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Avancée de la mer : Peur bleue à Rufisque
Publié le lundi 16 novembre 2015  |  Le Quotidien
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© aDakar.com par DF
Le PM visite la commune de Yène pour constater les dégâts causés par la houle
Dakar, le 5 Septembre 2015 - Le Premier ministre a visité la commune de Yène pour constater les dégâts causés par la houle dans la nuit du dimanche à lundi. Il était accompagné du ministre de l`intérieur et d`autres membres du gouvernement.




La mer, qui a érodé une partie continentale de Rufisque à un rythme accéléré, a fini de plonger les populations de la vieille ville dans la panique. Pour faire face à cette situation, les autorités municipales de cette localité, située à 25 km au Sud-est de Dakar, ont construit une digue de protection de 730 mètres le long du littoral de Rufisque à hauteur de 3,5 milliards de francs Cfa. Le drame de Thiawlène est encore dans les mémoires.

Elle les nourrit et hante leur existence. L’avancée de la mer est une réalité à Rufisque. Elle fait partie des plus grandes menaces qui pèsent sur les populations et les autorités municipales de cette vieille ville. En cette matinée du mardi, les vagues se succèdent et se déchaînent sur le littoral, lèchent la berge avant de retourner à la mer. Elles balayent la plage souillée par les activités de l’homme, preuve aussi de sa présence providentielle pour des milliers de personnes.
Le 11 septembre. Rufisque a connu une nuit sans sommeil, des heures à se tourner les pouces et une matinée d’horreur. Conster­née. Angoissée. Des vagues de plusieurs mètres, lobant des digues de protection, se sont abattues sur les maisons riveraines et expulsées les résidents.
La furie des vagues a fini d’inquiéter les habitants de cette ville. A Mérina, un quartier paisible de Rufisque, la mer avance à pas de géant. Sur place, les vagues s’écrasent sur les roches qu’elles rongent et récupèrent les grandes plages sablonneuses du quartier. A 13 heures, les rayons du soleil s’abattent sur les maisons faisant face à la mer qui pénètre à l’intérieur de la ville à un rythme effrayant. Assis sur une roche, torse nu, Ablaye Diop habite les parages. Imprégné des dégâts de l’érosion à Mérina, il relate : «La mer a emporté une mosquée du quartier, un bar. Pratiquement, elle a rasé beaucoup de maisons au niveau du site. Et elle a fini d’installer la panique dans toute la ville.» Dans ce quartier de la vieille ville, une des anciennes quatre communes du Sénégal, l’avancée de la mer a contraint des populations à déménager. Sur place, le décor est alarmant. Sinistre. Les fresques laissées par les vagues sautent à l’œil nu. Rares sont les résidents qui résistent aux dégâts. Impuissants, ils ne font qu’évaluer l’ampleur des catastrophes.
Trouvée devant son domicile, une vendeuse de mangues qui préfère témoigner sous le couvert de l’anonymat estime que les conséquences de cette érosion côtière sont alarmantes. Traumatisée par la furie des vagues, elle se souvient du temps où il fallait marcher plus de 150 mètres pour atteindre la plage. Prolixe, elle relate : «La maison où je suis née est sous les eaux. Et elle faisait face à la mer. Pourtant pour aller à la plage, on faisait une longue marche. Mais aujourd’hui, les jeunes ne sont pas obligés de faire toute cette longue marche parce que la mer avance à une vitesse extraordinaire que tout le monde constate à l’œil nu.»
Selon des observateurs, si rien n’est fait comme riposte face ce phénomène, la ville de Rufisque disparaîtra dans les années à venir. Pour Amadou Sène Niang, consei­ller municipal et porte-parole du maire de ladite ville, Daouda Niang, il urge de réagir pour saper l’avancée de la mer. A ses yeux, il faut agir très vite. Préoccupé par le sujet, ce formateur en Gestion des collectivités locales rapporte : «On nous dit que dans 50 ans, la mer sera sur la route nationale. Donc, nous devons agir très vite parce que nous courrons un risque immense. Là où nous sommes, à la mairie de Rufisque, l’eau de mer est à moins de 3 mètres du sol. Autrement dit, elle avance en profondeur. Et on doit l’arrêter pour ne pas perdre cette vieille ville qui devrait être un patrimoine mondial.»

