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Création d’une entité consultative pour le dialogue État-Collectivités locales: Moussa Sy rame à contre-courant de Macky
Publié le mercredi 25 novembre 2015  |  Sud Quotidien
Mission
© aDakar.com par DF
Mission de visite des sites de recasement pour les marchands ambulants
Dakar, le 12 août 2015 - Le maire des parcelles assainies a conduit une mission de visite de terrain dans les sites de recasement des marchands ambulants pour le compte de la municipalité de Dakar. Photo: Moussa Sy, maire des Parcelles Assainies




La création programmée par Macky Sall d’une entité consultative à même de faciliter le dialogue entre l’Etat et les collectivités locales peut-elle permettre de régler les dysfonctionnements criards de l’Acte III de la décentralisation ? Pour certains maires du Sénégal, comme Moussa Sy des Parcelles assainies de Dakar, elle prête à confusion d’autant qu’il existe déjà des structures adéquates en la matière et cache mal une manoeuvre politicienne en vue de la prochaine présidentielle. Par contre, pour d’autres, comme l’édile Dieuppeul Cheikh Guèye, l’initiative peut tenir la route à condition de n’être point une «coquille vide ou un simple effet d’annonce». Voire une structure «budgétivore» dans un contexte de raréfaction des ressources financières

Le maire de la commune des Parcelles assainies n’est pas pour la création d’une entité consultative chargée de faciliter le dialogue entre l’État et les collectivités locales. Interpellé par la rédaction de Sud quotidien sur la volonté annoncée du chef de l’État, lors du Conseil des ministres du 8 novembre dernier, de mettre sur pied cette entité, Moussa Sy a indiqué que l’urgence est ailleurs d’autant qu’il existe déjà un ministère de la Gouvernance locale, du développement et de l’aménagement du territoire, une Association des maires du Sénégal (Ams), voire une Union des Associations des élus locaux entre autres. D’ailleurs, l’édile des Parcelles assainies estime que cette décision traduit une manœuvre politicienne en vue de la prochaine présidentielle.

La décision du chef de l’État de créer prochainement une entité stratégique consultative chargée de faciliter le dialogue entre l’État et les collectivités locales ne fait pas l’unanimité. En effet, interpellé hier, lundi 23 novembre, à propos de cette décision rendue publique par le chef de l’État lui-même, lors du Conseil des ministres du 8 novembre dernier, Moussa Sy, maire de la commune des Parcelles assainies n’est pas allé par quatre chemins pour marquer son opposition. Pour cause, l’édile des Parcelles assainies s’est interrogé sur la pertinence de la création d’une telle entité, surtout dans le contexte actuel marqué par l’existence d’un ministère de la Gouvernance locale, du développement et de l’aménagement du territoire, des entités telles que l‘Union des Associations des élus locaux (Uael), l’Association des maires du Sénégal (Ams) et l’Association des conseils départementaux pour ne citer que celles-là. Selon le maire Moussa Sy, «la priorité est ailleurs».

«Je crois que le président n’a pas été bien conseillé comme ce fut le cas lors de l’adoption de l’Acte III de la décentralisation. Ce n’est pas cette entité qui va régler le problème des collectivités locales. Je ne vois pas même la pertinence de sa création d’autant plus que le chef de l’État a un ministère des collectivités locales, un conseil chargé de la décentralisation mais aussi des entités telles que l‘Union des Associations des élus locaux (Uael), l’Association des maires du Sénégal (Ams) et l’Association des conseils départementaux pour ne citer que celles-là. Toutes ces structures ont pour but de faciliter le dialogue entre l’Exécutif et le pouvoir décentralisé», a affirmé Moussa Sy.
MANŒUVRE POLITICIENNE

Poursuivant son propos, le maire des Parcelles assainies a déclaré que cette décision du chef de l’État est tout simplement une manœuvre en vue de la prochaine élection présidentielle. «Le président de la République n’est pas à son premier coup. C’est comme ça qu’il avait procédé pour nous imposer l’Acte III de la décentralisation, la veille des élections locales de 2014. Il est le seul à prendre des initiatives et il ne consulte personne. Avec l’Acte III, c’était pareil. Il a été le seul à penser et à prendre la décision d’imposer cette réforme aux Sénégalais sans même prendre l’avis des acteurs locaux encore moins celui des élus en passant par la procédure d’urgence pour faire adopter cette loi. Cela, tout simplement parce qu’il croyait qu’avec cette réforme, il allait gagner les élections locales à Dakar. C’est parce qu’il a perdu qu’il veut mettre sur pied cette entité. L’histoire est tout simplement en train de se répéter».

Terminant son propos, Moussa Sy a déclaré que la priorité de l’heure, c’est de doter les collectivités locales de moyens à même de leur permettre d’assurer convenablement leur mission publique. « Si le Président veut un bilan pour sa réforme, il doit mettre les moyens à la disposition des élus. Pour moi, c’est la seule chose qu’il peut faire aujourd’hui pour respecter sa promesse dans le cadre de cette réforme envers les Sénégalais», a martelé l’ancien responsable du Parti démocratique sénégalais qui a gelé ses activités dans cette formation depuis 2012.

LE MAIRE CHEIKH GUEYE PRENEUR, MAIS...

A la différence de Moussa Sy, le maire de Dieuppeul-Derklé, Cheikh Guèye, dit approuver la décision du chef de l’Etat de mettre en place une entité consultative pour le dialogue entre l’Etat et les collectivités locales. Seulement, il souhaite que cette entité ne soit pas une coquille vide.

Cheikh Guèye n’est pas contre l’initiative suggérée par le chef de l’Etat de créer une entité stratégique consultative chargée de faciliter le dialogue entre l’Etat et les collectivités locales «pourvu que cette entité réponde efficacement aux missions qui lui seront assignées».

En effet, le maire de Dieuppeul-Derklé trouve que le dialogue entre les acteurs de la décentralisation doit être renforcé. «Il faut se féliciter de tout ce qui participe ou contribue à la facilitation des échanges entre les uns et les autres et surtout à aménager des espaces de dialogue, quel que soit le secteur en question. L’acte III a pour ambition de renforcer la décentralisation dans notre pays. Mais surtout de faire en sorte que les collectivités locales jouent pleinement leur mission. Sous cet angle, disposer d’un cadre de dialogue, de rapprochement me semble essentiel aujourd’hui, en amont comme en aval. C’est pourquoi nous nous félicitons de cette décision».

Toutefois, Cheikh Gueye trouve que cette entité ne devrait pas être une coquille vide ou pur effet d’annonce. Elle doit au contraire avoir une mission claire et des moyens nécessaires. En outre pour la mise en place d’une telle entité, le maire de Dieupeul-Derkle pense qu’une évaluation de l’existant devrait être opérée. «Il a des instruments ou des outils qui devraient jouer ce rôle et qui ne l’ont pas fait. Il faudra en tirer les leçons avant la création d’une autre entité». D’ailleurs, a-t-il tenu à faire remarquer, les ordres de collectivités locales peuvent servir en même temps de structures de dialogue et de concertation. «Il faut voir comment les collectivités locales peuvent, la main dans la main, prendre en charge les préoccupations à l’échelle de la région ou du département. Mais créer des entités très coûteuses qui, en réalité, ne répondent pas aux préoccupations pour lesquelles elles ont été créées, me semble problématique dans un contexte de rareté de ressources financières», a fait savoir en dernière Cheikh Guèye.
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