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Assane Dioma sur la grève des détenus: ‘‘La situation dans les prisons est explosive’’
Publié le vendredi 30 octobre 2015  |  Enquête Plus
Ouverture
© aDakar.com par DF
Ouverture du procès de Hissène Habré
Dakar, le 20 Juillet 2015 - Le procès de l`ancien président tchadien Hissène Habré s`est ouvert, ce matin, à Dakar. L`ancien chef d`État réfugié au Sénégal depuis 1990 est jugé pour "crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de torture". Photo: Me Assane Dioma Ndiaye, avocat des parties civiles




La grève de la faim des détenus de Rebeuss contre les longues détentions arbitraires ne finit pas de provoquer des réactions. Défenseur des droits de l’Homme, Me Assane Dioma Ndiaye s’inquiète des éventuels développements que pourraient entraîner les défaillances du système de privation de libertés.



L’avocat des parties civiles dans le procès de Hissein Habré suit avec intérêt l’actualité et s’intéresse aux manquements de l’Etat qui ont conduit à la ‘mutinerie’ des détenus de Rebeuss. ‘‘Le gouvernement ne tient pas ses promesses. Il avait promis la construction d’une nouvelle prison à la sortie de Dakar, à Sébikotane. Mais, dans le cadre des inscriptions budgétaires, aucune somme n’est prévue à cet effet. Il faut déconstruire l’idée selon laquelle les prisons ne sont pas une priorité dans un pays en voie de développement. On dira toujours que c’est l’éducation ou la santé’’, a-t-il déclaré à sa sortie d’audience écourtée hier à cause du décès de la présidente du Tribunal d’instance de Dakar.

‘‘Nous nous réjouissons que le ministre (de la justice) ait réagi promptement. Maintenant il s’agit, au-delà des déclarations de bonne foi, d’aller aux actes. Les détenus n’en peuvent plus. Ils ont alerté. Ils ont fait des mouvements d’humeur. Aujourd’hui, la situation qui se passe dans les prisons du Sénégal est explosive et le gouvernement doit en tirer toutes les conséquences’’, poursuit-il. Selon la robe noire, le gouvernement doit se réajuster et faire en sorte qu’il y ait davantage de magistrats, moins de détachements et que les juges d’instruction soient confinés dans des délais qui ne leur permettent pas d’aller dans des instructions qui aillent au-delà de deux ans. ‘‘Rien n’explique qu’une instruction ne soit pas bouclée en un an ou deux. C’est une revendication qui est parfaitement légitime, le droit d’être jugé dans des délais raisonnables est garanti par la Constitution et toutes les conventions internationales’’, déclare-t-il.

‘‘On est en train de construire des monstres’’

Ainsi, le problème reste entier pour l’avocat. En attestent les longues détentions préventives qui sont à l’origine de la grève de la faim des détenus de Rebeuss, depuis lundi. A l’instar des bouclages-records des instructions des affaires Karim Wade et Bassirou Faye (instruit en 12 mois), Me Assane Dioma Ndiaye estime ‘‘qu’il est toujours possible au Sénégal de limiter la détention provisoire en matière criminelle. Le gouvernement s’était engagé, dans la cadre de discussions avec les ONG, à faire en sorte que ces détentions provisoires soient limitées au Sénégal. Aujourd’hui, cette proposition est reléguée aux calendes grecques et ne fait pas partie des changements amorcés dans le cadre de réforme du Code de procédure pénale. Il importe de limiter la détention provisoire en matière criminelle, de faire en sorte que les personnes puissent être jugées dans un délai raisonnable’’.

Selon toujours l’avocat, ‘’ce qui se passe dans les prisons aujourd’hui est inacceptable. On vous décrit même comment les prisonniers sont détenus dans les cellules, dos à dos, tête à tête ou jambe à jambe. Ce sont des traitements inhumains cruels et dégradants’’, dénonce Me Ndiaye qui s’inquiète même des éventuelles conséquences que fabrique le système de privation de liberté. ‘‘On est en train de construire des monstres, qui font de longues détentions, qui sont tellement déshumanisés qu’ils sont capables de faire n’importe quoi, alors qu’ils n’étaient que des délinquants primaires’’. L’avocat est d’avis qu’une société ne peut pas être exclusiviste.

‘‘Ceux qui sont en détention ne sont pas en dehors de la société. Ce sont des personnes qui en font partie. Elles sont appelées, après amendement, après repentir, à se réinsérer dans la société et participer à l’émergence de ce pays. Nous appelons à une nouvelle vision de la conception que nous avons des personnes qui sont momentanément en conflit avec la loi. Ce sont des êtres humains qui n’ont perdu qu’un seul droit, la liberté d’aller et de venir. A part cela, tous leurs droits doivent leur être garantis’’, conclut-il.
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