Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratiques    Le Mali    Publicité
aDakar.com NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Majorite et opposition s’auto-flagellent
Publié le samedi 28 novembre 2015  |  Sud Quotidien
les
© Autre presse par DR
les députés du Sénégal




L’absentéisme notoire des députés aux sessions de l’Assemblée nationale, constatée avec virulence par le président de la représentation parlementaire Moustapha Niasse avant-hier, mercredi, lors du vote du budget du ministère de la Promotion des investissements, n’en a encore fini de faire couler de la salive. A l’image de la classe politique (majorité comme opposition) qui, en décriant fortement ce comportement des députés qui « dévalorise » de plus en plus la mission du parlementaire, s’embourbe tout simplement dans… l’auto-flagellation. Pour cause, les élus dits du peuple ne proviennent-ils pas presque tous, avec cette douzième législature, de ces mêmes partis politiques (Apr, Pds, Ps, Ld, Bokk Gis Gis et cie) qui les jette aujourd’hui aux gémonies ? Preuve que la responsabilité de cet absentéisme profondément ancrée dans la pratique parlementaire est d’abord politique avant d’être de tout autre ordre ! Quid alors des solutions ? Adoption d’un système de pointage (Moussa Sarr de la L D), mise en place d’un registre d’émargement (dixit Moustapaha Niasse), revue du mode d’élection des députés (Abdoulaye Seck, porte-parole de la Convergence démocratique Bokk Gis Gis), ou simplement un code de ponctualité au sein de l’hémicycle, d’après Sira Ndiaye, député et responsable de l’Apr à Mbour. Des esquisses de recettes toutefois sans garantie de succès face au dilettantisme…parlementaire !

ABDOULAYE WILANE, PORTE-PAROLE DU PARTI SOCIALISTE : «Notre pays a besoin de rupture...»

Je ne peux que m’en désoler sur le constat fait par le président de l’Assemblée nationale. Notre pays a besoin de rupture non pas en termes d’action gouvernementale ou de changement dans l’orientation de la gestion du pays mais dans le rapport que les acteurs politiques ont eux-mêmes avec la politique, avec le bien public mais aussi avec les citoyens. Je pense aussi que la session budgétaire prend beaucoup de temps aux parlementaires parce que c’est comme une sorte de marathon où les travaux de commissions sont agencés de manière à ce que les députés travaillent sans répit. Et quand surviennent des événements à caractère social ou religieux, cela peut être aussi à l’origine de certains comportements. Lorsque les députés de la région de Kaffrine sont, par exemple, invités à être présents dans leur terroir pour les besoins de la célébration de la Journée de l’élevage (organisée hier, jeudi-ndlr) tout comme les députés qui sont fortement intéressés par le développement de l’élevage, ils peuvent être absents. En tout cas, je ne disculpe personne mais j’analyse.

Je militerai donc en faveur d’une réforme du travail parlementaire. Je crois que les partis politiques doivent prendre leur responsabilité, assainir les mœurs politiques, essayer de réconcilier les Sénégalais avec la façon de faire la politique. Les députés doivent également se remettre en cause pour revoir leurs conditions de travail, si c’est trop long, très contraignant, s’ils ont des engagements ou bien s’il y a un chevauchement dans le calendrier républicain entre les activités des administrations et celles de l’Assemblée nationale. Il faut qu’ils revoient leur mode de travail. En guise d’illustration, à partir d’aujourd’hui, 26 novembre (ndlr hier,) et jusqu’au 03 décembre, il y a le sommet Africités qui rassemblera tous les maires. Cela veut dire que les députés-maires peuvent être absents du Sénégal. Puis, à partir du 30 novembre prochain et jusqu’au 11 décembre, il y a la Cop 21 à Paris. Beaucoup de maires seront également absents du Sénégal pour les besoins de ce sommet.

MAYORO FAYE, CHARGE DE LA COMMUNICATION DU PDS : «...La plus mauvaise législature du point de vue du niveau
des parlementaires»

Pour cette législature, aussi bien du côté de la majorité que de l’opposition, on a fini par constater que c’est la plus mauvaise législature du point de vue du niveau des parlementaires. Je pense que cela constitue un facteur explicatif de ce fort taux d’absentéisme lors des plénières. La majorité n’a pas su faire un bon casting pour amener à l’Assemblée nationale des députés qualifiés à même de comprendre les enjeux au niveau de la représentation parlementaire. Vraisemblablement, il y a beaucoup de députés de la majorité qui ne parviennent pas à mesurer le sens véritable de leur mission.

C’est cela la grosse difficulté, parce qu’ils ont fait du fourre-tout. Il faudrait qu’on essaie de les sensibiliser. Je ne crois pas aux menaces parce que le président de l’Assemblée nationale ne peut pas menacer les députés. Car il n’y a pas de député absent en vérité dans le sens où l’absence est constatée seulement à l’ouverture de la session parlementaire. C’est en début de session parlementaire qu’on fait l’appel nominal de tous les députés et on constate les présents, les absents excusés, empêchés, et les absents non excusés et non empêchés. Après cette ouverture, on ne peut plus parler formellement de députés absents ou présents. Je propose donc qu’on privilégie le dialogue, qu’on les sensibilise et qu’on les appelle à prendre pleinement leur responsabilité et à assumer leur mission.

