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Affaire Hissein Habré: Un témoin dit avoir dénombré 2.053 morts en prison
Publié le vendredi 30 octobre 2015  |  Agence de Presse Sénégalaise
Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture".




L’ancien prisonnier Hissein Robert Gambier, l’un des témoins cités dans l’affaire Hissein Habré, a déclaré jeudi au tribunal avoir dénombré 2.053 décès dans les prisons tchadiennes, où il a passé cinq ans de détention.

"Je suis un handicapé à vie. J’ai la tête qui bourdonne quand je dors la nuit. Les morts me reviennent à l’esprit", a témoigné M. Gambier, arrêté en décembre 1985 après avoir été soupçonné d’être au service de la Libye, dont le régime était à l’époque connu pour ses inimitiés avec le Tchad.

"Le jour de mon arrestation, j’étais parti me recueillir sur la tombe de mon parrain. Les éléments de la Direction de la documentation et de la sécurité (DDS, la "Police politique" du régime de Hissein Habré) m’ont arrêté, m’ont emmené à la présidence, devant Habré, puis à la prison", a-t-il dit au tribunal l’ex-président tchadien depuis juillet dernier, à Dakar.

Hissein Robert Gambier déclaré avoir dénombré "2.053 morts durant toute la période" qu’il est resté en prison, dans les locaux de la DDS, au "Camp des martyrs", etc.

"Il y avait un petit trou devant la porte de ma cellule, où je pouvais respirer de l’air frais. La nuit, quand on venait répandre de la poudre insecticide, je me protégeais à l’aide de la chemise", a dit M. Gambier au tribunal, pour dire comment il a pu échapper à la mort.

Les gardiens de prison "avaient fini par m’appeler Sabalmoud (celui qui court plus vite que la mort), parce que chaque fois qu’ils venaient récupérer les morts, j’étais debout, collé à la porte", a-t-il témoigné.

"Nous étions nombreux dans notre cellule, où nous faisions tous nos besoins. Il faisait excessivement chaud. On m’a transféré à la cellule 3. Et le jour où j’en ai dénombré 187 morts, j’étais seul au milieu des cadavres en décomposition", a ajouté M. Gambier.

"Quelque jours après cela, on a emmené 460 prisonniers. On était tellement serrés les uns contre les autres qu’on ne pouvait pas respirer correctement. (…) On répandait de la poudre insecticide dans la cellule. Et au bout de 24 heures après cette opération, on commençait à compter les morts", a poursuivi ce témoin de nationalité tchadienne, considéré par ses geôliers comme un ressortissant libyen, selon ses dires.

De la mauvaise nourriture était aussi servie aux prisonniers, selon Hissein Robert Gambier. "Nous étions devenus squelettiques. Durant presque les cinq années que j’ai passé en détention, j’ai eu à compter 2.053 morts", a-t-il déclaré, en pleurant devant la barre du tribunal.

"On ne recevait pas la visite de nos parents. Je m’habillais avec les habits des prisonniers qui étaient morts", a encore témoigné l’ancien détenu, traînant aujourd’hui des troubles de l’audition.

Hissein Habré est jugé pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et actes de torture.

Les violations commises par son régime – de 1982 à 1990 – ont coûté la vie à quelque 40 mille personnes, selon plusieurs organisations de défense des droits de l’homme, dont Human Rights Watch.
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