Traumatisme des cimetières de Thiawlène
L’idée de construire la digue de protection dans la zone de Rufisque Est remonte en juillet 2007, lorsque les eaux marines ont provoqué l’effondrement du mur de clôture des cimetières de Thiawlène. Le spectacle était ahurissant, car les vagues avaient profané les tombeaux. Conséquences : les restes humains flottaient sur les eaux. Six ans après, la digue de protection, longue de 783 mètres et 33 m de large, a été réalisée par Eiffage Sénégal en 11 mois, avec un montant de 3 milliards 500 millions de francs Cfa, grâce aux financements de l’Uemoa, du Fonds pour l’adaptation au changement climatique et le projet Intac. Unique en son genre en Afrique de l’Ouest, la digue est dimensionnée pour «résister» aux pressions des vagues, protéger les populations de Thiawlène. Sa construction qui a nécessité 70 mille tonnes de basalte a aussi permis de récupérer 50 mètres sur la mer pour l’aménagement d’une esplanade pour le confort des habitants. Mme Diarra, directrice de l’Environnement et des établissements classés, a rappelé que la digue est une réponse à l’érosion côtière et aux traumatismes qu’elle engendre chez les populations qu’elle a appelées «à s’approprier l’ouvrage et à faire de son entretien un devoir». Selon Adjibou Soumaré, président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest africaine (Uemoa), cette digue de promenade de Thiawlène est une preuve concrète de la manifestation de l’un des principes fondateurs de leur union : la solidarité, l’engagement permanent en faveur de l’intégration régionale. De l’avis de l’ancien Premier ministre du Sénégal, la réalisation de cette digue entre «dans le cadre d’un vaste programme entrepris par la commission de l’Uemoa dénommé «Pro­gram­me régional de lutte contre l’érosion côtière dans les pays de l’Uemoa« et qui se veut être véritablement une réponse au défi d’un développement durable». «La digue contribuera à lutter contre l’érosion côtière et d’inverser les tendances de dégradation des milieux et cadres de vie. La protection des zones côtières constitue un des axes prioritaires pour notre politique environnementale. Et elle s’inscrit dans le plan d’action national pour l’adaptation au changement climatique au Sénégal», avait détaillé Ali Haïdar, l’ancien ministre de l’Environne­ment, à l’occasion du lancement de la digue. A Thiawlène, l’érosion côtière avait provoqué la colère des populations et des quartiers environnants qui s’en étaient pris au préfet et au maire. Révoltées, elles avaient dénoncé le spectacle désolant dans les cimetières de Thiawlène.

Grands projets de l’Etat
En septembre dernier, le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, au chevet des victimes de l’avancée de la mer liée à la houle, avait annoncé un projet d’infrastructures d’une valeur de 1,5 milliard de francs Cfa à Diokoul dans le but de sécuriser la commune face à la furie de la mer. Le financement, dit-il, sera assuré par l’Uemoa. Fort de tout cela, M. Dionne considère qu’il est nécessaire de sensibiliser les populations pour qu’elles puissent adopter des comportements qui vont leur permettre d’éviter l’avancée de la mer. Il dit : «Nous devons être conscients des risques que nous prenons en continuant de construire sur le littoral. C’est pourquoi je vais saisir cette occasion pour rappeler qu’il y a un projet de loi en cours de préparation sur le littoral.» Et il faut rappeler qu’à l’issue de cette visite, il a également remis une somme de 2 millions de francs Cfa aux autorités de la commune de Rufisque Ouest pour la reconstruction du mur des cimetières de Diokoul dont une partie s’est affaissée sous l’effet des vagues.
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