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COP21 : l’Afrique saura-t-elle se faire entendre ?
Publié le jeudi 10 decembre 2015  |  Agence de Presse Africaine
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© AFP par MIGUEL MEDINA
La 21e Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) à Paris




A l’heure où les dirigeants de grands et petits pays pollueurs du monde sont réunis à Paris pour décider du sort de la planète, le continent africain aura-t-il son mot à dire ? A défaut, devra-t-il simplement continuer à subir ou se borner à réagir après la publication de la Déclaration finale de la 21e Conférence de la Convention des Nations Unies sur les changements climatiques (COP21) ?
La Déclaration de Paris (fut-elle messianique pour les grands pollueurs) devra trancher sur les grandes préoccupations qui divisent les pays en développement et les pays industrialisés, taraudés par le dilemme cornélien d'un juste équilibre entre développement hégémonique et politique environnementale.

Avec seulement 4,55% des émissions mondiales des gaz à effet de serre qui en fait le moins pollueur, le continent africain paie le plus lourd tribut dans le réchauffement de la planète.

« Il ne faudrait pas que cet accord entrave les efforts des pays africains pour éradiquer la pauvreté, d'autant plus que l'Afrique est le continent qui contribue le moins à l'émission des gaz à effet de serre », a averti le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, dans son discours à l'ouverture de la Conférence à Paris.

Malgré les autres défis qui l'assaillent -notamment le chômage de sa jeunesse, l'émigration clandestine ou sélective (qui a parlé de chasse aux cerveaux ou de fuite de cerveaux?), l'accès à l'énergie (même solaire), les sécheresses et les inondations (trop peu d'eau et trop d'eau) et l'érosion côtière de plus en plus menaçante-, l'Afrique subit les contrecoups d'un phénomène qu'elle a peu ou prou provoqué.

Assurément cela constitue autant d'obstacles à un moment où beaucoup de pays africains cherchent à redynamiser leur agriculture pour au moins s'assurer une autosuffisance alimentaire. Un combat de titan en perspective, quand on se rend compte des aléas comme la dégradation de l'environnement, la déforestation progressive, l'irrégularité des pluies et l'assèchement des points d'eau comme celui du Tchad.

Même si le continent africain abrite 65 % des terres arables encore exploitables sur la planète, il n'en profite pas convenablement du fait de la boulimie des multinationales étrangères.

A l'heure où nombre des pays africains ont élaboré leurs programmes de développement autour de l'agriculture et des ressources naturelles-- Plan Sénégal Emergent, Plan Stratégique Gabon Emergent, Vison 2020 Maroc, Plan d'industrialisation de Guinée équatoriale-PEGI 2020, Vision Togo 2030, et bien d'autres--, les conditions climatiques sont loin d'être favorables au « Grand Bond en Avant » de leurs économies.

Quel langage tenir aux pays industrialisés, en particulier les grands émetteurs de CO² comme les puissances économiques américaines, européennes ou asiatiques qui polluent en réalité la planète, dans une course effrénée et sans fin pour des parts de marché?

Même si « la voix de l'Afrique est cruciale pour garantir le succès de la COP21 », comme le soutient le président de la Banque Africaine de Développement (BAD), Dr Akinwumi Adesina, il est légitime de se demander si elle sera entendue et prise en compte ou é'diplomatiquement'' ignorée.

Pour le Chef de l'Etat sénégalais, Macky Sall, quand on demande aux pays les plus en retard sur le processus de développement de renoncer aux sources d'énergie les plus accessibles et moins coûteuses que d'autres ont utilisé pendant des décennies pour assurer leur industrialisation, l'équité veut que cet effort soit accompagné et soutenu.

Cependant, comme l'a avoué le président français, les financements font défaut.

Pour améliorer la résilience face au climat et promouvoir un développement à faibles émissions de carbone, la Banque Africaine de Développement, par la voix de son président Dr Akinwuni Adesina, s'est engagée à tripler le financement de son fonds alloué au climat à hauteur de cinq milliards de dollars annuels jusqu'en 2020.

Quant à la Banque Mondiale, son Business Plan aura besoin de 16 millions de dollars à mobiliser d'ici 2020, toujours dans le cadre du renforcement de la résilience.

Les promesses des sommets précédents, évaluées à une centaine de milliards de dollars, risquent de ne pas être tenues entièrement ou, du moins, pas dans les délais.

Le cas échéant, il restera la distribution équitable des é'quotas verts'' à allouer à chaque pays africain, au prorata de ses besoins de résilience, de sa puissance économique ou, pourquoi pas, selon sa vulnérabilité intégrale.

Et l'Afrique dans la COP21, au soir des promesses et engagements du 11 décembre, s'autorisera-t-elle à imposer un nouveau modèle de coopération, sur la base de ses priorités individuelles ou régionales ?

Une coopération qui ne se résumera plus en dons de ... charrettes, d'ambulances et de lits d'hôpital ou de tout autre « déchet toxique », à l'instar du navire é'Probo Koala'' en Côte d'Ivoire par exemple.

Pour ne pas tomber dans le chaos entrevu par Evo Morales, président de la Bolivie, qui a mis en garde que « si nous continuons sur le chemin tracé par le capitalisme mondial, l'humanité est condamnée à disparaître », il faudra nécessairement un nouveau modèle de société basé sur une économie sociale et solidaire.

En attendant, méditons ces paroles de Nietzsche : « il n'y a pas de solidarité dans une société où il y a des éléments stériles, improductifs et destructeurs, lesquels auront d'ailleurs des descendants encore plus dégénérés qu'eux-mêmes ».
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