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Floraison de sketches "ndogou" durant le ramadan: Quand la quantité prime sur la qualité
Publié le samedi 7 novembre 2015  |  Enquête Plus
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© aDakar.com par DF
Le CNRA présente son nouveau système de monitoring
Dakar, le 29 Avril 2014- Le Conseil national de régulation et de l’audiovisuel (CNRA) a présenté mardi son nouveau système de monitoring qui va lui permettre d’assurer le suivi quantitatif et qualitatif des programmes diffusés dans les services télévisuels et radiophoniques opérant sur le territoire national. Photo: Babacar Touré, président du CNRA




Pendant deux jours, le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) a invité les acteurs du théâtre et des universitaires à échanger sur la qualité des contenus des sketches ‘’ndogu’’.



Les séries télévisées locales pullulent sur les chaînes sénégalaises. Elles sont nombreuses et se ressemblent presque toutes. Cependant, la qualité est-elle au rendez-vous, se demande-t-on. Le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (CNRA) pose le débat. ‘’Les séries télévisées : cas particulier des sketches ndogu ; le défi de la qualité face à la tentation de la quantité’’, était en effet le sujet de l’atelier de deux jours initié par le CNRA et qui s’est tenu les 4 et 5 novembre. Ainsi, c’est hier que s’est tenue la cérémonie de clôture dans un hôtel de la place.

Pendant ces 48h, acteurs, producteurs, comédiens, réalisateurs, techniciens, universitaires et hommes de médias ont échangé sur la matière. Il est ressorti des débats que des problèmes, il y en a et il y en a même beaucoup. Ils vont de l’écriture à la réalisation en passant par le jeu d’acteur. ‘’Dans toutes les chaînes, tout se ressemble. Dans les sketches, rien n’est écrit’’, déplore la comédienne Joséphine Mboup. Pourtant, il faut bien des scénarii comme l’a rappelé le cinéaste Ngaïdo Bâ. Et même si certains écrivent, ils ne sont pas vraiment des scénaristes. Alors que ce sont ces derniers qui devraient faire cela. C’est pourquoi des impairs sont notés même auprès de ceux qui essaient de coucher sur papier des dialogues et de ficeler une histoire. ‘’L’écriture pose problème. On doit la revoir’’, suggère le comédien thiessois Cheikh Seck.

Cependant, pour résorber cet écueil, il faut une volonté politique forte. Car, ‘’il n’y a nulle part au Sénégal où l’on apprend à écrire des scenarii’’, selon le producteur de la série Abu Bilal et journaliste Aliou Ndiaye. Néanmoins, il existe des scénaristes au Sénégal. C’est aux producteurs et réalisateurs d’aller les chercher. Et non pas le contraire. Pourtant, c’est ce qu’ils attendent, du moins si l’on se fie à la réaction du producteur et réalisateur Mouhamadou Bitèye. ‘’Il faut que les scénaristes viennent nous proposer des choses’’, déclare-t-il.

Mais comme le remarque le président national de l’association des artistes comédiens du théâtre sénégalais (ARCOTS) Pape Faye : ‘’N’est pas scénariste qui veut. Il faut des prédispositions et une formation.’’ C’est pour cela que ceux qui écrivent ces scénarii ne savent même pas ce que le public attend d’eux. ‘’Ils cherchent juste coûte que coûte à faire rire’’, constate Lamine Ndiaye. Alors, ‘’qu’ils devaient apporter des réponses pédagogiques aux questions du jeûneur’’, considère Pape Faye. Par ricochet, ‘’ils parlent de tout sauf des actes prohibés’’, trouve-t-il. Dès lors se pose la question du rôle que doit jouer le comédien dans la société.

Recherche de gains

De l’avis de Cheikh Seck, ‘’le comédien doit chercher à éduquer la masse. Celui qui suit le sketch doit y apprendre des choses essentielles sur le ramadan comme ce qu’il ne faut pas faire quand on a jeûné, etc.’’. Un avis que ne partage pas le journaliste Dame Babou.

‘’On veut que les comédiens remplacent les imams et les enseignants à l’école et ce n’est pas leur rôle. Quand on écrit d’une certaine façon, on ne va pas nous suivre’’, estime-t-il. Et comme le souligne le comédien Ibrahima Mbodji alias Lamarana : ‘’C’est le public qui réclame ces genres de sketches.’’ ‘’Quand on sort dans la rue, les gens font des critiques sur ce que nous faisons en nous disant ce qu’ils ont aimé et ce qu’ils n’ont pas apprécié. Et le juge est le grand public’’, indique Aliou Ndiaye. En revanche, ce n’est pas parce que les Sénégalais suivent qu’ils aiment forcément. Comme l’a dit Boubacar Bâ : ‘’Le Sénégalais se contente de ce qu’il a, mais sait ce qui est bien.

’’ Et tout n’est pas bien dans ces séries. Les comédiens en sont conscients. ‘’J’accepte les critiques. Les sketches, c’est du n’importe quoi. C’est vrai qu’il n’y a pas de bons contenus dans les séries du ramadan. Mais il faut que je vive. Il faut que je paie mes factures’’, s’écrie Lamarana. Ainsi, la recherche de gains explique quelque part le nombre pléthorique de sketches durant le ramadan. Chaque série a de multiples sponsors. La publicité faite dans ces ‘’sketches’’ est même parfois ‘’agressive’’. ‘’Le public n’est pas dupe quand les gens parlent d’un produit d’une certaine manière dans le sketch, il sait que les comédiens font à cet instant de la publicité’’, affirme le Pr Massamba Guèye. Et plus grave encore, ‘’la publicité prime même sur le jeu d’acteur’’, renchérit Joséphine Mboup.

Au-delà de l’écriture, des insuffisances sont notées ailleurs. ‘’Je trouve qu’il y a des fautes d’alphabet cinématographique’’, dit Ngaïdo Bâ. Ce qui pourrait être évité si les gens étaient bien formés. ‘’Ces gens-là n’ont pas appris le métier’’, constate malheureusement l’acteur et comédien Lamine Ndiaye. Ce qui explique quelque part ces manquements. La professionnalisation s’impose donc. Il urge alors pour les télévisions d’avoir des comités de lecture et de visionnage comme le stipule d’ailleurs la loi. Cela éviterait ‘’de faire passer tout et n’importe quoi à la télé’’, conclut Ngaïdo Bâ.
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