MOUSSA SARR, PORTE-PAROLE DE LA LIGUE DEMOCRATIQUE : «Les députés offrent une mauvaise image de l’Assemblée»

Ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale, lors de l’examen du budget pour l’exercice 2016 du ministère de la Promotion des investissements, des Partenariats et du Développement des téléservices de l’État, est très déplorable. Et je dois rappeler que la Ligue démocratique n’a pas attendu aujourd’hui pour déplorer l’absentéisme des députés. Nous pensons que les députés du Sénégal doivent jouer pleinement leur rôle. Ils ont été élus par le peuple souverain pour s’acquitter de leur mission. Voilà pourquoi nous pensons que l’Assemblée nationale doit trouver les moyens pour imposer aux parlementaires d’être présents pendant les travaux des commissions et pendant les plénières.

Par ce taux élevé d’absentéisme, les députés offrent une mauvaise image de l’Assemblée nationale. Et je dois rappeler, au mois de mai dernier, lorsqu’il a été question de modifier le règlement intérieur, tous les députés étaient présents parce que, certainement, il s’agissait pour certains d’entre eux d’intérêts personnels. Les intérêts personnels des députés ne doivent pas au-dessus de ceux du peuple souverain. Il est admissible, à l’occasion du vote du budget que les députés s’absentent parce qu’il s’agit du budget de l’État du Sénégal. Et s’il n’est pas voté, l’État ne peut pas fonctionner. Le président de l’Assemblée nationale doit donc avec les membres du bureau trouver les moyens pour résoudre ce problème qui est extrêmement grave. Est-ce qu’il faudra un système de pointage ou autre chose ? Dans tous les cas, je pense qu’il revient au bureau de l’Assemblée nationale de trouver les moyens pour imposer aux députés de s’acquitter de leur mission.

SIRA NDIAYE, DEPUTE ET RESPONSABLE DE L’APR A MBOUR : «Il faut un code de ponctualité...»

Le député est tenu à être présent à l’Assemblée nationale lors de la session budgétaire. S’il n’est pas en mission parlementaire, il doit être présent et participer aux débats et au vote du budget. Je suis parfaitement d’accord avec la position du président de l’Assemblée nationale concernant ce sujet d’absentéisme. D’ailleurs, le président Moustapha Diakhaté avait même proposé qu’on inclue dans le règlement intérieur des dispositions pour sanctionner les absentéistes. Il faut qu’on pense à inclure cette mesure car la raison de la présence d’un député, c’est justement de participer aux débats budgétaires. Tous les 150 députés devraient prendre part à l’exercice budgétaire s’ils ne sont pas en mission à l’étranger.

Il va falloir qu’on travaille à inclure dans le règlement intérieur un code de ponctualité pour mettre un terme à ces cas d’absence sans justification, lors des travaux de l’Assemblée nationale. Ces dispositions doivent être prises dans le cadre de la réforme des institutions. Le débat budgétaire est le seul lieu où le député peut faire attendre la voix des populations quand les intérêts de ces dernières n’ont pas été pris en compte par le gouvernement. Mais, s’il n’est pas présent à la session, il ne pourra jamais défendre les intérêts du peuple.

ABDOULAYE SECK, PORTE-PAROLE DE LA CONVERGENCE DEMOCRATIQUE BOKK GIS GIS : «Ce n’est pas une situation qui date d’aujourd’hui»

C’est avec amertume qu’on constate régulièrement ce qui se passe à l’Assemblée nationale. Mais ce n’est pas une situation qui date d’aujourd’hui. Quand j’ai été dans les départements ministériels, il y avait 40 à 60% des députés qui s’absentaient lors des plénières. Cette situation remet en cause la compréhension de la mission du député, la raison pour laquelle le député sénégalais est élu. Cela remet également en cause la démocratie sénégalaise en sens que l’Assemblée nationale représente un maillon fort de la démocratie en termes de vote des lois, du débat contradictoire, de la préservation des intérêts des populations.

Je pense que le président Moustapha Niasse a beau dire qu’il fera ceci ou cela, mais tout le monde sait qu’il n’a pas de solution à ce problème. Car ce n’est pas le fait d’enregistrer les entrées et les sorties qui en changera quelque chose alors que vous assistez à une plénière pendant laquelle un député pose une question et avant que le ministre ne donne sa réponse, il sort et s’en va. Pour moi, la solution à ce problème passera nécessairement par la revue du mode d’élection des députés. Il est temps d’amener les gens à comprendre qu’ils ont été élus par la population. Et pour cela, il est nécessaire de revoir le mode d’élection des députés. Si tous les députés étaient élus sur la liste départementale, on n’en serait pas là. Car tout le monde serait obligé de mouiller le maillot pour être élu. Mais, un député qui est élu sur la liste nationale n’a pas de repère géographique encore moins d’engagement géographique par rapport à telle ou telle localité et se considère comme député du président de la République.
Commentaires

Sondage
Nous suivre

Nos réseaux sociaux


Comment