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Audition de Mbaïssouroum Manga René et Ngarnadji Djedanoum : Les deux rescapés racontent le «massacre» des Codos
Publié le samedi 14 novembre 2015  |  Le Quotidien
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




Faisant hier leur déposition devant la barre des Cae, Mbaïssouroum Manga René et Ngarnadji Djedanoum sont revenus sur les massacres perpétrés dans le village de Maïbo où 13 villageois ont été «tués» sur les 17 tirés au sort par l’Armée. Mbaïssouroum Manga Réné et Ngarnadji Djedanoum, qui font partie des quatre rescapés, racontent l’horreur qu’ils ont vécue.

Les témoignages sur la répression présumée sur les Codos dans le sud du pays continuent devant la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires. Hier, la Cour a recueilli les témoignages de Mbaïssouroum Manga Réné et Ngarnadji Djedanoum, rescapés d’une fusillade dans leur village à Maïbo, situé dans le canton de Bodo. Le 7 mars 1985, des éléments de la Brigade spéciale d’intervention rapide (Bsir), installés dans le Centre des produits agricoles (Cpa) à quelque 10 kilomètres, envahissent le village de Mbaïs­souroum Manga René et Ngarnadji Djedanoum. Ils disaient être porteurs d’un message et ont appelé les hommes et les femmes sur la place publique pour prendre connaissance de ce message. A la place du message, les villageois sont soumis à un interrogatoire. Les éléments de la Bsir voulaient savoir s’il y avait des Codos parmi eux. «Qu’est-ce que vous faites comme activités professionnelles», avait demandé le chef de mission qui était assisté d’un interprète. «Nous sommes des cultivateurs. C’est ce que nos ancêtres nous ont laissé comme travail», répondent les villageois, relate le témoin devant le Tribunal. Cette réponse est confirmée par Ngarnadji Djedanoum.
Après concertation, indique Manga René, les militaires sont repartis pour revenir quelques minutes après pour préciser leur mission. «Nous sommes venus dans votre village sous les ordres du Président Habré et vous avez l’obligation de nous dire la vérité sur les activités que vous menez», insistent les militaires. La réponse était toujours la même, selon la victime : «Nous avons dit la vérité et nous sommes entre vos mains», avait-il répondu impuissant.
Les agents de la Bsir ont par la suite procédé à une sélection. 17 hommes valides âgés entre 25 et 35 ans sont extraits du groupe et conduits à 150 m du village. «D’abord, c’est mon frère qui a été exécuté en premier par un militaire, et ensuite le reste du groupe est étalé, couché à terre à plat ventre avant d’être criblé de balles», raconte le témoin. Parmi les morts, un infirmier, un pasteur, et des cultivateurs, un enseignant bénévole et des élèves. A en croire Ngarnadji Djedanoum, juste après la fusillade, il a entendu un militaire dire : «Une mission recommandée est accomplie.» Quatre sont sortis vivants de cette tuerie, dont les témoins Mbaïssouroum Manga René et Ngarnadji Djédanoum. Manga René est touché aux fesses, au cou et à la mâchoire droite et Ngarnadji Djedanoum au niveau de l’épaule et du tibia. Chacun d’eux a montré devant la barre les séquelles qu’il porte encore.
Après la tuerie, indiquent les victimes, les militaires sont repartis, les femmes et les enfants du village sont venus en pleurant. Elles tombent sur les corps et boivent le sang de leurs maris tués. «Comme pour se suicider, car elles disent que c’est elles qui vont boire le sang de leur mari», explique le témoin à l’égard du président Kam qui voulait savoir la signification de cet acte. Poursuivant son propos, le témoin déclare que ce sont les femmes qui ont procédé à l’enterrement des 13 cadavres. «Chaque homme est enterré devant sa maison et les 4 rescapés blessés sont transportés et soignés par ces mêmes femmes l’aide d’écorces d’arbre», indique-t-il.
Revenant sur l’attitude des militaires, Manga René rappelle qu’avant la tuerie, les militaires avaient sollicité des villageois des cabris. 4 animaux leur avaient été offerts dont un noir. Ils en ont consommé trois et renvoyé le noir sous prétexte, explique le témoin, qu’il porte malheur à cause de sa robe noire. Une semaine avant la tuerie, les éléments de la Bsir avaient spolié les villageois de leurs vivres (sorgho, mil, maïs).
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