partenaires au développement, notamment la Banque mondiale. Il reçoit aussi du budget de fonctionnement du ministère de l’Education nationale qui est directement transféré dans le compte de l’école, à partir du ministère des Finances.

Le budget est estimé à combien ?

Dans un premier temps, c’est 3 000 F CFA par élève, certaines écoles aujourd’hui n’ont pas reçu leur budget, du fait simplement des procédures liées à l’ouverture des comptes bancaires et à quelques difficultés. Le transfert des crédits est la principale difficulté à laquelle nous sommes confrontés, mais sur le principe, c’est effectif, l’argent mobilisé est disponible. Nous travaillons à ce que tous les comptes soient les plus fiables et exhaustifs possibles pour permettre d’huiler le processus de transfert.
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