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Abattage des caïlcédrats : Le patrimoine national en péril à Thiès
Publié le mardi 8 decembre 2015  |  Le Quotidien




Halte au massacre des caïlcédrats de la ville de Thiès. C’est le cri du cœur lancé par le colonel Abdourahmane Samoura. Dans un document, l’ingénieur des eaux et forêts à la retraite demande à la population thiessoise d’arrêter l’agression des caïlcédrats légendaires qui constituent un patrimoine écologique et culturel de la ville de Thiès.

«Le caïlcédrat est gravement menacé par diverses agressions d’origine anthropique.» C’est le constat de l’ingénieur des eaux et forêts à la retraite. Il s’agit, selon le Colonel Abdourahmane Samoura de l’abattage, l’élagage abusif et l’écorçage illicites. Aussi, «d’autres déperditions sont régulièrement enregistrées du fait de la vieillesse des sujets et de l’absence d’un programme de traitement sylvicole approprié», a-t-il renseigné dans un document dont Le Quotidien détient une copie. Selon, l’officier supérieur à la retraite, le caïlcédrat a été souvent choisi comme arbre parrain des campagnes nationales de reboisement (1995, 1996, 2014, 2015) en raison des menaces qui pèsent sur cette espèce à cause de l’exploitation et de la coupe abusives dont il fait l’objet. Il dit : «Le recensement des caïlcédrats de la commune de Thiès effectué en 2003 par le service forestier de Thiès faisait état de 3 188 arbres vivants. Force est de constater aujourd’hui que la situation est tout autre.» Espèce de pleine lumière supportant mal la concurrence, le caïlcédrat est, selon le Colonel Samoura, «le plus bel arbre, le plus grand, le plus majestueux des régions à longue saison sèche sahélo-soudano-guinéenne. Il domine beaucoup les autres arbres. Selon la profondeur et l’humidité du sol, c’est un arbre rectiligne, libre sur une dizaine de mètres et plus, terminé par une cime pyramidale, puissamment charpentée, très développée, qui s’élève à 25–30 mètres». Et pour lui, «en sa qualité de plus bel arbre des pays soudano-guinéens, il est très souvent planté comme arbres d’avenues. C’est le cas de grandes artères et des bases militaires de la région de Thiès très ombragés par de magnifiques caïlcédrats qui ont été plantés à Thiès depuis 1933, en tenant compte des contraintes climatiques et pédologiques. Fréquemment la base des caïlcédrats auprès des agglomérations est entaillée par les populations qui utilisent l’écorce amère pour ses propriétés réputées fébrifuges et toniques pour elles et pour les chevaux. C’est également un arbre remarquable de la région de Thiès à travers le «Ndioloum Diobass» qui a tiré sa révérence dans les années 80». Ainsi ajoutera l’ingénieur, «la ville de Thiès, entendue dans le sens d’une ville durable, a besoin entres autres d’arbres du fait de son environnement dominé par de fortes insolations et de la progression rapide du béton. Certains spectacles désolants que l’on voit souvent à travers la ville sous le regard indifférent et imperturbable des thiessois ont, à bannir de notre paysage urbain. Arrêtons le massacre des caïlcédrats ! Plus jamais ça».

Patrimoine en péril
Surtout que, poursuit Abdourah­mane Samoura, «au moment où, la reconstitution du couvert végétal ligneux par le biais du reboisement est portée au rang des actions à privilégier dans le cadre de la Politique forestière du Sénégal (Pfs) pour juguler les effets de la dégradation des écosystèmes et de changement climatique». Pour dire, selon lui, que la volonté politique manifestée par les plus hautes autorités du pays pour une restauration de la couverture végétale par des actions de reboisement soutenues implique dès lors un effort global et une grande mobilisation des acteurs concernés et requière également une vision partagée et une solidarité effective. «Le but recherché, à travers les opérations de reboisement, est de tirer profit du rôle capital que joue l’élément végétal dans le maintien de l’équilibre de l’homme (besoins d’ordre psychologique, physiologique et social) et des systèmes qu’il met en place (sauvegarde du milieu et des établissements humains).» Sous ce rapport, dira-t-il, «d’immenses efforts sont consentis par les autorités municipales dans le cadre du Programme de soutien des projets communaux de protection du climat et d’adaptation au changement climatique. Et avec l’appui du ministère fédéral Allemand de la Coopération économique et du développement, lequel programme participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre mais aussi de l’adaptation au changement climatique, la conservation et l’amélioration de la foret et de la biodiversité 2016-2018 permettant de restituer à la ville sa dimension écologique en vue de contribuer à l’épanouissement des populations». Ainsi dira-t-il à l’endroit des populations de Thiès, «aucun motif ne justifie aujourd’hui cette forte agression exercée sur ces caïlcédrats légendaires qui constituent un patrimoine écologique et culturel de notre ville. C’est donc un défi majeur que les populations doivent relever en faisant prévaloir l’usage du contrôle citoyen et en se dressant, avec toute l’énergie requise, contre les auteurs de ce massacre», a-t-il laissé entendre.
Le caïlcédrat de son nom scientifique Khaya senegalensis ou Khaye en wolof appartient à la très grande famille des Méliacées qui compte de très intéressantes espèces dans la flore sèche. On peut en citer principalement deux, à savoir : le Trichilia preuriana A, Juss un petit arbre très commun dans les galeries forestières des zones sèches et dans le sous-bois du foret semi humide de la basse Casamance et le Carapa procera Dc, le très connu «touloucouneu» des malinkés aux graines oléagineuses médicamenteuses. En Casamance, il est excessivement abondant, aussi bien dans la savane boisée que dans les forêts denses semi-humides à Detarium, Parinari et Erytro­phleum. Il existe toutefois de référence en abondance sur les lisières de ces bois autour des dépressions cultivées en rizière.
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